Dans un mémo remis à la délégation de la CENCO en mission à Lubumbashi : La décrispation politique toujours réclamée
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L’IRDH souhaite voir les victimes de répression rétablies dans leurs droits
L’Institut de Recherche en Droits Humains (IRDH), une organisation non gouvernementale de défense et de promotion des droits de l’homme basée à Lubumbashi, dans la province du Haut-Katanga, soutient les efforts de la Conférence Nationale Episcopale du Congo (CENCO) de faciliter la décrispation politique, l’une des mesures convenues, en plus des arrangements particuliers de partage de pouvoir en période de transition, de l’accord politique inclusif du 31 décembre 2016.
En effet, dans le cadre du suivi de la mise en œuvre dudit accord, l’Institut a remis un mémorandum à la délégation des évêques en mission à Lubumbashi en mettant en exergue les causes de la crise politique dans le Haut-Katanga.
Pour l’IRDH, ces mesures de décrispation politique devront permettre la fin de l’instrumentalisation de la justice contre des opposants politiques, la restriction des libertés de la presse libre, d’expression d’opinions politiques contraires au parti au pouvoir et des manifestations publiques, des arrestations arbitraires et détentions illégales, ainsi que la brutalité policière.
Dans le cadre de réparation, l’IRDH estime que ce point devrait réconcilier les dirigeants avec la population, expressément les familles des victimes anonymes tuées par balles, dans les quartiers populaires de la commune de Katuba (quartier Matshipisha), commune de Lubumbashi (Quartier Gécamines et Kisanga), commune de Kenya, et dans le territoire de Sakania (quartier Kasumbalesa/Frontière).
Concernant l’instrumen-talisation de la justice, l’IRDH souhaite que la CENCO fasse œuvre utile en allant au-delà du cas illustratif et emblématique de Katumbi Chapwe Moïse suffisamment dénoncé par la juge Ramazani Wazuri Chantal qui avait prononcé, sous contrainte, le jugement de condamnation. Sans oublier les dossiers Muyambo Kyassa Jean-Claude et Kyungu Wa Kumwanza Gabriel que leurs groupes politiques ont suffisamment dénoncés.
Désengorger la prison de Kasapa
l’IRDH invite les évêques à se rendre à la prison de Kasapa où sont enfermées des personnes concernées dans des dossiers politiques moins médiatisés. A titre illustratif, il cite le professeur Mulongo Kalonda Kampata Huit, ancien directeur de cabinet du gouverneur Katumbi, stratège du Rassemblement et du Front Citoyen, condamné par le Tribunal de Garnison de Lubumbashi à trois ans de prison, en août 2016, pour détention d’arme à feu dont il possède une autorisation.
Il y a aussi le cas Lyonde Mateso Patrick, bourgmestre de la commune de Kenya, poursuivi et condamné en flagrance, le 30 août 2016, pour « avoir autorisé la manifestation du regroupement politique : Le Rassemblement », avec onze membres dudit groupe politique.
Il s’agit également de madame Tshola Kanday Aniece, Zongwe Kiluba, Kasongo Kabamba Denis, Tshiswaka Mbuyi Christian, Nkuba Mukinayi, Mukupa Denis, Kasongo Mwamba André, Kayembe Kisimba Elie, Mpoyi Milenda, Mukanda Salumu et Irung Kongal Pitchou.
Egalement Mufuta Médard et consorts ou Affaire de la Rébellion de Matshipisha, dont quinze manifestants contre le prolongement du mandat du Président Kabila, ont été condamnés par le Tribunal de Grande Instance de Lubumbashi, le 28 décembre 2016.
Concernant l’atteinte à la liberté de la presse, l’IRDH pense que la délégation de la CENCO devrait parler avec l’exécutif provincial, afin de mettre en œuvre la mesure d’ouverture des medias. Il s’agit de Radiotélévision Lubumbashi Jua (RTLJ), Radio Télé Nyota (RT NYOTA), Télévision Mapendo, la Voix du Katanga (V-Kat).
S’agissant des restrictions des libertés publiques, l’Institut prie la délégation de la CENCO de rappeler au commissaire provincial de la Police Nationale Congolaise (PNC) le droit de manifester publiquement, garanti à toute personne, dans le respect de la loi. En cas d’appel au maintien de l’ordre public, la PNC ne doit pas utiliser des armes à feu contre la population comme elle l’a fait en septembre et décembre 2016.
Par ailleurs, l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) n’est pas légalement autorisée à poursuivre des citoyens pour des infractions quelconques. Ce travail est dévolu aux cours et tribunaux.
Trop d’arrestations arbitraires et détentions illégales
L’IRDH prie la délégation de la CENCO de s’entretenir avec le gouverneur de province et les membres du Conseil de sécurité provincial sur les dossiers des personnes en détention illégale à l’ANR, afin de les libérer ou les transférer devant un magistrat. A titre illustratif, que l’ANR remette à Maître Tshiswaka son passeport retenu illégalement, depuis mai 2016.
Par Godé Kalonji