Face au cynisme de la classe politique : Lucha redoute une implosion de la RDC
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Kasaï, Tanganyika, Congo Central, Kinshasa, Nord-Kivu… ces provinces sont actuellement le théâtre de violences qui n’ont cessé de se répandre partout en RDC, avec leurs lots de morts et de terreur. Pendant ce temps, ceux qui ont pris en otage les institutions de la République s’obstinent dans le déni, alors que la classe politique poursuit ses atermoiements, constate le mouvement pro démocratie Lutte pour le Changement (LUCHA) dans un communiqué qu’il vient de publier.
Pour LUCHA, ces violences ont au moins trois caractéristiques en commun. Il s’agit d’abord de la défaillance de l’Etat dans ses fonctions de protéger tous les citoyens et d’arbitrer équitablement les différends.
Ensuite le cynisme de ceux qui, politiciens, hommes d’affaires, officiers, et autres «notables» s’emploient impunément à opposer les Congolais les uns aux autres, à des fins de positionnement politique ou de dividendes économiques. Et enfin l’impunité dont jouissent leurs auteurs matériels ou moraux, voire la banalisation qui entoure ces violences, notamment de la part du gouvernement en place, note ce mouvement citoyen.
Les activistes de LUCHA sont sidérés par les incessants décomptes macabres qui parviennent du Nord-Kivu où des «leaders» véreux des communautés Nande et Hutu continuent à alimenter des massacres de civils dans les deux communautés par groupes armés interposés.
« Nous sommes outrés par la persistance des violences gratuites entre les membres des communautés Luba et Twa dans la province du Tanganyika. Nous sommes révoltés autant par la violence des miliciens du chef Kamuina Nsapu et la présence d’enfants dans leurs rangs, que par l’usage disproportionné et indiscriminé de la force par l’armée censée maintenir l’ordre au Kasaï Central, comme l’illustrent des vidéos diffusées sur Internet ces derniers jours.
Nous sommes abasourdis par les déclarations xénophobes et haineuses du leader Kongo, Ne-Mwanda Nsemi, et une fois encore par l’usage excessif de la force contre les adeptes de sa secte »tance Lucha dans son communiqué.
Par ailleurs, LUCHA est extrêmement préoccupé par la résurgence du M23 au Nord-Kivu. Ce qui frise une manœuvre délibérée pour rendre impossible l’organisation rapide des élections et l’avènement de l’alternance politique tant attendue par les Congolais.
Appel aux partenaires de la RDC
Face à la spirale de la violence dont la RDC est le théâtre aujourd’hui, LUCHA invite le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Union Européenne(UE), les USA, le gouvernement Belge, ainsi que tous les autres partenaires impliqués dans la réforme du secteur de sécurité congolais à suspendre leur assistance financière, technique ou de toute autre nature aux unités FARDC impliquées dans les violations des droits de l’Homme.
La Lucha demande par ailleurs à la hiérarchie militaire de procéder au changement du commandement des opérations dans le Kasaï Central et à l’interpellation de tous les officiers impliqués dans la répression sanglante et l’usage disproportionné de la force à la base de plusieurs dégâts humains pourtant évitables.
Privilégier les voies pacifiques
Ce mouvement citoyen appelle les partisans de Kamuina Nsapu à privilégier les moyens pacifiques et à s’abstenir de recourir à des actes de violence comme moyen de faire entendre leurs revendications. La Lucha rappelle à leur intention que l’utilisation des enfants dans des conflits armés ainsi que leur participation à des actes de violence ou leur utilisation comme boucliers humains constituent des crimes de guerre hautement condamnables et leurs commanditaires ne resteront pas impunis.
S’agissant de la situation sécuritaire au Nord Kivu, Lucha dénonce les tireurs de ficelles qui attisent et alimentent les violences sur base ethnique ou identitaire dans la poursuite égoïste des objectifs politiques et électoralistes, ou économiques (contrôle de la terre et d’autres ressources naturelles).
Ils doivent savoir qu’ils ne resteront pas à jamais impunis.
Lucha demande que Ne-Mwanda Nsemi soit poursuivi et jugé, dans le respect des règles internationales, pour ses appels à la haine et à la violence. De même que les responsables de la répression aveugle contre la secte Bundu dia Kongo.
Enterrer la hache de la guerre
Concernant les violences dans le Tanganyika, la Lucha appelle les communautés Luba et Twa à enterrer la hache de guerre et à faire valoir leurs revendications pacifiquement.
LUCHA exhorte enfin les politiciens et autres leaders qui tirent les ficelles à mettre fin à leurs pratiques.
Par Godé Kalonji