Violences au Sankuru : Thambwe Mwamba appelé à mettre sur pied une commission spéciale
Partager
L’Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO) invite le ministre de la Justice, Garde Sceaux et Droits Humains, Alexis Thambwe Mwamba, à mettre en place une commission spéciale afin d’enquêter sur les affrontements ethniques survenus dans le village de Lotelema, dans la Province de Sankuru.
Dans un communiqué publié à ce sujet par cette ONGDH, celle-ci se dit préoccupée par les affrontements sanglants survenus, en date du 12 Aout 2016, à Lotelema entre les habitants des villages Okitodimba et Lotelama, territoire de Katako-Kombe, dans la nouvelle province de Sankuru.
D’après l’ASADHO, ces affrontements provoqués par Jules Tokesake, chef du groupement et membre du CCU, parti du ministre Lambert Mende Omalanga, ont causé la mort de sept personnes et occasionné plusieurs dégâts matériels.
Tout part du décès du chef coutumier Kokolomami-Okitodimba
Il y a lieu de rappeler que depuis la mort du chef coutumier Kokolomami-Okitodimba, il ya 18 ans, une dizaine des chefs coutumiers se sont succédés dans le non- respect de la procédure coutumière, ce qui est à la base de beaucoup de conflits ethniques sanglants.
Mais malgré l’appel adressé aux autorités nationales, provinciales et locales pour qu’elles interviennent, une série d’affrontements ont été enregistrés dans l’indifférence totale des autorités de Kinshasa.
Pour rappel, en date du 18 décembre 2012 à Diamba, dans le secteur de Ukulungu, territoire de Katako-kombe, les affrontements avaient causé la mort de 4 personnes. Et en date du 1er Juillet 2015 au village Tomana, une policière a été égorgée et 2 personnes portées disparues jusqu’à ce jour, signale l’Asadho.
D’autres affrontements se sont produits le 18 Décembre 2015, au village d’Oango. Ces affrontements ont causé la mort d’un policier, fait plusieurs blessés et tout un village incendié, note l’organisation dans son communiqué.
En date 12 Aout 2016 au village d’Okitodimba, d’autres affrontements ont fait 7 morts, plusieurs blessés et plus de 50 maisons incendiés, signale l’Ongdh.
Il faut aussi rappeler qu’en date du 3 Aout 2016,le chef de groupement nommé par l’administrateur du territoire, Tokesake Jules accompagné d’une vingtaine de personnes a imposé un Salongo imprévu au village d’Okandjo situé à 18 Km. Ce qui a entrainé des affrontements ayant causé l’incendie de 3 cases, à en croire l’ASADHO.
L’ONGDH indique aussi qu’en date du 7 Aout 2016, le même groupe s’est rendu à la mission Kimbanguiste d’Okitodimba où 40 maisons et 2 écoles ont été incendiées.
L’ASADHO condamne ces actes de violence et rappelle aux autorités étatiques que l’immixtion dans la procédure de nomination des chefs coutumiers constitue une violation grave de l’article 207 de la Constitution qui dispose que « L’autorité coutumière est reconnue. Elle est dévolue conformément à la coutume locale, pour autant qu’elle ne soit pas contraire à la Constitution, à la loi, à l’ordre public et aux bonnes mœurs ».
L’Etat appelé à agir
Face à cette série d’affrontements, l’ONGDH invite le ministre Thambwe Mwamba à mettre en place une commission spéciale chargée d’enquêter pour établir les responsabilités de toutes les personnes publiques ou privées impliquées dans ces violences au village de Lotelema.
Le ministre devra transmettre les conclusions de l’enquête au Procureur Général de la République, afin que des poursuites judiciaires soient engagées contre les auteurs de ces atteintes graves.
L’Association Africaine de Défense des droits de l’homme exhorte aussi le Ministre de l’Intérieur à veiller à ce que la coutume soit respectée par tous dans la désignation des chefs coutumiers dans ce groupement et de prendre des mesures nécessaires pour mettre fin aux affrontements entre les différents villages de Sankuru. Elle exhorte également le Procureur Général de la République à mettre des magistrats à la disposition de la commission pour qu’ils y apportent l’expertise juridique nécessaire pour établir les responsabilités des personnes impliquées dans ces affrontements.
Par Godé Kalonji