La céramiste Francine Mava Sau analyse le milieu des arts plastiques en RDC
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Par rapport à la peinture et à la sculpture, en RD Congo, la céramique se trouve quelque peu en retrait. D’après la céramiste congolaise Francine Mava Sau, « on traine un peu, on ne bouge pas trop ». L’artiste sait de quoi elle parle, elle est une des références de cet art dans le pays. Parmi les céramistes femmes, elle cite notamment Maguy Yohari, Annie Sungamena ou encore Nicha Wangila.
La jeune femme note par exemple qu’à part l’argile, que l’on trouve partout dans le pays, beaucoup d’intrants utilisés par les céramistes, tels les émaux et les oxydes, sont importés. Elle signale aussi que dans la mentalité des gens, il y a la fragilité des œuvres en céramique qui constitue un frein au développement de cette discipline en RD Congo. De plus, les céramiques fabriquées en série en chine sont vendues dix fois moins chères que les céramiques du terroir et « cassent l’artisanat congolais ».
Parcours exemplaire
Francine Mava note encore que lorsqu’elle avait terminé le graduat à l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa(ABA), au courant des années 90, Congolais et Etrangers achetaient volontiers les œuvres en céramique. Mais actuellement, ce sont plutôt des étrangers qui se portent acquéreurs de ces objets.
Concernant sa méthode de travail, la céramiste modèle les œuvres chez elle, où elle a aménagé un espace de travail. Mais pour cuire ses créations, elle doit recourir au four de l’ABA. Signalons que l’artiste maitrise aussi la sculpture.
Elle expose principalement à la salle d’exposition de l’ABA. Mais l’artiste a également montré ses créations à l’étranger, lors de foires, notamment en Chine.Francine Mava Sau est née le 29 septembre 1973 à Kinshasa, dans une famille où prévaut déjà la fibre artistique.
Ainsi, un de ses oncles est le sculpteur Mava. Après des humanités artistiques, la jeune femme a intégré l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa, où après quelques années, elle a décroché un diplôme de graduat, en 1996. Licenciée en 2005, Francine Mava y est retenue comme la première femme assistante, avec pour tâche de seconder Maitre Ignace Bamba, le père de la céramique congolaise moderne, récemment décédé.
Elle a par ailleurs effectué divers stages dans des musées tant en France qu’en Allemagne, ainsi qu’a l’école nationale supérieure des arts visuels de la Cambre, à Bruxelles.
Artiste, enseignante et cadre
En 2010, Mava obtient une bourse en conservation préventive du patrimoine à l’école du patrimoine africain de Porto Novo, au Bénin. Elle y passe près de deux ans, y décrochant un master professionnel en conservation préventive des œuvres d’art. Son retour au pays la place à la tête du département conservation restauration des œuvres d’art de l’ABA.
Elle est y enseigne aussi au département céramique et modelage. Francine Mava Sau y est par ailleurs chargée du budget. Marié et mère d’un garçon de 16 ans, elle parvient à trouver l’équilibre entre sa vie professionnelle, artistique et familiale.
Par Yves Mitondo