A l’occasion de son investiture par l’Assemblée nationale : B.Tshibala étale aujourd’hui ses promesses
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Alors qu’il est opposé à l’ingérence étrangère, il compte en partie sur l’apport extérieur pour l’organisation des élections
Le Premier ministre Bruno Tshibala compte présenter, aujourd’hui mardi 16 mai, le programme d’action de son Gouvernement aux députés nationaux, lors d’une séance plénière de l’Assemblée nationale consacrée à son investiture. Selon une source digne de foi, Tshibala a tiré les grandes lignes du programme de son équipe gouvernementale de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016.
Ce compromis politique assigne au Gouvernement d’union nationale quatre missions, à savoir : œuvrer pour l’organisation des élections crédibles, libres, transparentes et apaisées dans les délais convenus ; arrêter la dégradation de la situation économique du pays ; améliorer les conditions de vie de la population ; restaurer la sécurité des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national. Entendue comme mission prioritaire, l’organisation des élections vise à résoudre la question de la légitimité démocratique et du fonctionnement régulier des institutions de la République.
Dans cette optique, le Gouvernement de la République tâchera de mobiliser les ressources tant internes qu’ externes nécessaires pour financer ces échéances ; de constituer une provision trimestrielle au profit de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) pour financer l’ensemble du processus électoral ; d’explorer les voies et moyens de rationalisation du système électoral pour réduire les coûts et moyens des opérations électorales ; de déterminer l’impact technique et financier sur les élections du mode de scrutin actuel et envisager, éventuellement, sa rationalisation en instaurant un seuil d’éligibilité de 5% à 10% ; d’étudier la faisabilité technique et la fiabilité du vote de la diaspora congolaise au regard de la grande dispersion de celle-ci aux quatre coins du monde, des coûts financiers et des délais courts prévus pour l’organisation des élections.
Non à l’ingérence dans les affaires intérieures
Le Gouvernement tient, en outre, d’éviter que l’aide matérielle et financière d’appoint qui viendrait des partenaires extérieurs de l’Etat congolais pour l’organisation des élections ne soit une occasion pour certains de s’ingérer dans les affaires intérieures de la RD Congo, en violation des règles du droit international et de la Charte des Nations Unies protégeant la souveraineté de chaque Etat concernant les affaires qui relèvent essentiellement de sa compétence nationale.
Pour parvenir à la stabilisation et à la relance de l’économie nationale, le Gouvernement compte maintenir la discipline budgétaire actuelle ayant permis de limiter et d’éviter des déficits de trésorerie ; poursuivre la politique d’ajustement budgétaire menée depuis le début de l’année ; mener à bon port les principales réformes et actions du Gouvernement au plan économique dans les domaines des ressources internes et externes, de la relance de la production intérieure et de l’amélioration du climat des affaires.
Troisièmement, le Gouvernement tient à baisser le chômage de masse, en particulier celui des jeunes ; à améliorer le capital humain, la qualité des prestations sociales et à étendre la couverture de la protection sociale à tous.
L’autonomisation des femmes
Pour ce faire, il s’engage à soutenir l’autonomisation financière des femmes et des jeunes filles dans toutes les provinces, avec notamment le concours financier de la Banque Africaine de Développement (BAD), par l’octroi d’un kit de 300 dollars américains et d’un petit équipement pour encourager l’entreprenariat féminin ; encadrer les femmes et jeunes filles bénéficiaires de l’expérience-pilote en cours, pour un effectif de 8 000 à Kinshasa, 500 à Mbuji-Mayi et 500 à Kananga ; mettre en œuvre les travaux à haute intensité de main-d’œuvre ; étendre le programme « jeunes diplômés » en cours d’expérimentation dans l’Administration publique aux entreprises du portefeuille de l’Etat et ce, dans le cadre de leur plan de redressement ; poursuivre le processus de rajeunissement de l’Administration publique ; de mettre en place les incubateurs de petites et moyennes entreprises (PME) et des PMI en vue de relancer la classe moyenne ; appliquer la préférence nationale en faveur des entreprises qui recrutent les jeunes congolais, dans l’attribution des marchés publics conformément à la loi en vigueur : renforcer le capital humain par l’amélioration de la qualité de l’éducation et des prestations de services de santé pour tous…
La mécanisation des enseignants
Concernant le secteur de l’éducation, le Gouvernement entend poursuivre la mécanisation des enseignants, le programme de renforcement des capacités des enseignants, l’extension de la mutuelle de santé des enseignants en province, la gratuité de l’enseignement de base, le programme d’acquisition et de distribution des manuels scolaires et des guides pédagogiques en faveur des écoles primaires, ainsi que le programme de construction des écoles dans toutes les provinces, et assurer le respect du calendrier scolaire.
La politique du Gouvernement est fondée sur la protection sociale et vise à garantir aux couches les plus vulnérables et les plus pauvres de la population une couverture efficace d’ici 2030, en réduisant progressivement leur vulnérabilité face aux risques économiques et sociaux.
Grâce à l’appui de ses partenaires, le Gouvernement Tshibala prévoit des actions tels que l’adoption de la politique nationale de protection sociale et le lancement de sa mise en œuvre ; l’opérationnalisation de la Caisse nationale de sécurité sociale des agents publics ; l’amélioration de la pension de retraite et de la rente de survie du personnel passif de l’Administration publique ; la promotion de la couverture sanitaire universelle ; la facilitation de l’accès des enfants à l’alimentation saine et équilibrée, à l’éducation et aux soins de santé de qualité et de proximité, à travers des cantines scolaires, les transferts monétaires, la gratuité de l’enseignement primaire et la subvention des soins de santé ; le soutien aux personnes en situation difficile, en particulier celles du 3ème âge et la facilitation de leur accès aux services sociaux de base ; l’amélioration de la coordination et de la gouvernance de la protection sociale.
Mettre en condition les services de sécurité
Enfin, pour restauration la sécurité des personnes et de leurs biens, le gouvernement Tshibala envisage renforcer et améliorer la mise en condition des FARDC, de la police nationale et des services de sécurité ; poursuivre la restructuration, la réorganisation et l’équipement de l’armée nationale ; poursuivre les opérations militaires à l’Est du pays ; améliorer les conditions de vie des militaires ; poursuivre les réformes de la police nationale dans le cadre de la Loi portant programmation ; sécuriser le processus électoral avant, pendant et après les opérations, en collaboration avec la CENI et la MONUSCO ; améliorer les conditions sociales des policiers, du personnel et des agents des services de sécurité. En conclusion, le Gouvernement va indiquer les moyens financiers disponibles destinés à la réalisation de ses actions contenant dans son programme dans le budget 2017 qui sera voté par le Parlement dans les prochains jours.
Par Marcel Tshishiku