Respect de la Constitution : Coup sur coup, Hollande recadre Kabila
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Pour le président français, si son homologue congolais promet d’observer la loi-fondamentale dans toutes ses dispositions, il devra quitter le pouvoir le 19 décembre prochain, au terme de son mandat
L’adresse du chef de l’Etat Joseph Kabila devant le Congrès n’a laissé personne indifférent. Autant qu’il y a eu des réactions en sens divers dans l’opinion nationale, selon que l’on soit de la Majorité présidentielle ou de l’Opposition, autant des partenaires et pays amis de la République démocratique du Congo ont commenté les propos du Raïs. Les uns l’ont fait devant les caméras, les autres, plus diplomates, en dehors de celles-ci.
En effet, alors qu’il se trouvait à Marrakech, au Maroc, dans le cadre de COP22, le président français, François Hollande, interviewé par TV5Monde et France24, a recadré Joseph Kabila quelques heures seulement après son passage au Palais du peuple pour présenter son bilan de ses 15 ans de règne au sommet de l’Etat.
A cette occasion, le président congolais a promis de respecter la Constitution dans toutes ses dispositions, et que son avenir politique, ainsi que de toutes les institutions, sont déjà réglées de manière satisfaisante par la Constitution.
En réaction à ces propos, le numéro un français a réaffirmé son intransigeance pour le respect de la Constitution en République démocratique du Congo. « Le respect de la Constitution congolaise doit correspondre avec une fin de mandat présidentiel », a-t-il dit.
En clair, il s’agit purement et simplement d’une interprétation faite par Hollande, estimant que le respect de la Constitution devrait s’harmoniser avec le respect de la durée des mandats. Et cette même Loi fondamentale met fin à l’exercice du pouvoir de Joseph Kabila le 19 décembre 2016 à minuit.
Le président français s’attire la colère de la MP
Cette sortie médiatique du président français sur la RDC est jugée « inacceptable », « injustifiée » et « néocolonialiste » par certains sbires de la Majorité présidentielle, mais salutaire par les opposants au régime en place. Pour le secrétaire général du Mouvement social pour le renouveau (MSR/MP), François Rubota, la « France cherche à comploter contre la RDC ».
Et de poursuivre, « j’ai suivi la déclaration de François Hollande. Je dois vous avouer que c’est sans amertume ni étonnement.
Les présidents européens n’ont pas le temps de lire notre Constitution. Parce que si Hollande l’avait lue, il aurait compris qu’elle est respectée jusqu’à ce jour. Le même président avait dit, pour ce qui est du Congo-Brazza, qu’il appartient au président Sassou de consulter son peuple pour changer la Constitution, sans que cela ne pose problème.
Pour ce qui est du Rwanda, Kagame peut également rempiler jusqu’en 2034… ». Visiblement, ce cadre de la MP voudrait voir son autorité morale tripler, voire quadrupler son mandat, comme le font tous les voisins de la RDC. Pourtant, Kabila promet de respecter la Constitution qui ne lui donne droit qu’à deux mandats.
Si le référendum est constitutionnel, malheureusement, certains articles de la loi-fondamentale ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle. Par exemple, ceux ayant trait au nombre et la durée du mandat du président de la République.
De son côté, depuis Paris où il séjourne, le secrétaire général de la Démocratie chrétienne (DC), Freddy Kita, enfonce le clou en soutenant que « le 19 décembre, si Kabila ne quitte pas le pouvoir, il verra le peuple sur son chemin ». Il faut signaler que les relations diplomatiques entre la RDC et la France ne sont plus bonnes depuis un temps, de même qu’avec la Belgique et les Etats-Unis de Barack Obama.
La coupure du signal de la Radio France Internationale (RFI), depuis le 11 novembre dernier, un média français qui arrose la RDC, n’a pas été bien digérée par les Champs Elysées. De même que le brouillage du signal de Radio Okapi, un des instruments des Nations-Unies.
En plus, dans son discours sur l’état de la nation, le président congolais a visiblement défié la communauté internationale dans certains de ses propos, alors qu’il y a peu, une délégation des membres du Conseil de sécurité était à Kinshasa pour discuter sur la situation de crise en RDC.
Selon le programme, ces diplomates ont rencontré le président Joseph Kabila au Palais de la Nation, avant de voir d’autres personnalités du pays.
Par Godé Kalonji