Kongo Central : La 35ème Journée nationale de la Presse célébrée avec succès à Matadi
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Initialement prévue le 22 Juillet 2016, la commémoration de la Journée Nationale de la Presse a été célébrée dans la province du Kongo Central, précisément à Matadi, le vendredi 29 Juillet 2016. A l’origine du report : l’arrivée du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, le même jour au Kongo Central.
Toutes les activités programmées pour la circonstance par le comité provincial de l’UNPC/Kongo Central ont lieu le vendredi 29 Juillet ,dans la grande salle de conférence du Centre de Lecture et d’Animation Culturelle « CLAC » située en plein centre-ville dans la commune de Matadi. Plus de 7O professionnels des médias œuvrant dans divers médias tant de l’audiovisuel que de la presse écrite et en ligne se sont en effet retrouvés autour de Dieudonné Muaka Dimbi, Président provincial de l’UNPC/Kongo Central.
Le Gouverneur Jacques Mbadu Nsitu, bien que présent à Matadi mais empêché par d’autres occupations d’Etat, a été représenté par le ministre provincial en charge des médias, Me Bob Bavuidi Bonazebi.
Ce dernier a pris une part active aux activités du reste marquées par une session de réflexion et d’échange d’expériences professionnels sur la profession de journaliste, afin d’aider certains chevaliers du micro et de la plume de cette contrée de la RD. Congo à comprendre que le journalisme, comme partout ailleurs à travers le monde, doit s’exercer selon les normes et exige un sens élevé de responsabilité.
L’organisation de cette session initiée par la section provinciale de l’UNPC a été donc l’occasion pour les professionnels des médias du Kongo Central de faire l’introspection de leur métier, de marquer une pause, de méditer ensemble sur leur avenir mais aussi et surtout de baliser le chemin pour tourner le dos à la médiocrité au profit de l’excellence.
Car, il a été constaté avec beaucoup d’amertume que l’expansion dans le secteur de la presse au Kongo Central a entrainé plusieurs jeunes gens, pour la plupart sans une formation adéquate, à embrasser cette profession. Ces derniers, selon le comité provincial de l’UNPC, sont souvent à la base de plusieurs dérives et autres infractions commises par la voie de presse.
Raison pour laquelle à travers cette session, l’UNPC/Kongo Central a dû sélectionner d’importants thèmes qui ont été développés à leur intention par d’éminents conférenciers choisis sur base de leur maitrise et de leurs connaissances en la matière.
Le Président provincial de l’UNPC/Kongo Central, notre confrère Dieudonné Muaka Dimbi, a parlé de la responsabilité sociale du journaliste face aux enjeux politiques de l’heure. Tout au long de son exposé, il a rappelé à l’intention de membres quelques principes fondamentaux qui régissent la profession de journaliste et le comportement attendu de ces derniers en cette période de grands enjeux politiques en RD Congo.
Il a ensuite insisté sur le professionnalisme dont doivent faire montre les professionnels des médias. Notamment dans le traitement des informations politiques et électorales tout en mettant un accent particulier sur l’objectivité en vue de faire de la presse du Kongo Central une presse d’excellence. Il a enfin fustigé les conditions de travail très précaires dans lesquelles évoluent les journalistes congolais en général.
Vers la création d’un fonds provincial pour la promotion des medias
Célestin Bibimbu Kuhuna, expert en journalisme, s’est attardé, quant à lui, sur un thème non de moindre importance intitulé : « Comment viabiliser économiquement les médias du Kongo Central ? ».
Dans un langage clair et concis, il a dénoncé les perceptions financières illégales et occultes qui ont élu domicile dans plusieurs médias du Kongo Central avant de mettre en exergue les contraintes financières auxquelles ces derniers se trouvent butés. C’est l’une des conséquences, a-t-il indiqué, de leur faible capacité de mobiliser les ressources financières . Situation qui conduit très souvent soit à la faillite ou encore à la disparition des médias privés.
Face à ces risques, l’orateur a suggéré la mise sur pied des outils de contrôle interne de gestion dans chaque organe de presse. Toutefois, pour arriver à relever le défi de la pauvreté qui gangrène la plupart des médias du Kongo Central, il a émis le vœu de voir la corporation des journalistes, avec le concours des promoteurs et patrons des médias de la province, mener ensemble des actions de plaidoyer respectivement auprès des institutions provinciales, des bailleurs des fonds, des Ongd, des opérateurs économiques…etc. afin de les amener à envisager la possibilité de constituer un Fonds Provincial pour la Promotion des Médias « FPPM ».
Pour sa part, le Coordonnateur du Pool Fiscalité de la Direction Générale des Recettes du Kongo Central (DGR/KC), Aimé Zodi Kiankitu, a informé les journalistes des impôts, taxes et redevances obligatoires auxquels les médias privés sont soumis. A cet effet, il a demandé aux promoteurs et patrons desdits médias de consulter l’Edit n° 005 du 31 décembre 2013 portant nomenclature et classification, par services d’assiette, des impôts, droits, taxes et redevances provinciaux dus au trésor public.
Sébastien Booto, Avocat Général près la Cour d’Appel de Matadi, s’est appesanti sur la responsabilité pénale du journaliste en cas de délit de presse. S’appuyant sur la loi n° 96/002 du 22 Juin 1996 fixant les modalités de l’exercice de la liberté de la presse en RD Congo, il s’est en effet livré à rafraichir la mémoire des professionnels des médias sur les risques que certains courent en commettant des délits de presse et la nécessité de maitriser les divers textes juridiques traitant de ces questions. C’est dans cette optique qu’il a invité les journalistes à toujours se conformer au code d’éthique et de déontologie professionnelle dans l’exercice de leur fonction pour se mettre à l’abri de toute poursuite judiciaire.
Le thème relatif à l’apport de l’Exécutif provincial pour la promotion d’une presse provinciale responsable a été animé par Bienvenu Ndunga, Conseiller du ministre provincial en charge des médias. Ce dernier qui a reconnu le rôle important que joue la presse au Kongo Central en dépit des conditions de travail très difficiles dans lesquelles travaillent les journalistes a en effet expliqué la manière dont le Gouvernement provincial, par le biais de son ministère, attend apporter un soutien aux médias de la province.
Sans se lancer dans des promesses, il a toutefois promis d’être à l’écoute des organes de presse de la province sans exception aucune et, avec l’accompagnement de l’UNPC/Kongo Central, de voir dans quelle mesure des solutions adéquates peuvent être trouvées.
Complétant le conseiller en communication, le ministre Bob Bavuidi Bonazebi a invité les professionnels des médias à être aussi des instruments de promotion de la culture Kongo. Allusion faite à la langue Kikongo qui est menacée de disparition dans tous les coins et recoins du Kongo Central.
Pour ce faire, il a sollicité l’implication sans faille de la presse provinciale dans son combat visant la lutte pour la survie de la culture Kongo en général. Car, a-t-il conclu, le meilleur moyen de mettre fin à un peuple est celui de tuer d’abord sa langue.
Recommandations :
Au terme de cette session de réflexion qui a connu un franc succès, plusieurs recommandations ont été formulées par les professionnels des médias du Kongo Central. Il s’agit entre autres de :
– Elaborer la cartographie des médias viables et des journalistes actifs officiellement reconnus par la corporation,
– Transférer les compétences entre les anciens et les nouveaux professionnels des médias de la province par des sessions de formation, de recyclage ou d’échange,
– Solliciter l’aide directe ou indirecte du Pouvoir Public aux médias de la province,
– Amener les promoteurs et patrons des médias privés à signer des contrats de travail avec leurs journalistes et agents de communication,
– Concevoir et élaborer des projets à soumettre à des partenaires qui peuvent financer certains médias car un journaliste ou un média ne peut être socialement responsable quand il est économiquement non viable ; aussi un journaliste pauvre ne sera jamais indépendant et un média dans cette situation ne sera pas libre,
Par Olivier Bilonda Kamwanya