A l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse : L’ONU appelle à mettre fin à toutes formes de répressions à l’encontre des journalistes
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La RDC accuse un inquiétant recul concernant le nombre élevé des différentes atteintes au droit d’informer et d’être informé
Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a fait un message interpellateur à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse célébrée le 3 mai de chaque année. Dans son message, le chef de l’ONU a exhorté les états à tout mettre en œuvre pour mettre fin à toutes formes de répressions dont sont victimes les journalistes à travers le monde.
« Les journalistes se rendent dans les endroits les plus dangereux pour prêter leur voix à ceux qui n’en ont pas. Les professionnels des médias sont confrontés à la diffamation, aux agressions sexuelles, aux emprisonnements, aux coups et blessures et mémé à la mort », a déclaré le chef de l’ONU dans son message. Antonio Guterres a lancé un appel pressent pour que cessent toutes les formes de répressions contre les professionnels des médias parce que selon lui, la presse libre fait progresser la paix et la justice pour tous.
« Protégeons les journalistes, car leurs mots et leurs images peuvent changer le monde », a–t-il dit, avant d’ajouter : « nous avons besoin de personnalités fortes pour défendre la liberté des médias. C’est une exigence primordiale pour faire barrage à la désinformation ambiante ».
Il est contre-productif et dangereux de limiter la liberté de la presse
Dans une tribune publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la presse, l’ambassadeur britannique en RDC, Graham Zebedee, a estimé qu’il est contre-productif et dangereux de limiter la liberté de la presse au-delà de ces cas isolés. Pour le diplomate britannique, la Journée mondiale de la liberté de la presse est un bon jour pour réfléchir sur les avantages d’avoir des médias libres.
A en croire Zebedee, une presse libre met tout le monde un peu mal à l’aise. Personne n’aime être critiqué, voir ses échecs étalés et parfois faire l’objet de moqueries, voir ses réalisations remises en question, ses motivations attaquées. Les politiciens, fonctionnaires, hommes d’affaires, dirigeants d’églises même les diplomates font l’objet de ces critiques, écrit-il.
Imposer des restrictions à la liberté de la presse ne marche pas, note le Britannique. Le diplomate anglais estime que grâce à une meilleure et rapide couverture Internet en RDC, et avec la baisse des prix du smartphone, les Congolais sont de plus en plus informés via les médias sociaux ou les sites Internet, qui ne peuvent pas être facilement censurés et la vérité finira par éclater.
En matière de liberté de la presse, Graham Zebedee note que la RDC et le Royaume-Uni ont reculé de deux places dans le classement au cours des douze derniers mois, le Royaume-Uni étant actuellement 40e et la RDC 154e.
La RDC s’est engagée à prendre un certain nombre de mesures pour améliorer la liberté de la presse. Tout d’abord, la pleine mise en œuvre des éléments sur la liberté des médias libres contenus dans l’Accord du 31 décembre ; deuxièmement, l’adoption des lois sur la dépénalisation des délits de presse ; troisièmement, l’adoption de la loi sur l’accès à l’information, écrit le diplomate.
La mise en œuvre de ces mesures très concrètes aiderait les journalistes congolais à apporter la lumière dans le cœur de la vie publique et en fin de compte une telle mise en œuvre bénéficierait à tout le monde, conclut Graham Zebedee.
RDC, mauvais élève sous JOKA
Alors que l’actuel président de la République doit quitter le pouvoir à la fin de cette année, au terme de son deuxième et dernier mandat, légalement expiré en décembre 2016, mais prolongé par un Accord politique signé le 31 décembre 2016, dit « Accords de la Saint Sylvestre », il laisse derrière lui une presse exsangue, des médias sinistrés et des journalistes livrés à eux-mêmes et à la violence d’Etat, a noté journaliste en Danger (JED) dans un communiqué.
L’ONG regrette de constater qu’une année après, la situation générale de la liberté de la presse au Congo-Kinshasa accuse un inquiétant recul aussi bien concernant le nombre toujours élevé des différentes atteintes au droit d’informer et d’être informé, que de l’environnement général de l’exercice de cette liberté.
Un climat malsain
Depuis son accession au pouvoir en janvier 2001, JED stigmatise le climat dans lequel les journalistes travaillent en RDC sous Joseph Kabila. L’association regrette que Joseph Kabila, à travers ses gouvernements successifs, n’a jamais posé aucun geste, ni politique, ni législatif, ni juridique en faveur des journalistes et de la liberté de la presse.
Mais le long règne de Kabila à la tête de la RDC est marqué par des brimades, des attaques et des fermetures des médias, des arrestations et des violences allant parfois jusqu’aux assassinats des journalistes, précise JED. Ce qui fait que dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières pour 2016, la RDC occupe la 154è place sur 180 pays du monde considérés comme les plus grands prédateurs de la liberté de la presse.
Pour Journaliste en danger qui publie chaque année des rapports de monitoring sur les atteintes et autres violations au droit à l’information, la situation générale de la liberté de la presse en RD Congo va de mal en pis. Depuis le début de cette année, JED signale que 21 journalistes interpellés ou arrêtés, 20 cas de journalistes menacés ou agressés, au moins 26 cas de censure ou de fermeture des médias, un journaliste a été tué à Mbuji-Mayi au Kasaï Oriental dans des circonstances qui n’ont pas encore été élucidées.
Dans le Kasaï Central, un média a été incendié par des miliciens, au moins trois autres journalistes ont été contraints d’abandonner leurs domiciles, pour fuir les violences et les menaces qu’ils ont reçues aussi bien de la part des miliciens que des forces sécurité qui s’affrontent.
A Kinshasa, au moment, un journaliste croupit à la prison centrale de Makala depuis quatre mois sans aucun jugement le condamnant. JED déplore le brouillage du signal de RFI et la fermeture certains médias appartenant aux leaders de l’opposition fermés depuis plusieurs mois à Lubumbashi.
Renforcer le journalisme libre et de qualité
Journalistes pour les Droits de l’Enfant(JOUDEN) a, à travers le communiqué plaidé pour le renforcement d’un journalisme libre et de qualité permettant de réaliser les objectifs de développement durable. « Le silence tue, la presse libre prend la parole.
Cette parole devra être également prise en faveur de la catégorie des personnes les plus vulnérables que sont les enfants », a dit Serge Mukendi, directeur exécutif de JOUDEN dans son communiqué à l’occasion de la journée internationale de la liberté de la presse.
L’organisation appelle Kinshasa à respecter et à faire respecter le droit de liberté d’expression consacré à l’article 19 de la Déclaration Universelle des droits de l’homme. Pour l’association, seuls des journalistes libres, professionnels, travaillant en toute sécurité, peuvent exercer leur métier et informer le public d’une manière objective.
Par Godé Kalonji et Julie Muadi