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Vidéo sur les exécutions sommaires au Kasaï-Central: HRW exige justice

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Vidéo sur les exécutions sommaires au Kasaï-Central: HRW exige justice

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De son coté, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU discutera dans sa session prévue à la fin de ce mois à Genève de la situation des droits de l’homme dans l’ancienne province du Kasaï-Occidental

Dans un communiqué, Human Rights Watch(HRW) exige justice sur les tueries du Kasaï-Central. Les autorités de la République démocratique du Congo devraient enquêter de manière complète et impartiale sur les meurtres présumés commis par des militaires de l’armée congolaise dans la région centrale du Kasaï, a déclaré  l’ong américaine de défense des droits humains  dans un communiqué.

En effet, une vidéo postée sur Internet le 17 février 2017 montre des hommes en uniforme de l’armée congolaise tuant au moins 13 membres présumés d’une milice, dont certains armés de bâtons et de lance-pierres. Ces fusillades semblent relever d’un usage excessif de la force létale dans une situation d’application des lois, a déclaré l’Ongdh américaine.

«Cette vidéo a capturé l’horreur de ces fusillades que le gouvernement congolais aurait autrement pu balayer sous le tapis », a déclaré Ida Sawyer, directrice pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch. « Les autorités judiciaires devraient, avec l’aide de l’ONU, immédiatement mener une enquête complète et impartiale sur ces tueries et les autres violations présumées dans les provinces du Kasaï en vue de traduire les personnes responsables en justice », tance-t-elle.

Selon HRW, la vidéo de sept minutes montre plusieurs militaires s’approchant et ouvrant le feu sur un groupe de membres présumés de la milice Kamuina Nsapu, dont deux femmes et plusieurs individus semblant être des enfants.  L’Ongdh signale que plusieurs blessés graves ont été abattus à bout portant par l’un des militaires les traitant de «bande d’animaux ». Plus tard, certains des militaires maltraitent les corps sans vie, violant leur dignité, signale HRW.

Pour rappel, en juillet 2016, des violences de grande ampleur ont éclaté au Kasaï-Central avant de se propager aux provinces voisines du Kasaï et du Kasaï-Oriental. Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme a recensé plus de 280 personnes tuées depuis juillet.

Pour HRW, l’incident documenté par la vidéo se serait produit sur la route menant à Ntenda, dans la zone frontalière entre les provinces du Kasaï-Oriental et du Kasaï-Central. Au moins un militaire filmé dans la vidéo indique qu’il fait partie de l’armée, et un camion de l’armée apparaît dans la vidéo.

Alors que les images correspondent aux informations que Human Rights Watch a reçues au sujet des violences récentes dans cette région, il n’a pas été possible de confirmer l’authenticité ou l’origine de la vidéo.

Cacophonie au gouvernement Badibanga

Le 17 février 2017, le ministre congolais de la Communication, Lambert Mende, a déclaré à New York Times que la vidéo n’avait pas été filmée en RD Congo et qu’il s’agissait d’une tentative de « ternir l’image de la RDC », fomentée par des organisations non gouvernementales.

Le lendemain, il a déclaré que la vidéo était « vraisemblablement un montage » réalisé par « des pourfendeurs du gouvernement », et que le gouvernement avait déjà arrêté deux officiers subalternes en raison des « excès et abus » perpétrés dans le cadre d’opérations menées au Kasaï-Oriental en fin décembre 2016.

De son coté, la ministre des Droits de l’homme, Marie-Ange Mushobekwa, a déclaré à Reuters le 18 février 2017 qu’une enquête avait été ouverte au sujet de la vidéo. Le 22 février, suite à une pression internationale croissante, y compris de la part de l’Union européenne, de la France et des Etats-Unis, le gouvernement de la RDC a annoncé qu’il avait dépêché une commission d’enquête dans la région.

Les Principes de base sur le recours à la force violés

HRW signale qu’il y a aussi une  autre vidéo qui met en exergue une fille non armée saignant sur le sol devant le gouvernorat à Kananga, capitale de la province du Kasaï-Central. On entend des hommes l’interroger et refuser de l’emmener à l’hôpital. Ils lui donnent des coups de pied dans le visage à deux reprises.

Les Principes de base sur le recours à la force violés et l’utilisation des armes à feu par les responsables de l’application des lois stipulent que ces derniers « auront recours autant que possible à des moyens non violents avant de faire usage de la force ou d’armes à feu » ; et que les armes à feu ne peuvent être utilisées qu’ « en cas de légitime défense ou pour défendre des tiers contre une menace imminente de mort ou de blessure grave ».

Les responsables de l’application des lois doivent donner un avertissement clair de leur intention d’utiliser des armes à feu, en laissant un délai suffisant pour que l’avertissement puisse être suivi d’effet.

Genèse des troubles au Kasaï-Central

La violence  au Kasaï-Central serait liée au contrôle coutumier sur les chefferies locales, mais il existe également des liens clairs avec la dynamique politique nationale, l’armée congolaise soutenant le leadership d’individus considérés comme loyaux envers le président Joseph Kabila et sa coalition politique, tandis que les milices soutiennent des individus considérés comme plus proches de l’opposition, note HRW dans son communiqué.

Cette violence au Kasaï-Central  a affecté des dizaines de milliers de personnes, selon le Bureau des Nations Unies de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Une importante réunion de l’Onu très attendue

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU discutera de la situation des droits de l’homme en RD Congo lors de sa prochaine session qui débutera à la fin du mois de février. Compte tenu de l’ampleur des violences dans les Kasaïs et d’autres régions de la RD Congo, et de la possibilité d’une nouvelle détérioration de la situation des droits humains dans les mois à venir, le Conseil devrait désigner un expert indépendant ou une équipe d’experts capables de se déployer rapidement pour surveiller et faire rapport sur la situation en RD Congo.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne devraient également envisager des sanctions ciblées supplémentaires, y compris des interdictions de voyager et des gels des avoirs, à l’encontre des principaux responsables des graves violations des droits humains dans les Kasaïs et ailleurs en RD Congo.

« Les violences localisées, les conflits armés et les graves tensions politiques à travers la RD Congo font craindre un peu plus que le pays est une poudrière prête à exploser », a déclaré Ida Sawyer. « La mobilisation internationale aux plus hauts niveaux est cruciale pour aider à protéger les civils contre de nouvelles violences, faire pression pour que justice soit rendue pour les violations graves, et assurer la tenue d’élections crédibles dans les temps afin d’édifier un pays plus démocratique et respectueux des droits », a-t-elle conclu.

Par Godé Kalonji

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