OPEP: le baril de pétrole sur la voie des 60 dollars
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Onze producteurs d’or noir hors OPEP suivent les treize du cartel sur la baisse de production
Deux ans après avoir décidé de jouer la politique des vannes ouvertes qui a inondé le marché de brut et entraîné la chute des cours, les producteurs de pétrole sont revenus à une stratégie plus classique de recherche du juste prix.
Les treize membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s’étaient entendus le 30 novembre, à Vienne, pour réduire leur production de 1,2 million de barils par jour (sur près de 34 millions) du 1er janvier au 30 juin 2017, un semestre qui pourra être prolongé si le marché ne se rééquilibre pas.
Réunis samedi 10 décembre dans la capitale autrichienne, les représentants de onze producteurs non membres du cartel et les dirigeants de l’OPEP sont tombés d’accord pour que les « non-OPEP » participent à une baisse de 558 000 barils par jour.
Il a fallu près d’un an pour arriver à ce double consensus. Les pourparlers avaient en effet été lancés en février 2016, quand le baril était descendu sous la barre des 30 dollars (28,40 euros), faisant souffler un véritable vent de panique.
L’opposition entre les Saoudiens et les Iraniens – Téhéran refusant une baisse ou même un gel de sa production – avait néanmoins fait capoter la réunion de Doha (Qatar) en avril. Quant aux Russes, ils faisaient de l’accord au sein de l’OPEP un préalable à leur engagement de réduire leur production.
Accord historique, mais…
La première inconnue reste l’application de l’accord. Les marchés semblent désormais convaincus de la bonne volonté de la Russie et des pétromonarchies du golfe arabo-persique, qui assureront près des deux tiers de l’effort.
Mais sur les 17 baisses annoncées par l’OPEP depuis 1982, le cartel n’a respecté ses objectifs qu’à 60 % en moyenne, selon la banque Goldman Sachs. « Nous avons tendance à frauder », a récemment reconnu Ali Al-Naimi, l’ex-ministre saoudien du pétrole, en évoquant le comportement de l’organisation. Seconde inconnue :
la réaction des pétroliers américains exploitant les shale oil. Riyad estime qu’en 2017, ils ne répondront pas à la hausse des prix par un surcroît de production qui ferait à son tour retomber les cours.
Une analyse réfutée par les experts de Golman Sachs, qui constatent la forte remontée du nombre de plates-formes de forage en activité depuis juin. Ils estiment que ces producteurs pourraient remettre 800 000 barils sur le marché l’an prochain, ce qui ferait retomber les cours autour de 55 dollars.
D’autant que le président élu, Donald Trump, a réitéré sa volonté de libérer la production des carcans fiscaux et environnementaux.
(Jean-Michel Bezat Le Monde)