Glissement : le pouvoir mise sur la CENI
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Selon les déclarations faites par le président Joseph Kabila lors de son récent séjour en Ouganda, les élections en RDC ne seront organisées qu’après l’opération d’enrôlement des électeurs. Pour l’ONGDH Acaj, le chef de l’Etat ouvre ainsi officiellement la voie au glissement
Après avoir tenté, sans succès, de modifier la Constitution dans le but de prolonger le règne de l’actuel chef de l’Etat dont le second et dernier mandat expire le 19 décembre 2016, la Majorité au pouvoir s’appuie désormais sur la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour obtenir le glissement et rester ainsi aux affaires le plus longtemps possible.
Pour preuve, lors de son récent séjour à Kasese, en Ouganda, le président Joseph Kabila a profité de cette sortie pour soutenir devant les medias de ce pays voisin que les élections n’auront lieu dans son pays qu’après la fin l’enrôlement dont le lancement vient à peine d’être donné au Nord-Ubangi.
Cette opération, de l’avis de certains observateurs, risque de s’étendre sur 16 mois, soit une année et quatre mois, quand on sait que la nouvelle province du Nord-Ubangi, à l’instar de plusieurs autres provinces nouvellement créées, ne dispose pas d’infrastructures de base (routes, électricité, eau, …) viables. Le choix porté sur cette nouvelle province ne serait donc pas gratuit, quand on sait que l’actuel président de la CENI est présenté comme proche de la Majorité actuelle.
Avec le décor mis en place en lançant l’opération d’enrôlement tardivement et dans une contrée où les voies de circulation n’existent presque pas, le pouvoir tiendrait donc à ce que la présidentielle réclamée à cor et cri par les Congolais n’ait pas lieu dans le délai prescrit par la Constitution.
Ainsi, l’actuel chef d’Etat dont le dernier mandat expire dans moins de cinq mois, pourrait, avec le concours de la CENI,bénéficier d’une rallonge de 16 mois, sans aucun soubassement juridique. C’est donc le glissement que redoute l’Opposition politique et une frange importante de la société civile acquise au changement.
Déjà, la CENI peine à avoir du gouvernement les moyens financiers pour accélérer le processus électoral. Bien avant, quelques membres de cette centrale électorale avaient été contraints de démissionner pour avoir déclaré publiquement que le gouvernement ne leur donne pas de moyens pour remplir leur mission citoyenne, celle d’organiser les élections dans les délais constitutionnels.
Les réactions fusent
Réagissant aux propos tenus en Ouganda par le président de la République, selon lesquels les élections ne seront organisées qu’après l’opération d’enrôlement des électeurs, l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ), par la voix de son président, Me Georges Kapiamba, estime que le président congolais vient par ces déclarations, d’ouvrir d’une manière officielle la voie au glissement.
Pour le président de cette ONGDH, le processus est d’ailleurs déjà biaisé avec le démarrage de l’enrôlement sans un calendrier. » Nous sommes profondément inquiet depuis que nous avons suivi ces explications fournies par le chef de l’Etat parce qu’en tant que société civile, nous rappelons d’abord que les opérations d’enrôlement font partie d’un calendrier électoral. La Ceni ne doit pas se lancer à faire l’enrôlement sans avoir préalablement présenté et publié un calendrier « , a fait remarquer Me Georges Kapiamba.
Le président d’ACAJ relève quelques contradictions dans les différents propos tenus du président de la République. » A la fois, le chef de l’Etat déclare que l’organisation des élections ne relève pas de la compétence du gouvernement, mais entre-temps, il ajoute que le calendrier ne pourra être publié qu’à l’issue des opérations d’enrôlement qui sont en cours que nous contestons.
Là, on annonce un glissement, et la CENI a commencé déjà jouer ce jeu-là « , fait remarquer le président de l’ACAJ. Face à cette duplicité qui risque d’amener l’Opposition à récuser la composition actuelle de la CENI, l’ONDGH ACAJ recommande au chef de l’Etat, au gouvernement et à la CENI de respecter scrupuleusement la loi.
Par Stone