Selon une révélation faite hier à Genève : Nouvelles fosses communes au Kasaï
Partager
Le Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme exige l’ouverture d’une enquête
Le Haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’homme, le prince Zeid Ra’ad Al Hussein, a demandé l’ouverture d’une enquête afin de faire la lumière sur la découverte de trois nouvelles fosses communes dans le Kasaï. Il s’est exprimé ainsi hier mercredi 8 mars, lors de la présentation de son rapport annuel devant le Conseil des droits de l’homme réuni à Genève.
Après avoir félicité le gouvernement de la République démocratique du Congo pour sa réaction rapide après les signalements de violations des droits de l’homme par des soldats dans deux provinces(Kasaï central et Kasaï oriental), le Haut-commissaire des Nations Unies aux Droits de l’homme a exhorté le Conseil des droits de l’homme à mettre en place une commission d’enquête pour examiner cette situation.
Il y a quelques temps, le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) avait reçu des informations selon lesquelles des militaires de l’armée congolaise auraient tué au moins 101 personnes, dont 39 femmes, lors d’une éruption de violence impliquant la milice Kamuina Nsapu, entre le 9 et le 13 février, dans et autour de la ville de Tshimbulu, dans la province du Kasaï Central.
Son attention a été encore attirée par des informations faisant état de la découverte de trois charniers dans la région du Kasaï. C’est pourquoi, le chef des droits de l’homme de l’ONU a exigé la mise sur pied d’une commission d’enquête pour faire toute la lumière sur les trois nouvelles fosses communes.
« A la lumière des rapports récurrents de violations graves et de la découverte récente de trois autres fosses communes, j’exhorte le Conseil à établir une commission d’enquête chargée d’examiner ces allégations. Mon Bureau surveillera attentivement le développement judiciaire concernant les actions des forces de sécurité qui ont entraîné la mort de plus de 100 personnes en septembre et en décembre », a dit le prince Zeid Ra’ad Al Hussein. Il s’est plaint de la violation des droits de l’homme au Kasaï et dans la province de la Lomami, dont certaines sont attribuées aux forces de l’ordre.
«Je félicite le gouvernement d’avoir pris rapidement des mesures pour enquêter et rendre des comptes dans certains des meurtres allégués attribués aux soldats et pour offrir l’assistance de mon Bureau », a-t-il poursuivi.
Les violences au Kasaï viennent s’ajouter aux autres, qui se sont intensifiées à travers le pays au cours des derniers mois, faisant plusieurs centaines de morts, notamment dans les provinces du Tanganyika et du Nord-Kivu, ainsi que dans la capitale, Kinshasa. Les observateurs notent qu’une partie de ces violences est liée aux tentatives de Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir au-delà de la limite constitutionnelle de deux mandats, le second ayant expiré le 19 décembre 2016.
Jadis calme, aujourd’hui secoué par des violences
Il y a lieu de signaler qu’une vidéo de sept minutes montre plusieurs militaires s’approchant et ouvrant le feu sur un groupe de membres présumés de la milice Kamuina Nsapu, dont deux femmes et plusieurs individus semblant être des enfants. Plusieurs blessés graves ont été abattus à bout portant, l’un des militaires les traitant de «bande d’animaux ». Plus tard, certains des militaires ont maltraité les corps sans vie, violant de la sorte leur dignité.
Jadis, le Kasaï était considéré comme une province calme. Mais aujourd’hui cette partie du pays est secouée par des violences qui ont jeté des milliers de personnes dans l’errance.
La violence au Kasaï Central s’est propagée aux provinces voisines du Kasaï et du Kasaï-Oriental. Le Bureau conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) a recensé plus de 280 personnes tuées depuis juillet 2016.
Outre cette mise en garde à l’endroit de Kinshasa, le Haut- Commissaire a fait le point sur l’évolution des droits humains dans de nombreux pays à travers le monde.
Par Godé Kalonji