Le Grand Kasaï toujours dans la tourmente : Horreur à Tshikapa, violences à Tshimbulu et panique à Muene-Ditu
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Des policiers décapités à 80km de Kananga pendant que se préparait une manifestation de reddition, nouveaux affrontements meurtriers dans la deuxième ville du Kasaï Central et inquiétude aux environs de Mbuji-Mayi
L’insécurité reste grandissante dans le Grand Kasaï. Les différentes entités politico-administratives enregistrent des scènes de violence occasionnant de nombreuses pertes en vies humaines et des destructions des habitations, édifices publics et autres biens de valeur.
Un incident très déplorable est intervenu le vendredi 24 mars au village Malenge sur la route nationale n°1 entre Tshikapa et Kananga où 42 policiers tombés dans une embuscade des présumés miliciens de Kamuina Nsapu ont été décapités. Six d’entre les éléments des forces de l’ordre ont eu la vie sauve grâce à leur maitrise de la langue Tshiluba qu’ils auraient utilisée dans leurs conversations avec leurs ravisseurs.
La situation était également tendue pendant le week-end à Muene-Ditu, ville ferroviaire située dans la nouvelle province de Lomami,qui était la destination finale de ces policiers en provenance de Kinshasa. Hier dimanche, 5 miliciens ont péri dans les affrontements avec l’Armée à Tshimbulu.
Hormis le Sankuru, les autres provinces du Grand Kasaï ont été secouées par l’insécurité. Depuis le vendredi 24 mars jusqu’à la journée d’hier dimanche, le Kasaï avec la décapitation des policiers fait la « une » de plusieurs médias. Surtout que les présumés éléments de Kamuina Nsapu ne se sont pas arrêtés au village Malenge.
Ils sont allés jusqu’à la mission catholique de Kamuesha où ils ont abandonné l’un des deux camions saisis et libéré les 3 capturés dont deux civils qui cherchaient à atteindre la ville de Kananga à pieds et un militaire. Sur leur passage, ces miliciens se réclamant de Kamuina Nsapu ont brûlé plusieurs habitations du village Mfuanka.
Le Président de l’Assemblée provinciale du Kasaï a été le premier à porter à la connaissance des médias la décapitation des policiers quand il se rendait sur les lieux du drame. Pour François Mulamba, un des véhicules qui transportaient les policiers s’est embourbé et quand les éléments à bord de cet engin attendaient de l’aide, ils ont été attaqués par des miliciens ayant subitement surgi.
Cette autorité législative s’inquiète de la situation sécuritaire qui reste volatile du fait des menaces omniprésentes à travers la région. Le Vice-gouverneur, Hubert Ndingo, tardait, quant à lui, à fixer l’opinion. De son côté, son collègue du Kasaï central assurant l’intérim du gouverneur Alex Kande préparait fiévreusement la manifestation du Stadium de l’espoir en se rendant dans la commune kanangaise de la Nganza pour convaincre des miliciens résistants à la cérémonie dite de la paix (Bupole en tshiluba).
En dépit des difficultés rencontrées la veille, Hubert Ndingo Mvula a pu organiser le samedi 25 mars la manifestation au cours de laquelle un arsenal constitué de 4 armes de guerre Kalachinkov, 7 fusils calibre 12, 14 machettes, 22 couteaux et un tas de bâtons lui ont été remis. Et en sa présence, les miliciens se sont dépouillés de leurs bandeaux rouges avant d’enfiler des T-shirt de couleur blanche.
Ils lui ont aussi remis un mémorandum reprenant leurs revendications, entre autres la libération de leurs collègues, les emplois, la mécanisation des écoles et le paiement des enseignants en retard de régularisation. En guise de réinsertion, ils ont reçu des vélos et de l’argent dont la hauteur n’a pas été communiquée. Pour la plupart, ils sont rentrés à Dibaya.
Ce territoire comprenant le secteur de Dibatayi regorgeant le groupement Bajila Kasanga de Kamuina Nsapu se trouve non loin de Tshimbulu où des scènes de violence ont été signalées hier dimanche 26 mars. La sérénité de cette deuxième ville du Kasaï Central et en même temps Chef-lieu de l’ancien district de la Lulua a été perturbée par les miliciens en provenance de la gare Kaulu, située sur la voie ferrée entre Kananga et Muene-Ditu. Cinq d’entre eux ont été tués alors qu’un seul est grièvement blessé, d’après le bilan fourni par des témoins.
Cette capacité d’ubiquité de cette milice d’agir dans un laps de temps à travers plusieurs endroits du Grand Kasaï est tout de même inquiétante. Les efforts doivent être redoublés pour arriver à mettre fin à cette situation.
Par KerK