Après 4 ans et demi à la Primature : Matata Ponyo termine moins bien qu’il avait commencé
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Avec un budget 2016 revu à la baisse à deux reprises, «l’homme de la stabilité macroéconomique» quitte l’hôtel du gouvernement en laissant le social du peuple congolais précaire!
Augustin Matata Ponyo a démissionné, depuis le lundi 14 novembre dernier, de ses fonctions de Premier ministre, un poste du chef du gouvernement qu’il a occupé pendant 4 ans et demi. Cet homme, qui passait pour un des rares technocrates du pays et un fin gestionnaire, a quitté la Primature plus bas qu’il avait commencé avec un budget national revu à la baisse à deux reprises.
Il s’est conformé ainsi à l’«Accord politique» issu du Dialogue de la cité de l’union africaine, signé la Majorité et une partie de l’Opposition politique dans le pays, afin de laisser la place à un nouveau Premier ministre, dont la mission est d’organiser les élections en RD Congo d’ici 18 mois.
Réformes pour accompagner l’action de ce gouvernement
A son arrivée à la Primature, Matata Ponyo avait mis en place, pour l’année 2012, son premier budget de 7 milliards de dollars américains. Ce sont d’ailleurs, les députés nationaux qui avaient revu à la baisse ce budget, d’un milliard de dollars américains.
Pour 2013, le projet de loi de finances a été élaboré dans l’optique de mise en œuvre du programme d’actions du gouvernement approuvé par l’Assemblée nationale en mai 2012. S’était dans le cadre de la stratégie budgétaire de la mandature et la trajectoire des finances publiques 2012-2016.
C’est ainsi qu’il avait pris en compte le développement à l’époque de la situation politique, sécuritaire et diplomatique du pays, qui avait exercé une influence sur l’exercice 2013 et avait mis en perspective les réformes essentielles et prioritaires pour accompagner l’action de ce gouvernement.
Ainsi, le budget 2013 avait situé les recettes à 6.973,9 milliards de FC contre des dépenses de l’ordre de 7.078,2 milliards de FC, soit un gap de 104,3 milliards des FC pour lequel un financement est à rechercher au cours de l’exercice.
Aussi, l’élaboration de ce budget était faite au moment où le pays était confronté à une situation de guerre dans sa partie Est. Il était même prévu qu’une partie de ce budget 2013 supporte les élections sénatoriales et provinciales proclamées à l’époque par la CENI (Commission électorale nationale indépendante).
En 2014, l’Assemblée nationale avait voté un budget, qui d’ailleurs était revu à la baisse au niveau de cette institution législative, de 8,9 milliards de dollars américains. Une amélioration a été constatée de près de 739 130 dollars américains par rapport au budget initial présenté par le gouvernement Matata Ponyo.
Cette augmentation a été réalisée et présentée dans le rapport de la commission Economique et financière de l’Assemblée nationale qui a amendé le projet du gouvernement conformément aux prescriptions des députés.
Un contexte difficile
L’avant dernier budget de Matata Ponyo, pour l’année 2015, qui avait avoisiné les 9 milliards de dollars américains. «Le budget de l’État congolais n’était que de 300 millions de dollars américains. Aujourd’hui, nous avons un budget qui avoisine les 9 milliards de dollars américains.
Donc, c’est des progrès qui sont réalisés. Nous devons en tenir compte», s’était vanté l’homme de la Troïka stratégique à cette époque, même s’il avait reconnu que ce budget restait modeste par rapport aux potentialités de la RDC.
Il avait encore soutenu, que «c’était pour la première fois, depuis des dizaines d’années, qu’un projet de budget est déposé au cours du mois de septembre. Des efforts sont en train d’être fournis progressivement et nous pensons que, dans les exercices budgétaires prochains, le gouvernement devrait davantage se positionner dans le temps imparti».
Le dernier budget du Premier ministre Matata Ponyo, de 2016 était chiffré à environ 8 milliards dollars américains. Et pourtant, l’année dernière, soit 2015, le gouvernement avait déposé un projet de budget estimé à 9,09 milliards de dollars américains. C’était une baisse d’environ un milliard de dollars américains.
Le budget 2016 s’inscrivait dans un contexte difficile, caractérisé par la baisse du cours des matières premières. La tonne métrique du cuivre passait d’un peu plus de 7 000 dollars à environ 5 000, avait fait savoir ce Premier ministre. Pour lui, l’économie congolaise était beaucoup liée au cours du cuivre.
On lui reproche de n’avoir pas anticipé devant les chocs venant de la baisse du cours des matières premières à travers le monde, alors qu’il tenait chaque semaine en réunions sur la situation économique du pays. Il était ainsi entouré régulièrement des ministres en charge de Budget, Economie, Finances ainsi que du gouverneur de la Banque centrale du Congo.
Une situation ayant empiré
Ainsi, « l’homme de la stabilité macroéconomique » quitte la Primature avec «un bilan tout à fait mitigé». Après un log moment de stabilité macroéconomique, le social du peuple congolais est resté précaire.
Une situation qui a empiré au départ de Matata Ponyo de la Primature, avec une monnaie nationale qui ne cesse de se déprécier chaque jour qui passe, ainsi que les prix des produits de première nécessité qui prennent de l’ascenseur.
Fonctionnaire à la Banque centrale, membre de cabinet au ministère des Finances, directeur du BCECO (Bureau central de coordination), ministre des Finances, chef de gouvernement, Matata Ponyo laisse quand même quelques réalisations :
la construction des écoles, la revalorisation du secteur des transports avec la création de nouvelles sociétés comme ma TRANSCO et CONGOAIRWAYS sans oublier la réhabilitation des bateaux et autres barges. Il a été plus à l’aise comme technocrate.
Par Lucien Kazadi T.