Sanctions ciblées contre des proches de Joseph Kabila : L’UE se prononce ce lundi sur la RDC
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Sauf imprévu, c’est ce lundi à Bruxelles que le Parlement européen adoptera des sanctions ciblées à l’endroit de sept hauts responsables de la RDC accusés d’entraver le processus démocratique
Les échos qui nous parviennent du Parlement européen au sujet de la crise politique qui secoue la République démocratique du Congo font état des sanctions ciblées qui seront bientôt prises à l »endroit de certains dirigeants congolais. Sanctions comprenant le gel des avoirs et l’interdiction de séjour dans un pays de l’Union Européenne.
Selon un diplomate, ces sanctions ciblent essentiellement des responsables sécuritaires et devraient, selon cette source, être adoptées ce lundi 12 décembre, à l’occasion d’une réunion à Bruxelles des ministres des Affaires étrangères.
Au Parlement européen, les mesures envisagées étaient déjà prêtes, mais la décision finale doit être prise par les ministres qui vont se réunir ce lundi dans la capitale belge. De la capitale belge on apprend que plusieurs ministres européens souhaitent attendre le 20 décembre, date marquant officiellement la fin du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête du pays.
Histoire aussi de suivre l’évolution de la médiation menée par la Conférence Episcopale Nationale du Congo(CENCO), pour voir si elle peut déboucher sur une sortie de crise.
L’UE pour une transition sans Kabila
Le flou plane encore sur les intentions réelles de J.Kabila, qui est au pouvoir depuis 15 ans et à qui la Constitution interdit de se représenter. L’élection présidentielle qui devait être organisée cette année pour élire son successeur n’a jamais eu lieu, par la volonté du pouvoir en place.
Ce que l’Opposition réunie derrière Etienne Tshisekedi à travers le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement dénonce depuis plusieurs mois.
Normalement, les négociations en cours à Kinshasa devront aboutir à l’installation d’un gouvernement de transition jusqu’à l’organisation d’élections en bonne et due forme. Mais, en optant pour des sanctions individuelles contre des proches du président Kabila, l’Union européenne qui est pour l’organisation rapide du scrutin présidentiel en RDC, c’est-à-dire au plus tard en 2017, pourrait ainsi ses menaces du mois d’octobre en exécution.
Plusieurs capitales occidentales dont celles de l’UE ont brandi la menace des sanctions ciblées contre les autorités congolaises accusées de graves violations des droits de l’homme ou qui feraient obstacle à une sortie de crise consensuelle, pacifique et respectueuse de l’aspiration du peuple congolais à élire ses représentants.
Emboiter le pas aux Etats-Unis
Parmi les sept personnalités congolaises ciblées, certaines ont joué un rôle prépondérant dans la répression meurtrière des manifestations des 19 et 20 septembre 2016 à Kinshasa en marge d’une manifestation d’un rassemblement de l’opposition. Une cinquantaine de personnes avaient été alors tuées, selon plusieurs organisations des droits de l’homme et l’ONU.
Dans un communiqué publié vendredi dernier, plusieurs ONG internationales, parmi lesquelles Human Rights Watch (HRW), la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et même Reporters sans frontières (RSF) appellent l’UE à emboiter le pas aux Etats-Unis dont les sanctions, selon ces ONG, ont eu un effet dissuasif notable.
Les enquêtes menées par HRW ont accablé quelques personnalités à Kinshasa concernant la répression des manifestations pacifiques organisées par l’Opposition et la société civile.
Il s’agit du directeur de l’Agence Nationale de Renseignements Kalev Mutond,
le général Ilunga Kampete,commandant en chef de la Garde républicaine ;
le général Gabriel Amisi, commandant de l’armée dans la région occidentale du pays (alias » Tango Four « ),
le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur Évariste Boshab et le général Célestin Kanyama, commissaire de police de Kinshasa. St/Appel à sanctionner de hauts responsables en RDC
Les ONGDH appellent à des sanctions exemplaires
L’Union européenne et les Etats-Unis devraient étendre les sanctions ciblées contre les principaux responsables de la récente répression violente et d’autres violations graves des droits humains en République démocratique du Congo, a déclaré samedi dernier une coalition de 72 organisations congolaises et 15 organisations internationales de défense des droits humains.
A une semaine de la date butoir du 19 décembre 2016 marquant la fin constitutionnelle du second et dernier mandat du Président Joseph Kabila, celui-ci n’a toujours pas pris l’engagement clair de se retirer du pouvoir. Au contraire, le pouvoir décadent a intensifié des actions répressives contre les activistes pro-démocratie, l’opposition politique, les manifestants pacifiques et contre les médias.
C’est sans doute ce qui a poussé plusieurs eurodéputés au Parlement européen à opter pour des sanctions ciblées contre des proches de l’actuel chef de l’Etat congolais. Ces sanctions porteront, entre autres, sur des interdictions de voyage sur l’espace européen, le gel des avoirs et le blocage des comptes bancaires et des transactions financières liés aux individus.
» Le président Kabila et les fonctionnaires congolais doivent recevoir un message fort leur montrant que la violation des droits des Congolais coûte cher aux personnes responsables. Il est crucial pour la stabilité, l’Etat de droit et le respect des droits humains fondamentaux en RD Congo et dans l’ensemble de la région d’agir maintenant pour empêcher que la situation en RD Congo ne devienne incontrôlable. « , a déclaré Ida Sawyer, chercheuse senior Afrique à Human Rights Watch.
Les organisations internationales signataires de cet appel sont entre autres, Agir Ensemble pour les Droits de l’Homme (AEDH),Ecumenical Network Central Africa (OENZ),The Enough Project, European Network for Central Africa (EurAc),Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (FIACAT),Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), Global Centre for the Responsibility to Protect, Global Witness, Human Rights Watch, Never Again Coalition, PAX, Protection International, Reporters sans Frontières/Reporters Without Borders, Save the Congo, World Organisation Against Torture (OMCT) . Parmi les organisations congolaises favorables aux sanctions ciblées figurent Action Chrétienne Contre la Torture (ACAT) – RDC, Action d’Aide aux Survivants de la Torture (AAST/Relève), Action de Solidarité de Femmes pour la Femme et l’Enfant (ASOFFE), Action pour la Bienveillance Humanitaire (AB/ Humanitaire).
Par G.K.M.