Par l’entremise de sa directrice en charge de l’Afrique Centrale Ida Saywer : HRW salue la mémoire d’Etienne Tshisekedi
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Surnommé le « Sphinx de Limete », Tshisekedi était devenu un symbole de la résistance pacifique et de la lutte pour la démocratie en RD Congo. Pour Ida Saywer , directrice à Human Rigths Watch (HRW) en charge de l’Afrique centrale, Etienne Tshisekedi était l’un des rares hommes politiques congolais à avoir régulièrement été du côté de l’opposition pendant les trois dernières décennies, prenant la tête de la résistance pacifique, d’abord contre le dictateur Mobutu avant de s’opposer au président Laurent Kabila, puis à son fils, l’actuel président Joseph Kabila.
Elle note qu’à la suite de l’élection présidentielle de 2011, caractérisée par une fraude généralisée et par une violente répression, de nombreux Congolais étaient convaincus que Tshisekedi était le véritable vainqueur, bien que selon les résultats officiels, il n’avait obtenu que la deuxième place avec 32% de voix. Tshisekedi n’a jamais reconnu officiellement la victoire de Kabila, renchérit Ida.
Pour la Directrice en charge de l’Afrique centrale à HRW, Tshisekedi était également l’un des rares, sinon le seul dirigeant politique congolais, à pouvoir mobiliser des foules dans la rue.
A son retour à Kinshasa en juillet dernier, après un séjour de deux ans à l’étranger pour suivre des traitements médicaux, des centaines de milliers de personnes s’étaient assemblées pour l’apercevoir et l’entendre parler.
Malgré son âge et une santé déclinante, c’est pour une large part grâce au sens du leadership de Tshisekedi et à sa volonté d’accepter des alliances que l’opposition est demeurée à peu près, et exceptionnellement, unie dans sa lutte en 2016 pour résister aux efforts de Joseph Kabila de prolonger sa présidence à la tête de l’Etat au-delà de deux mandats autorisé par la constitution, qui ont expiré le 19 décembre 2016, note–t- elle.
Œuvre de Tshisekedi
Le dialogue ouvert sous la médiation de l’Église catholique à la fin de l’année dernière a été marqué du sceau de la légitimité pour une large part grâce à l’approbation de Tshisekedi et à la participation de son parti, l’UDPS, et du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement qu’il présidait.
Ceci, note Ida, a conduit à la signature, à la veille du Nouvel An, d’un accord qui a permis de désamorcer une situation potentiellement explosive et de placer ostensiblement la RDC sur la voie de nouvelles élections en décembre 2017. Cependant, la mise en œuvre de cet accord a été jusqu’à présent extrêmement lente, ce qui sème des doutes quant à la volonté réelle de Kabila et de ses partisans d’organiser ces élections, regrette–t-elle.
En effet, Etienne Tshisekedi devait diriger un conseil chargé de superviser la mise en œuvre de l’Accord et l’organisation des élections. Il est désormais difficile d’imaginer qui va pouvoir remplir le vide créé par son décès, et il reste à voir si l’opposition se révèlera capable de sauvegarder assez d’unité et de légitimité pour faire appliquer l’Accord et maintenir la pression sur Kabila, s’interroge la Directrice en charge de l’Afrique à HRW.
Pour Ida Saywer, la meilleure manière pour les dirigeants politiques de la RDC de rendre hommage à Etienne Tshisekedi serait peut-être de placer les intérêts du pays au-dessus de toute autre considération et de travailler ensemble pour réaliser ce dont il a longtemps rêvé : une transition politique réellement pacifique et démocratique.
Par Godé Kalonji