Jetant plus de 1,7 millions de personnes en errance : La MONUSCO déplore l’escalade de la violence au Kasaï
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La mission onusienne fustige le recrutement d’enfants et l’existence de plusieurs fosses communes dans la région
Dans un communiqué daté du 5 avril 2017, la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo(MONUSCO) se dit préoccupée par des rapports faisant état de l’escalade de la violence au Kasaï et qui donne lieu à des graves violations des droits de l’homme, dont les victimes se comptent parmi la population civile.
La mission onusienne fustige aussi le recrutement d’enfants par les forces combattantes ainsi que l’existence de plusieurs fosses communes dans la région. D’après l’instance onusienne, des douzaines de personnes ont été tuées dans les affrontements entre la milice Kamuina Nsapu et les forces de sécurité congolaises à Kananga, lors d’un récent regain de violence intervenu entre le 14 et le 17 mars dernier. Le territoire de Luebo, au Kasaï central a été frappé par la violence où les hommes de Kamuina Nsapu ont attaqué des symboles de l’Etat et ont libéré des prisonniers.
Outre ce territoire, la MONUSCO signale que les villes de Tshimbulu et Luiza ont connu aussi une recrudescence de violence et des menaces contre les églises. La mission Onusienne signale qu’entre le 28 et 31 mars dernier, les militaires congolais ont mené des opérations au sujet desquelles de nombreux rapports font état des victimes civiles, des allégations de violations des droits de l’homme et des arrestations arbitraires, y compris des mineurs.
Déjà plus de 400 personnes tuées
Pour Maman Sambo Sidikou, le représentant spécial du SG de l’ONU en RDC et chef de la MONUSCO, les violences au Kasaï auraient fait plus de 400 mors et un nombre élevé des éléments des forces de sécurité. Le chef de la MONUSCO exhorte toutes les parties en conflit à mettre fin à la violence.
« Il est clair qu’il n’y a pas de solution à ces violences. A ce stade ; intensifier la réponse militaire ne fera qu’exacerber la violence et mettre davantage les populations civiles en danger », a prévenu le chef de la MONUSCO dans un communiqué. Pour lui, ce qui se passe au Kasaï est la conséquence du retard observé dans la mise en œuvre de l’Accord du 31 décembre 2016.
« Ce n’est pas un fait du hasard que l’escalade des violences ait coïncidé avec l’évolution politique récente à Kinshasa. Pour l’amour du peuple congolais et du pays, j’exhorte toutes les parties à trouver rapidement un compromis qui permette la mise en œuvre de l’Accord et la tenue des élections pacifiques en décembre », a martelé le chef de la MONUSCO.
David Gressly en exploration à Kananga
Le lundi dernier, le Représentant spécial adjoint du SG de l’ONU en RDC en charge des Opérations et de l’Etat de Droit, l’Américain David Gressly et le commissaire de la police des Nations Unies avaient effectués une visite éclair à Kananga pour explorer les voies et moyens pouvant renforcer les capacités de la MONUSCO au Kasaï central et échanger de la situation actuelle avec le vice–gouverneur de la province et le conseil de sécurité provincial. Cette visite a permis à la MONUSCO de palper du doigt la réalité. Ce qui fait que la mission Onusienne qui a déployé les casques bleus dans la région promet de renforcer les capacités de ses unités.
La MONUSCO promet d’apporter son appui au processus d’enrôlement des électeurs dont le démarrage est prévu vers la fin du mois d’avril au Kasaï. Ce qui permettra à la population à se faire enrôler massivement en vue des élections présidentielle, législative prévues à la fin de cette année. La MONUSCO est également disposée à apporter son appui aux forces de sécurité de la région notamment la formation sur les droits de l’homme et Droit humanitaire International.
Plus de 1,7 million de personnes en errance
Selon une autre agence du système des Nations Unies ; le Bureau de Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), plus de 1 ,7 million de personnes sont affectées par la crise complexe qui sévit au Kasaï, au Kasaï central, au Kasaï Oriental, au Lomami et au Sankuru depuis le mois d’Aout 2016. OCHA estime que depuis août 2016, plus de 637 000 personnes ont été déplacées par les violences cependant plus de 200.000 ont pu regagner leurs habitations.
L’agence Onusienne signale que pour la première fois depuis août 2016, la crise s’est étendue à la province du Lomami à l’issue d’attaques menées contre plusieurs villages du territoire de Luilu à la mi-mars 2017, ainsi que dans le Sankuru, représentant une extension inquiétante de la crise.
Pour faire face à cette crise humanitaire de grande ampleur, le Fonds Central d’Intervention d’urgence a alloué 4,5 millions de dollars aux agences des Nations Unies pour couvrir 30 pourcentages des besoins humanitaires identifiés. Londres a également alloué 500.000 dollars à Action contre la Faim et Christian Aid pour apporter une assistance en vivres et articles ménagers essentiels aux populations vulnérables. Grace à un premier financement d’un million de dollars, l’UNICEF, l’ong Catholic Relief Services mène actuellement une intervention d’urgence en faveur des populations vulnérables du Kasaï, signale OCHA.
Par Godé Kalonji