A travers son Rapport de suivi 2016 publié hier : La Banque mondiale révèle les causes de la crise économique congolaise
Partager
La baisse de la cours des matières premières, ainsi que celle de demande des mêmes matières par la Chine, ensemble avec le ralentissement des réformes et la situation politique, constituent les vraies causes pouvant justifier cette crise, qui cependant est curable pourvu que l’Etat congolais assure la mobilisation des recettes dans le secteur minier!
La Banque mondiale a procédé à la présentation du «Rapport de suivi de la situation économique et financière de la RD Congo» hier mercredi 1èr février 2017 à Roméo-Golf, dans la commune de la Gombe, à Kinshasa. Pour sa quatrième édition, le rapport aborde le «Choc exogène, stabilité macroéconomique et développement: Options de politique économique».
Des autorités congolaises, députés nationaux et membres du gouvernement central, notamment le vice-ministre des Finances, Tharcisse Loseke qui a même clôturé la rencontre, ont pris part à la cérémonie. Mais auparavant, c’est le directeur des Opérateurs des Options de la Banque mondiale en RD Congo, Amadou Moustapha N’diaye, qui a procédé à l’ouverture de la cérémonie.
Il a ainsi relevé le fait que cette nouvelle édition de 2017 reflète un contexte économique déprimé qui confirme la crise économique et financière dans laquelle est plongée la RD Congo. Alors que lors le rapport précédent avait montré des performances macroéconomiques positives du pays, bien que cette économique congolaise présentait, au même moment, des vulnérabilités.
Pour le directeur de la Banque mondiale, la RD Congo traverse, aujourd’hui, une crise économique dans un contexte politique particulier de son histoire. Amadou M. N’diaye a aussi relevé que, «cette crise constitue une opportunité pour les acteurs politiques et économiques du pays de rechercher et de mettre l’accent sur des politiques pertinentes susceptibles de renforcer la résilience de l’économie du pays». Le rapport est une analyse susceptible de mieux conseiller sur les politiques publiques et de mieux orienter le soutien de la Banque mondiale en faveur de la RD Congo.
Messages-clés du rapport
C’est l’économiste en chef pour la RDC de la Banque mondiale, Emmanuel Pinto-Moreira, qui a confirmé que le pays de Kabila est pour le moment en crise, mais qui est curable. Il a, à cet effet, avancé les raisons de la crise. Outre l’économique congolaise fait face à un choc exogène, il y a aussi les règles budgétaires contraignantes avec comme conséquence notamment la dépréciation du taux de change.
Il y a aussi les réserves internationales qui ne sont pas très fortes. Alors qu’il faut avoir trois mois de réserves internationales, conformément aux exigences des institutions de Breton Wood, la RD Congo dispose juste de trois semaines, même pas huit semaines comme en 2015, époque où les performances de l’économie congolaise étaient vantées.
Les autres raisons sont la baisse de la cours des matières premières au niveau international. A ce niveau, les raisons spécifiques ont été également retenues pour justifier la baisse de la demande de ces matières premières par la Chine, qui consomme, à elle seul, 40% des produits miniers exportés au pays de Mao Tsé-toung. Sans oublier le ralentissement des réformes entreprises au pays et la situation politique qui oblige les investisseurs de demeurer dans une situation d’attente.
Les perspectives mitigées constituent un autre message clé du rapport, par lequel, selon l’expert, la croissance peut reprendre en 2017 dans le pays, mais qui ne va pas avoir plus d’impact compte tenu de la situation actuelle que traverse la RD Congo.
Il y a cependant des risques, si la Chine, qui est la grande consommatrice des matières premières en provenance de la RD Congo adopte pour le rééquilibrage de sa croissance pour ne plus dépendre d’autres pays. Pour Emmanuel Pinto, «la relance de la cours des matières premières ne viendra pas si facilement», c’est là une raison des risques des perspectives pour le pays.
Le dernier message clé selon cet expert de la Banque mondiale est de pousser le pays vers les programmes des institutions de Breton Wood afin d’amener un certain équilibre dans la situation économique de la RD Congo. Une chose est vraie, ce que le choc est tellement grand qu’il faut que l’Etat congolais arrive à réduire les dépenses.
A ce niveau, il est important de procéder à la mobilisation des recettes dans le secteur minier qui présente plus d’opportunité que les autres secteurs, de procéder aux règles fiscales et de disposer des fonds de stabilisation pour le pays. Ce qui avait permis à beaucoup de pays de sortir des situations de crise où ils étaient plongés.
Réforme du Code minier
Dans le rapport, il a été conseillé au gouvernement congolais de procéder à la «réforme du code minier» au niveau du parlement qui peut permettre à la RD Congo de vite relancer sa situation économique et financière. Pour Emmanuel Pinto M., «il n’y a pas d’avenir économique, s’il on ne s’attaque pas au problème de réforme de Code minier».
Présentation proprement-dit du rapport
Un autre expert de la Banque mondiale, Chadi Bou-Habib, économiste principal pour la RD Congo, a procédé à la présentation proprement-dite de ce «Rapport de suivi de la situation économique et financière de la RDC», dont la première partie relève le «Développement économique récent», alors que la deuxième partie s’emploie à «renforcer la connectivité du pays, la dépense publique dans les infrastructures routières».
Dans la première, il a abordé des performances macroéconomiques encore solides de la RDC, mais les vulnérables s’accroissent ainsi que de construire la résilience et la crédibilité du cadre macroéconomique à travers un fonds de stabilisation. L’Etat et rôle économique des infrastructures routières en RDC et le financement du réseau routier national présentant des défis importants ont été abordés dans la deuxième partie.
Concernant la connectivité des infrastructures routières, un dernier expert, Alexandre Dossou, spécialiste des transports, est intervenu pour dire que la RD Congo est essentiellement multimodal (transport aérien, routier, fluvial et autres).
Mais seulement en RD Congo, le réseau routier est en dessous du minimum, les routes sont dans un état de dégradation très avancée. Il a déploré le déficit en ce qui concerne l’entretien routier, bien que le pays dispose des structures qui ont la mission d’entretenir et construire les routes, le cas du FONER (Fonds national d’entretien routier).
Mais avant la clôture de la cérémonie de présentation de ce rapport de la banque sur la RD Congo par le vice-ministre des Finances, des participants sont intervenus pour relever que la RD Congo doit procéder à la diversification de son économie.
Certains ont même soutenu que l’Etat congolais peut investir dans l’énergie ou encore dans l’eau, des secteurs qui représentent plusieurs opportunités de mobiliser les ressources financières.
Par Lucien Kazadi Tshibambe