Marche pacifique contre la non application de l’Accord du 31 Décembre 2016 : L’Opposition change de stratégies
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Plutôt que de livrer la population à la boucherie, le Rassemblement a opté pour la ville morte sur l’ensemble du pays afin d’éviter un bain de sang
Les activités ont été paralysées une fois de plus hier lundi 10 avril 2017 à Kinshasa et à l’arrière pays alors que le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement avait appelé à une marche pacifique pour exiger le respect de l’Accord du 31 décembre 2016.
Néanmoins, au regard des dispositifs sécuritaires impressionnant déployés dans les coins névralgiques de Kinshasa et en provinces, la marche a cédé la place à une ville morte dans la capitale où les activités économiques ont été paralysées. Boutiques, magasins sont restés fermés. Certains kinois étaient devant leurs parcelles en train de contempler la police et les militaires qui faisaient la ronde.
Aux avenues ex-Bokassa et du Commerce, autour du marché central, les magasins ont baissé les rideaux. Du centre-ville au quartier UPN en passant par Kintanbo-Magasins, les boutiques et autres points de vente sont restés fermés. Aucune manifestation constatée, la circulation a été fluide dans toutes les artères de la capitale.
Les transporteurs privés n’ont pas sorti leurs véhicules. Quelques bus TRANSCO cependant ont été aperçus notamment sur les boulevards Lumumba et du 30 juin, à Pompage, Mbudi, Yolo, UPN et sur Victoire… mais roulant sans passager à bords.
Selon nos reporters déployés sur le terrain, quelques piétons ont été aperçus sur certaines artères en train d’observer ce qui se passait.
Même la place Victoire réputée comme traditionnelle plaque tournante, grand carrefour et principal point d’attraction de la capitale congolaise, a été vidé de son monde habituel.
Les rues du quartier Yolo, habituellement bondées de monde, elles aussi, ont été désertées par la population. Ce qui fait que les quelques voitures taxis qui ont osé circuler le matin ont vite fait de garer faute de passagers, à en croire nos confrères de Radio okapi.
A Limete, considéré à juste titre comme commune de l’opposition à cause notamment de l’Union pour la démocratie et le progrès social « UDPS », parti cher à feu Président Tshisekedi, qui y a érigé son quartier général depuis quelques décennies, les policiers et les véhicules anti émeutes avec citerne à eau chaude ont été déployés à l’entrée de la résidence du sphinx, devant le siège de l’UDPS, à la 1ere rue Limete, devant la station Cohydro ainsi sur la 12eme rue non loin du complexe scolaire Pasteur Muepu.
La police anti-émeute et les militaires ont multiplié des navettes sur l’avenue Mopono et Kapela, dans la commune de Kalamu. D’autres ont été aperçus sur l’avenue Mobutu à l’entrée de l’Abattoir et au terminus de Petro-Congo.
Il faut signaler que la veille, le porte-parole de la Police nationale congolaise le colonel Pierrot Mwanamputu, avait prévenu que la police empêcherait «l’exercice de toute manifestation publique à caractère politique, non autorisée à travers toute l’étendue du territoire national».
Changement de méthode
Alors que la MP considère l’appel du Rassemblement à la marche pacifique comme un échec «cuisant», Martin Fayulu, cadre d’une plateforme de l’opposition, ne voit pas les choses de cette manière. Le président de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement (ECIDE) s’est dit totalement satisfait de cette journée qui s’est finalement transformée en une ville morte.
Il a dit que sa famille politique a changé des stratégies parce que dimanche soir, un important déploiement des forces de l’ordre a été observé à travers la capitale. Dès lors, éprise de paix et de solidarité, l’opposition ne pouvait pas se permettre d’envoyer ses militants à la mort.
« Nous sommes allés à Kintambo où nous avons vu comment les forces de l’ordre se ravitaillaient en carburant. C’est pourquoi on n’a pas voulu livrer notre population aux carnassiers », a-t-il noté.
Le Rassemblement a plutôt opté pour une marche parcellaire afin de donner du fil à retordre à la police et aux militaires qui étaient déjà positionnés pour réprimer la manifestation. Le déploiement des forces de l’ordre a permis à l’opposition de transformer sa marche à une ville morte, a conclu Fayulu.
Bavures policière à Mbuji-Mayi
A Mbuji-Mayi, chef –lieu de la province du Kasaï-Oriental, la Police nationale congolaise (PNC) a dispersé la foule qui s’apprêtaient à marcher. D’après une source basée dans la région, les sympathisants des partis organisateurs de la marche ont été encerclés et brutalisés par les forces de l’ordre au siège de l’UDPS.
Il en est de même dans les autres coins de la ville, où des échauffourées ont éclaté. Elles ont opposés des jeunes à la police. Des sources locales ont fait état de l’arrestation de Bruno Kabangu, cadre de l’UDPS et d’une dizaine de jeunes, qui ont tenté d’envahir la rue.
Suite à cette marche étouffée du Rassemblement de l’opposition, les activités ont tourné au ralenti dans la ville de Mbuj-Mayi. Les grands marchés n’ont pas fonctionné comme d’habitude, et la circulation a été moins dense tandis que les forces de l’ordre patrouillaient à travers la ville.
Présence policière à Mbandaka
A Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur, les manifestants ont été dispersés par la police à quelques kilomètres du point de rassemblement.
La police déployée le long de l’itinéraire prévu par la coordination provinciale du Rassemblement, avait pour mission de faire échec à cette manifestation «interdite» par l’autorité urbaine. Et pourtant, la coordination provinciale du Rassemblement avait informé la mairie de Mbandaka 48 heures avant la manifestation. La mairie a interdit la manifestation, «sans avancer une quelconque raison», selon les organisateurs.
Une dizaine de manifestants arrêtés à Lubumbashi
Deux groupes qui se réclamaient l’un de l’UDPS et l’autre de l’UNAFEC de Kyungu wa kumwanza ont tenté de marcher hier à Lubumbashi où une dizaine de militants de l’opposition ont été arrêtés. Dans la même série quelques tentatives d’attroupement observées çà et là à Lubumbashi ont été étouffées.
Les activités sont restées paralysées durant tout l’avant-midi à. La circulation était timide. Le dispositif sécuritaire était toujours en place jusque hier soir.
Vive tension à Goma
A Goma, capitale du nord Kivu, La police a dispersé des groupes de personnes qui ont tenté de barricader l’axe routier dénommé « Kilomètre témoin » vers la Station Mutinga et Trois Lampes, à Majengo. Là aussi, elle a procédé à quelques arrestations.
Des patrouilles pédestres et motorisées de la police ont été observées au campus du Lac, à Ndosho et Majengo, véritables points chauds de la ville touristique.
Agitation à Kananga
La ville de Kananga s’est réveillée timidement hier lundi 10 avril 2017. Cela, après une nuit agitée par des tirs nourris au quartier Bikuku, à Kananga 2.
Selon des habitants de ce quartier, un nombre de miliciens scandant des slogans de guerre avait été signalé.
Des militaires arrivés à bord des camions ont été visibles dans la ville. C’est donc par des déploiements des policiers dans plusieurs quartiers que Kananga s’est réveillée.
Des banques ont été fermées. Les maisons de télécommunications et le marché de Kamayi n’ont pas fonctionné normalement. Côté administration, tout a été paralysé. La circulation était froide, les motos étaient comptés à bout des doigts.
Un bus de la société des transports du Kasaï Central, Transckac, qui a tenté de circuler, a regagné à toute hate l’entrepôt de l’entreprise, signale notre source basée à Kananga.
Par Godé Kalonji