Assassinat des experts M. Sharp et Z. Catalan: l’ONU mène ses propres enquêtes
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Le Conseil de sécurité des Nations Unies a qualifié de « peu crédibles les enquêtes conduites par la justice militaire dans l’assassinat de ces deux experts au mois de mars dernier au Kasaï Central sur l’axe Bukonde–Tshimbulu », estimant qu’elles ont été conduites avec une grande précipitation. Le porte-parole onusien, Stéphane Dujarric, a indiqué qu’une commission d’enquête de l’ONU présentera un rapport fin juillet.
Mais la Suède et les États-Unis, les pays dont sont originaires Michael Sharp et Zaida Catalan tués au Kasaï central mènent déjà leurs propres enquêtes pour déterminer les responsabilités. « Nous allons demander à l’ONU de mettre des options sur la table, indique un diplomate suédois, Carl Skau. Il faut faire davantage pour garantir que c’est mené d’une manière adéquate », a ajouté le fonctionnaire onusien.
En effet, le Conseil de sécurité s’était réuni a huis clos le 23 mai pour discuter de ce dossier du double assassinat de ces experts. « Cela semble avoir été mené avec pas mal de rapidité », a commenté un haut fonctionnaire onusien à New York qui souligne que Kinshasa n’a pas encore communiqué ses conclusions à l’ONU.
Position saluée par l’ASADHO
L’Association Africaine de Défense des droits de l’homme(ASADHO) par l’entremise de son président national, Me Jean-Claude Katende Mukendi s’est félicité de la position exprimée par le conseil de sécurité sur ce dossier. « Nous félicitons de cette prise de position qui appuie notre demande de voir une enquête indépendante se mettre en place pour enquêter sur le cas de deux experts des Nations Unies, mais aussi de massacres survenus dans le Kasaï », a expliqué le président de l’ASADHO. Pour Me Katende, les révélations faites par le journal américain New York Times, mettant en cause le député national Kanku, montrent il y a encore à faire dans ce dossier.
« Nous espérons que Monsieur Kanku bénéficiera d’une procédure juste et équitable dans le dossier ouvert contre lui », dit-il tout en regrettant que Kinshasa ait empêché Clément Kanku de tenir sa conférence de presse, qui pouvait lui permettre de donner sa version des faits, un droit reconnu à toute personne mise en cause, et qu’on lui ait interdit toute sortie du territoire national, alors que ses immunités parlementaires ne sont pas encore levées.
Ce qui constitue une violation flagrante de ses droits. Me Katende croit que « Si New York Times n’avait pas publié son article sur l’assassinat de deux experts des Nations Unies en mettant en cause le député national Clément kanku, la justice congolaise n’aurait pas trouvé cette autre piste ? ».
Le président national de l’ASADHO espère voir d’autres personnes impliquées dans les massacres du Kasaï. « C’est pourquoi, l’ASADHO exige la mise sur pied d’une commission d’enquêtes indépendante et se demande pourquoi Kinshasa a peur d’une telle commission ? », s’est interrogé le juriste.
Par Godé Kalonji