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Autre temps, autre stratégie : « Pays mort » hier contre la nomination de B. Tshibala

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Autre temps, autre stratégie : « Pays mort » hier contre la nomination de B. Tshibala

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Révoltés par la violation de l’Accord du 31 décembre par J. Kabila,  les Congolais ont préféré rester chez eux, privant ainsi l’Etat d’importantes recettes. Un message fort envoyé à l’actuel chef de l’Etat dont la légitimité est désormais contestée

Les principales artères de la ville-province de Kinshasa, notamment le boulevard Lumumba et son prolongement sur la nationale Kinshasa – Kikwit, les boulevards du 30 Juin, Triomphal, Sendwe, ainsi que les avenues Victoire, Kasa-Vubu, By Pass, et autre Université, pour ne citer que ces artères,  étaient quasiment désertes au cours de la journée du lundi 10 avril 2017.

Car, à défaut de prendre massivement part à la marche de colère qui était programmée par l’Opposition pour contester la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre par Joseph Kabila en violation de l’Accord de la saint Sylvestre, les Kinois ont décidé de rester chez eux, transformant ainsi la manifestation en une ville morte.

Plus qu’une ville morte, c’était une opération « pays mort » que l’Opposition a du coup réussi. Une paralysie qui a non seulement occasionné un important manque à gagner pour le trésor public, mais aussi terni davantage l’image des dirigeants actuels de la RDC au sein de l’opinion internationale.

  Ce changement de stratégie face à un régime qui a la sinistre réputation d’avoir la gâchette facile a visiblement fait prendre le pouvoir à son propre piège.

En effet, à l’instar de nombreux bus Transco déployés hier à travers la ville et qui ont eu du mal à trouver de clients, la journée a été également un grand fiasco pour les régies financières, les entreprises commerciales telles que la SCTP,  et les autres services de l’Etat en terme de recettes. Sans parler de nombreuses banques et maisons de transferts d’argent dont les portes sont restées fermées hier, et des stations de vente de carburant où les clients se faisaient rares.

Un message fort envoyé à Joseph Kabila

Pendant ce temps, l’ambiance était plus que morose au centre-ville. La plupart de magasins ayant refusé de prendre le risque d’ouvrir les portes. Les quelques magasins des Indo-pakistanais qui ont pris ce risque, n’ont pas eu de clients. Telle est l’ambiance qui a régné le  lundi 10 avril sur l’avenue du Commerce et aux abords du marché central pratiquement déserté, malgré le déploiement de plusieurs bus par la société Transco et l’Hôtel de ville (propriétaire des bus Newtranskin).

Une ronde effectuée à 11HOO à Kingasani ya Suka, et à l’arrêt Quartier 3 , nous a permis de constater la présence de dizaines de Bus Transco de la ligne Kingasani – Commerce alignés et attendant des clients qui ne venaient pas.

Même constat à la place Pascal, arrêt de départs de bus Transco exploitant la ligne Pascal – Fonction Publique. Ici, une dizaine de bus attendaient de clients qui ne venaient pas malgré la forte présence de policiers sur les lieux. Conséquence : la plupart de bus Transco  mis hier en circulation n’avaient qu’une dizaine de passagers seulement à bord !

Ce qui constitue un important manque à gagner pour cette société de transport, quand on sait que la capacité d’accueil  de chacun de ces bus est d’environ 70 à 80 passagers, voire plus. Pendant ce temps, dans l’arrière-pays, notamment à Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga, à Mbuji-Mayi,  Kananga et Tshikapa, dans le Kasaï, ainsi qu’à Goma, dans le Nord-Kivu, la police a dû faire usage des tirs de grenades lacrymogènes pour disperser des manifestants. Quelques arrestations sont même signalées dans les rangs de ces manifestants.

En décidant de paralyser la capitale et plusieurs villes du pays autrement que par une marche populaire, l’Opposition (aujourd’hui dépouillée des taupes du reste démasquées) vient de prouver qu’elle garde encore sa capacité de mobilisation, malgré les départs enregistrés dernièrement dans ses rangs.

Pour le Rassemblement qui considère la nomination de Bruno Tshibala au poste de Premier ministre comme un non-évènement, après le refus de la MP de signer l’Arrangement particulier censé ouvrir la voie à l’application de l’Accord politique du 31 décembre 2016, l’heure est désormais aux actions de rue et autres manifestations afin de contraindre Joseph Kabila et son clan à appliquer ledit Accord. Car, il y va aussi de la légitimité de l’actuel chef de l’Etat dont le second et dernier mandat à la tête du pays a expiré depuis le 19 décembre 2016.

La paralysie que le pays a connue hier lundi interpelle aussi la communauté internationale dont les efforts pour aider la RDC doivent désormais être focalisés dans le sens d’aider ce vaste pays à ne pas sombrer dans le chaos. Et ceci passe inévitablement par l’application sans faille de  l’Accord de la saint Sylvestre.

Par DwD.

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