Deux semaines après leur disparition au Kasaï Central : Aucune nouvelle des deux experts onusiens et de leurs accompagnateurs congolais
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Des efforts accrus nécessaires pour les retrouver
Deux semaines après la disparition des deux experts onusiens ainsi que de leurs accompagnateurs congolais et malgré les efforts fournis par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) et le gouvernement de la RD Congo, pas de nouvelles de l’Américain Michael Sharp et de la Suédoise Zaida Catalán, ainsi que leurs compagnons congolais, Betu Tshintela, interprète congolais , Isaac Kabuayi, chauffeur de moto et deux autres chauffeurs de moto non identifiés. Ces hauts fonctionnaires onusiens enquêtaient sur des violations généralisées des droits humains près de Bunkonde, centre reculé, au sud de Kananga, chef –lieu de la province du Kasaï central.
Dans un communiqué, Human Rights Watch (HRW) invite le gouvernement de la République démocratique du Congo à coopérer pleinement avec les efforts des Nations Unies pour localiser l’équipe du Groupe d’experts de l’ONU portée disparue depuis le 12 mars 2017 dans la province du Kasaï-Central. « Nous sommes extrêmement inquiets pour l’équipe de l’ONU disparue », a déclaré Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Le gouvernement congolais devrait coopérer pleinement avec l’ONU et les autres enquêteurs internationaux pour faire tout leur possible afin de ramener l’équipe en toute sécurité. », martèle-t-elle.
C’est la première fois que des experts de l’ONU sont portés disparus en RD Congo, a déclaré l’ong américaine. C’est également la première disparition ou le premier enlèvement de travailleurs internationaux enregistré dans les provinces du Kasaï, une région qui, jusqu’à récemment, avait été en grande partie pacifique, contrairement à l’Est de la RDC, depuis longtemps en proie aux conflits entre des dizaines de groupes armés.
Il faut signaler que le Groupe d’experts de l’ONU sur la RD Congo, a été établi en 2004 et comprend six experts nommés par le Secrétaire général de l’ONU et chargés de contrôler la mise en œuvre du régime des sanctions en RD Congo, et de proposer l’ajout d’individus et d’entités à la liste des sanctions.
Dans leur travail, les experts collectent et analysent des informations sur les activités des groupes armés, leurs réseaux, le trafic d’armes, et sur les auteurs de violations graves des droits humains. Leurs rapports figurent parmi les sources d’information les plus complètes et fiables sur les dynamiques des conflits dans la région africaine des Grands Lacs.
« La disparition de l’équipe de l’ONU reflète le tableau plus global des violences et des abus perpétrés dans la région du Kasaï », a conclu Ida Sawyer. « Le Conseil des droits de l’homme devrait mettre en place une commission d’enquête sur les abus commis dans la région dans les plus brefs délais. Des efforts concertés sont nécessaires de toute urgence pour faire face à cette situation de plus en plus désespérée. » ,insiste Sawyer.
Kinshasa refuse de coopérer
Le 13 mars 2017, le gouvernement congolais a annoncé que Sharp et Catalán étaient « tombés entre les mains de forces négatives non identifiées », mais il n’a fourni aucune information supplémentaire. De son coté, la MONUSCO, a déployé des forces de maintien de la paix uruguayennes et des forces spéciales tanzaniennes dans le cadre d’une opération de recherche et de sauvetage des personnes disparues.
Ces efforts ont souffert d’un manque de coopération de la part du gouvernement congolais, regrette l’ONGDH.Le 18 mars, la MONUSCO a exprimé de « fortes préoccupations face aux restrictions imposées par les forces de sécurité à sa liberté de circulation à Kananga », ce qui « limite la capacité de la Mission à mettre en œuvre son mandat. »
Inquiétudes des partenaires occidentaux
Depuis la disparition de deux experts Onusiens au Kasaï central, région en proie de violences qui opposent les FARDC aux miliciens Kamuina Nsapu, l’ensemble de la Communauté internationale est en agitation. Le 12 mars, la France a appelé la MONUSCO et les autorités congolaises à « déployer tous les moyens nécessaires » pour localiser l’équipe de l’ONU disparue.
L’Allemagne a ensuite lancé un appel similaire, tandis que la Belgique affirmait que la disparition de l’équipe de l’ONU constituait « une atteinte très grave aux efforts de la communauté internationale pour favoriser le retour de la paix et la stabilité en RDC. »
Par Godé Kalonji