Ce jeudi, sauf changement de dernière minute : Kodjo organise le Dialogue près du camp Tshatshi!
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Plusieurs observateurs voient dans le choix de ce camp militaire une manière de faire obstruction à la liberté d’expression et d’opinion des participants face aux tentatives du pouvoir de faire modifier la Constitution pour donner un troisième mandat à l’actuel chef d’Etat.
Sauf changement de dernières minutes, le dialogue national politique démarre ce jeudi 1er septembre 2016 à la cité l’Union Africaine(UA) située près du camp militaire Tshatshi, dans la commune de Ngaliema, sans la participation du rassemblement des Forces politiques et sociales acquises au changement. Cette principale frange de l’Opposition refuse de participer à ce forum tant que le pouvoir n’aura pas honoré les préalables présentés au facilitateur togolais Edem Kodjo.
C’est donc dans une confusion totale que le fameux dialogue politique va se tenir près du camp Tshatshi. Un site qui fait déjà peur à certains participants, quand on sait que la Cité de l’UA se situe à proximité d’un lieu qui n’inspire pas confiance non seulement à l’Opposition, mais aussi à la société civile. Car, les participants vont devoir s’exprimer dans un environnement habitué à la garde prétorienne (GR) de l’actuel chef d’Etat dont le second et dernier mandat à la tête du pays expire le 19 décembre prochain.
Outre le camp Tshatshi, ce dialogue non inclusif va se dérouler dans le voisinage du quartier général de la Défense, le ministère de la Défense nationale et Anciens combattants, non loin du camp Tshatshi où habitent les éléments de la Garde Républicaine (GR) communément appelée « Bana Mura ».
Une telle ambiance n’augure rien de bon pour la population congolaise qui rêve d’une alternance démocratique au sommet de l’Etat. Surtout que le Rassemblement des Forces Sociales et Politiques acquises au Changement a entretemps appelé à des actions pacifiques de contestation dès ce jeudi sur l’ensemble du pays pour dire non à ce forum de la division.
Cité de l’OUA préférée au Palais du peuple !
Pourquoi Edem Kodjo a-t-il préféré tenir ce forum près d’un camp militaire, alors que le palais du Peuple, cadre approprié pour ce genre de concertations politiques, est disponible, et que les députes et sénateurs sont actuellement en vacances parlementaires jusqu’au 15 septembre 2016 ? Nombreux sont les Congolais épris de paix qui se posent cette question et qui voient dans le choix de la cité de l’UA une certaine complicité du facilitateur à faire le jeu de ceux qui cherchent à violer la Constitution pour permettre à Joseph Kabila de se maintenir au pouvoir.
Députés et sénateurs étant encore en vacances, l’idéal aurait donc été de réunir les participants au palais du peuple, cadre où chaque participant pourra s’exprimer librement sur l’avenir politique du pays et sur certains sujets non inscrits à l’ordre du jour, mais que le facilitateur aurait l’intention d’imposer à l’agenda.
Le choix de cité par le facilitateur est donc perçu comme une volonté délibérée de ce dernier de faire obstruction à la liberté d’expression et d’opinions qui doit caractériser ce genre de forum, dès lors qu’il engage l’avenir de toute une Nation et doit baliser la voie pour la tenue des élections apaisées en République Démocratique du Congo.
Le décor serait donc planté pour un coup dur à l’Etat de droit en RDC, avec la complicité du facilitateur Edem Kodjo. Ce qui a poussé un activiste des droits humains et avocat bien connu dans les milieux de la société civile à dire « qu’après le dialogue sera pire qu’avant le dialogue ».
Selon cet observateur, le décor est planté par le facilitateur togolais pour donner un mandat de plus à Joseph Kabila qui est censé se retirer le 19 décembre 2016 conformément à la Constitution.
Mascarade
En avalisant le schéma du « dialogue » voulu par le président Kabila, le facilitateur de l’Union africaine détourne la Résolution 2277 (2016) du Conseil de sécurité de l’ONU de son objectif et affaiblit la Constitution de la RDC, estime, Me Jean- Claude Katende, président national de l’Association Africaine de défense des droits de l’homme(ASADHO), qui redoute aussi que le pays tende vers une implosion.
Pour Me Katende, il faut arrêter ce qu’il considère comme une mascarade.
« Beaucoup de partis politiques sortiront du dialogue très affaiblis, ce qui renforcerait la Majorité Présidentielle. Ceux qui sont partis au dialogue sont tombés dans le piège de la Majorité Présidentielle, motivés par le gain facile, nous attendons voir comment ils deviendront premier ministre et ministres », a martelé le président de l’ASADHO.
Michel Dumond appelle à un consensus
Arrivé fin mandat en RDC, le Chef de la délégation de l’Union Européenne, l’Ambassadeur Jean Michel Dumond s’est exprimé au cours d’une conférence de presse hier mercredi 31 août 2016 sur les questions politiques, notamment sur le dialogue.
L’ambassadeur Dumond a fait ses adieux au peuple congolais et jugé le forum qui s’ouvre ce jeudi à Kinshasa, de pas assez inclusif. C’est pourquoi il a appelé à «un consensus » qu’il trouve indispensable.
Bien que ce diplomate compte assister ce matin à la cérémonie d’ouverture du dialogue, il souhaite que la confiance prime entre les Congolais. Raison pour laquelle il exhorte le gouvernement à poser davantage des gestes d’apaisement.
Par Godé Kalonji