Manifestations des 19 et 20 septembre dernier : Le rapport de l’ONU accable les services de sécurité de la RDC
Partager
L’enquête onusienne fait état d’au moins 53 morts, la plupart tués par balles !
Dans un rapport rendu public le vendredi 21 octobre 2016 par le Haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme(HCH), l’ONU accuse la police, l’armée et la garde républicaine en République démocratique du Congo (RDC) d’avoir fait un usage excessif de la force lors des manifestations organisées par l’opposition à Kinshasa au mois de septembre dernier. Manifestations au cours desquelles au moins 53 personnes ont péri, la plupart fauchées par des balles, et 143 personnes ont été blessées et plus de 299 personnes ont été arrêtées illégalement, selon l’enquête préliminaire des Nations Unies.
L’enquête menée par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) a documenté 422 victimes de violations des droits de l’homme, dont des violations de droit à la vie, à l’intégrité physique, à la liberté et sécurité de la personne, et aux libertés de réunion pacifique et d’expression.
Interdits d’accès aux morgues officielles
Selon l’ONU, ces chiffres ne reflètent pas l’ampleur réelle des violations, étant donné que les équipes onusiennes se sont vues refuser l’accès aux registres officiels de certaines morgues et hôpitaux publics ainsi qu’à plusieurs centres de détention, dont deux établissements clés où la plupart de personnes arrêtées et de nombreux corps avaient été amenés.
Les enquêtes sont toujours en cours. Parmi les 53 personnes, dont sept femmes et deux enfants, dont la mort a été documentée, au moins 48 ont été tuées par des agents de l’Etat, dont des agents la Police nationale congolaise (PNC) et des militaires de la Garde républicaine (GR) et des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC).
Les auteurs présumés de la mort d’une femme et de quatre agents de la PNC ne sont toujours pas identifiés. Le rapport indique qu’une large majorité des victimes, 38 d’entre elles ont été tuées par balles. Beaucoup d’entre elles ont été touchées par balles soit à la tête, à la poitrine ou au dos, y compris une fille de cinq ans qui a été touchée dans le dos !
D’autres victimes ont été brûlées, poignardées, battues ou blessées par machette. Parmi les 143 blessés documentés, 75 ont été victimes de l’usage excessif de la force par des agents étatiques, alors que 68 ont été blessés par des auteurs non identifiés.
Des arrestations arbitraires
Le rapport fait état de harcèlement, d’arrestations et de détentions arbitraires de journalistes congolais et internationaux, ainsi que la destruction et le pillage des sièges de huit partis politiques. Le rapport documente également des cas de violence par des manifestants. Parmi les quatre policiers tués, trois ont été battus à mort et un brûlé vif.
Le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Maman S. Sidikou, exhorte les autorités congolaises à mener dans les meilleurs délais des enquêtes indépendantes, crédibles, impartiales et sur les violations graves des droits de l’homme documentées dans ce rapport.
Mettre fin à l’impunité
Maman Sidikou a fait part de ses préoccupations profondes concernant l’impunité générale qui prédomine dans le pays, soulignant les conclusions d’un autre rapport des Nations Unies publié vendredi qui révèlent qu’un très faible nombre d’agents de l’Etat, particulièrement de hauts gradés, et de chefs et autres éléments de groupes armés, sont poursuivis en justice et condamnés en RDC pour des violations des droits de l’homme.
« Un engagement politique fort est nécessaire pour garantir justice et réparation à toutes les victimes de violations sérieuses. Cela est particulièrement déterminant dans le contexte pré-électoral volatile que connait actuellement le pays, » a déclaré M. Sidikou.
« Une justice efficace est un facteur important de dissuasion pour prévenir de futures violations des droits de l’homme et constitue un fondement pour la paix et la stabilité.», a-t-il ajouté
Le rapport sur la lutte contre l’impunité cite un cadre juridique fragile et le manque d’indépendance et de ressources du système judiciaire comme des entraves importantes à la poursuite en justice des auteurs.
Le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a exprimé sa profonde inquiétude face au nombre croissant de violations des droits de l’homme commises par des agents de défense et sécurité de l’Etat au cours des derniers mois en RDC. Il a exhorté les autorités congolaises à prioriser la justice et à lutter contre l’impunité des violations des droits de l’homme.
Par Godé Kalonji