La Banque mondiale suspend le financement de la centrale Inga III : L’orientation stratégique congolaise à la base de cette suspension
Partager
Le projet de construction du barrage hydroélectrique Inga III risque de connaître un sérieux problème pour sa réalisation, quand on sait que la Banque mondiale, l’un des importants contributeurs financiers de cet ouvrage, vient d’annoncer officiellement la suspension son financement.
C’était dans son communiqué du 25 juillet dernier que cette institution de Bretton Woods relève avoir suspendu le décaissement du financement accordé à ce projet d’Inga III et d’autres infrastructures hydroélectriques de taille moyenne en RD Congo.
L’institution financière se borne simplement à rappeler qu’au moment de l’approbation de cette aide, l’objectif était de soutenir « le développement transparent d’Inga-3 BC piloté par le gouvernement dans le cadre d’un partenariat public-privé ».
La Banque mondiale conteste ce qu’elle qualifie d’ « orientation stratégique » du gouvernement. C’est un coup dur pour III (de prêt de 4 800 mégawatts – MW). D’autant plus qu’en 2014, cette institution financière internationale avait déjà approuvé une enveloppe de 79,1 millions USD pour l’assistance technique.
A l’heure actuelle, Kinshasa doit convaincre les autres partenaires de ne pas abandonner la réalisation de cet ouvrage. Le financement de 73,1 millions USD pour une assistance technique de développement de ces infrastructures est réparti de cette façon; 47,5 millions USD pour le développement d’Inga III Basse Chute (BC) et 25,6 millions USD pour celui de centrales de moyenne puissance (10 MW à 100 MW). Ainsi, une part minoritaire (de 6 %) de cette aide a été déboursée depuis 2014.
Une évaluation sévère de l’état d’avancement du projet
Le communiqué précisait que la dernière note d’évaluation de l’avancement du projet, datée du 13 juin dernier, dresse un diagnostic sévère. Les équipes de la Banque mondiale jugent très insuffisants les progrès enregistrés vers la réalisation de ce projet, en particulier en ce qui concerne les retards dans l’instauration de l’autorité en charge du développement et de la gestion d’Inga 3, prévue en avril 2014 dans le calendrier initial, puis reportée au plus tard à décembre 2015 (sans plus de succès).
Au communiqué d’ajouter, «si cette autorité a désormais vu le jour, c’est son autonomie, considérée comme essentielle par la Banque mondiale, qui semble être en question». Par ailleurs, dans la note de ce mois de juin, les équipes de l’institution de Bretton Woods s’interrogent sur le fait que cette autorité ait été intégrée au cabinet de la Présidence.
Position de la BAD
Une chose est vraie, ce que même si la Banque mondiale suspend son aide à Inga3, elle rappelle cependant sa détermination à continuer à soutenir la RDC pour «l’amélioration des résultats de la Société nationale d’électricité (SNEL), la modernisation de centrales hydroélectriques de taille moyenne, l’amélioration de l’accès à l’énergie et l’aide aux efforts déployés dans le domaine des interconnexions régionales de transport d’électricité».
Par ailleurs, la position de la Banque Africaine de Développement (BAD) quant à la poursuite de son assistance technique au projet Inga III n’est pas encore connue.
Cette institution panafricaine s’était engagée en 2014 à apporter un financement de 30 millions de dollars aux côtés de la Banque mondiale. Il faut également relever que, les deux institutions financières avaient déjà contesté, fin 2014, le coût jugé exorbitant des honoraires perçus par les conseillers juridiques, financiers et techniques du projet Inga III.
Par Lucien Kazadi T.