Asf compte organiser une conférence sur les réparations en Ouganda
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Du 26 au 27 septembre 2016, Avocat Sans Frontière (ASF) va organiser une conférence internationale sur la question des réparations en Ouganda. Cet événement constitue une première étape dans les discussions sur les réparations pour les atrocités des masses commises contre des civils en Ouganda au cours des cinquante dernières années. Ce sera l’occasion d’échanger sur les bonnes pratiques observées dans d’autres contextes et de formuler des recommandations avec des experts nationaux et internationaux.
En effet, les violences tourmentent l’Ouganda depuis la formation de son premier gouvernement en 1962. L’opposition perpétuelle entre le gouvernement ougandais et l’Armée de la résistance du Seigneur (Lord’s Resistance Army, LRA) a donné lieu a un conflit particulièrement virulent dans les années 1990 et en 2006, principalement dans les parties Nord et Est du pays.
Durant cette période, un large éventail de violations des droits de l’homme a été établi à l’encontre des civils, notamment la mise à mort, des mutilations, des viols, de l’esclavage sexuel, des destructions de propriétés et des enlèvements. Le conflit a également été marqué par l’enrôlement et l’utilisation de jeunes enfants dans le cadre des hostilités. Ces crimes ont eu une forte incidence sur la société ougandaise et le processus de guérison en Ouganda.
Depuis 2007, suite à l’accord de cessation des hostilités signé à Juba avec la LRA, le gouvernement ougandais a progressivement ouvert la voie vers la promotion de la réconciliation, la prévention de l’impunité pour les crimes graves et la justice pour les victimes de violations manifestes des droits humains. Par la suite, l’organisme Justice, Law and Order Sector a présenté au gouvernement l’ébauche d’une politique de justice transitionnelle, dans l’optique de dévoiler la vérité sur le passé, d’accorder des réparations à l’échelle nationale et de garantir la non-répétition des atrocités commises par le passé.
Par ailleurs, les autorités ougandaises ont institué une division spéciale au sein de la Cour suprême une chambre pour crimes internationaux (International Crimes Division, ICD) afin de juger les auteurs de génocides, de crimes contre l’humanité, de crimes de guerre et d’autres crimes internationaux.
» Pour la première fois dans l’histoire de l’Ouganda, les victimes sont en droit de participer aux procédures pénales et de demander réparation pour les préjudices subis du fait des crimes les plus odieux que le pays ait connus « , explique Mme Bako Jane Patricia, responsable du programme d’Asf à Kampala. Et d’ajouter : » Ce sujet est particulièrement d’actualité, à la veille du procès de l’ancien seigneur de guerre de la Lra, T. Kwoyelo devant l’Icd. Les autorités ougandaises seront également confrontées aux difficultés d’accorder des réparations à l’échelle nationale et de garantir la non-répétition des atrocités commises par le passé. Ces questions prennent tout leur sens, à l’heure où le pays s’efforce de stimuler son développement économique et social « .
C’est dans un tel contexte qu’Asf et Redress organisent une conférence internationale sur les réparations en Ouganda, avec la participation de spécialistes et d’acteurs tant nationaux qu’internationaux.
Cette conférence, qui se déroulera en deux jours, aura pour objectif d’identifier les difficultés liées à l’établissement et à l’exécution des réparations en Ouganda, de tirer des enseignements observés auprès d’autres pays, et de formuler les meilleures pratiques ainsi que des recommandations. La Conférence se tiendra à l’Imperial Botanical Beach Hôtel d’Entebbe, du 26 au 27 septembre 2016.
Par Carroll Madiya