Affaire JP Bemba : Washington salue le verdict de la CPI
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En attandant la sentence, la défense du sénateur congolais a désormais 30 jours pour faire appel contre ce jugement
Le Département d’Etat, par la voix de son porte-parole John Kirby, a salué le verdict de la Cour Pénale Internationale (CPI) dans l’affaire opposant le procureur contre le congolais Jean -Pierre Bemba sur les atrocités commises en République centrafricaine.
» Les Etats-Unis se félicitent du verdict prononcé hier à la Cour Pénale Internationale (CPI) dans l’affaire instruite contre Jean-Pierre Bemba Gombo, ancien vice-président de la République démocratique du Congo et antérieurement leader d’un groupe rebelle congolais qui a commis d’innombrables atrocités en République centrafricaine (RCA) entre 2002 and 2003 « , déclare-t-il.
Selon John Kirby, la condamnation de Jean-Pierre Bemba pour viols, meurtres et pillages considérés comme des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, alors qu’il était chef rebelle, introduit une mesure de justice importante en faveur des victimes de ces crimes et fait, en particulier, progresser la lutte contre l’impunité à l’égard des violences sexuelles pendant les conflits.
Les personnes responsables de ces actes odieux doivent en rendre compte, rappelle le Département d’Etat.
Pour le porte-parole du Département d’Etat Américain, le verdict de la CPI reconnait la responsabilité hiérarchique de Bemba dans les atrocités commises par ses forces, et démontre que les personnes responsables de tels crimes- même celles se situant aux niveaux les plus élevés- ne peuvent pas espérer échapper à la justice.
Le Secrétaire d’Etat John Kerry a renforcé ce principe important en affirmant, lors du Sommet mondial pour mettre fin aux violences sexuelles dans les conflits, que » la responsabilité atteint directement le sommet, s’étendant aux commandants militaires qui avaient connaissance ou auraient dû avoir connaissance des violences sexuelles et qui n’ont pas agi « .
Les USA qui sont parmi les Etats non signataires du statut de Rome, texte fondateur de la CPI, soutiennent les enquêtes de la CPI en République centrafricaine et se félicitent de l’engagement de la RCA à assurer que les auteurs de crimes graves rendent compte de leurs actes. Y compris à travers sa coopération avec la CPI en la matière ainsi qu’à travers les efforts consentis au niveau national pour que justice soit faite.
Pour le Département d’Etat américain, le verdict dans l’affaire Bemba fait suite à d’autres efforts importants fournis à travers des processus judiciaires nationaux et internationaux, visant à commencer à changer la culture de l’impunité dans la région.
Reconnaissant l’importance de ce verdict pour un grand nombre de gens en Afrique centrale, Washington exhorte toutes les parties prenantes à réagir de manière mesurée et non-violente à ce jugement historique.
Message fort aux puissants, selon FIDH
» La condamnation de Bemba envoie un message puissant aux auteurs de crimes internationaux : quelle que soit leur fonction, ils ne peuvent échapper à la justice et seront tenus responsables de leurs crimes. « ,Karim Lahidji, Président de la FIDH.
Pour rappel, Jean-Pierre Bemba a été reconnu coupable de viols, assassinats et pillage en sa qualité de commandant militaire du Mouvement de Libération du Congo.
L’importance de ce verdict découle de deux précédents importants qu’il établit. En premier lieu, il s’agit de la première affaire à la CPI qui concerne essentiellement les crimes de violence sexuelle, dont le viol qualifié crime de guerre et crime contre l’humanité.
Les crimes de violence sexuelle contre les femmes, les hommes et les enfants ont été utilisés comme un moyen de terroriser la population civile centrafricaine. Ensuite, et pour la première fois, les juges ont considéré que l’accusé devait être tenu pénalement responsable en tant que commandant militaire pour les crimes commis par les troupes agissant sous son contrôle.
» L’importance primordiale de ce verdict ne peut être surestimée. Il constitue un pas supplémentaire sur le chemin de la justice pour les victimes de crimes de violence sexuelle car il s’agit de la première condamnation pour ces crimes devant la CPI.
Cet procès a contribué à sensibiliser sur les conséquences de ces crimes atroces sur les victimes et leur vie. « , a déclaré Maître André Olivier Manguereka, Président de la LCDH. La défense dispose désormais d’un délai de 30 jours pour faire appel du jugement.
La Chambre de première instance doit désormais déterminer la peine applicable et décider des réparations pour les victimes qui incluent la restitution, l’indemnisation et la réadaptation.
Par Godé Kalonji