« Kamuina Nsapu » : l’Angola menacé!
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Craignant pour la sécurité de son pays, Eduardo Dos Santos vient de dépêcher des émissaires à Kinshasa pour débattre des mesures à prendre contre la présence de ces miliciens près de la frontière que partagent ces deux pays
Les violents affrontements qui opposent depuis quelque temps les Forces armées de la République Démocratiques du Congo (FARDC) aux miliciens Kamuina Nsapu, dans la province du Kasaï Central, et l’expansion de ces violences jusqu’à Tshikapa, Kamako et Kamonia, localités la province du Kasaï situées près de la frontière terrestre avec l’Angola, préoccupent de plus en plus le président Eduardo dos Santos qui craint de voir son pays servir de base arrière aux miliciens traqués par Kinshasa.
Les autorités angolaises qui sont allergiques à toute tentative de déstabilisation visant leur pays, envisageraient même la fermeture de la frontière que l’Angola partage avec la RDC.Pour débattre de cette brulante question, Luanda vient de dépêcher à Kinshasa une délégation conduite par le Vice-ministre angolais des Affaires étrangères, M. Manuel Augusto Domingos, et qui a été reçue la semaine dernière par le président congolais Joseph Kabila.
Même si cette visite est officiellement placée dans le cadre des consultations régulières qui existent entre Kinshasa et Luanda, le fantôme Kamuina Nsapu contre lequel la RDC prétend se battre au Kasaï central, au point de faire de nombreux morts au sein des populations civiles dont les deux experts de l’ONU assassinés commence à susciter de sérieuses inquiétudes au sein de la sous-région d’Afrique australe et même dans certains milieux diplomatiques.
Certains observateurs craignent que le phénomène « Kamuina Nsapu » au nom duquel des exactions graves ont été commises sur les populations civiles au Kasaï central soit devenu un épouvantail pour justifier les visées d’un régime qui cherche à s’éterniser au pouvoir. Sinon, comment expliquer qu’une armée aussi professionnelle et bien outillée que celle de la RDC n’arrive toujours pas à mettre hors d’état de nuire des miliciens qui n’ont pour armes que des flèches et des bâtons ?
La question mérite bien que les deux pays voisins qui partagent une longue frontière s’y penchent, en dépit des assurances affichées par les autorités congolaises qui affirment avoir le contrôle de la situation au Kasaï central.
S/T La solution politique souhaitée
Ces assurances suffiront-elles pour calmer les autorités angolaises ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que l’Angola qui dispose d’une de meilleures armées de la sous-région et qui panse encore ses plaies de 25 ans de guerre civile, va continuer à suivre avec une particulière attention l’évolution de la situation le long de sa frontière avec la RDC et particulièrement au Kasaï central.
La présence de plusieurs éléments rwandophones dans les rangs des FARDC au front du Kasaï Central où deux experts des Nations Unies et leurs accompagnateurs congolais ont trouvé la mort dans des circonstances floues n’est pas de nature à rassurer Luanda. Les autorités angolaises craignent surtout que la traque des miliciens Kamuina Nsapu pousse ces derniers à traverser la frontière pour aller trouver refuge en terre angolaise.
C’est pourquoi l’Angola dont le poids politique au sein de la SADC est non négligeable conseillerait plutôt une solution politique durable à la grave crise que traverse la République démocratique du Congo, suite à l’expiration du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête du pays depuis le 19 décembre 2016 , et suite à la non organisation des élections dans le délai constitutionnel.
Malheureusement, l’Accord politique obtenu le 31 décembre 2016 sous la médiation de l’Eglise catholique, avec l’appui de la communauté internationale, en vue de conduire les Congolais à des élections apaisées d’ici la fin de l’année en cours, souffre toujours d’application. Des manœuvres dilatoires imputées à la famille politique de l’actuel chef de l’Etat ayant bloqué la signature de l’Arrangement particulier, alors que toutes les difficultés majeures concernant le partage des responsabilités entre le pouvoir et l’opposition avaient été surmontées pour une transition pacifique.
Avec la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre, après celle de Samy Badibanga, tous deux exclus de l’UDPS suite à leur vagabondage politique, le bout du tunnel ne fait que s’éloigner davantage pour la RDC. Ce qui ne fait qu’aggraver encore les souffrances des populations compte tenu de la dégradation de la situation socioéconomique caractérisée par la dépréciation accélérée de la monnaie nationale face au dollar américain.
Plus les jours passent, l’espoir des Congolais de voir leur pays vivre enfin une alternance démocratique ne fait que se rétrécir. Si la communauté internationale n’accentue pas la pression sur les dirigeants actuels du pays, la RDC risque de sombrer pour longtemps dans le chaos.
Par DMK