Kampala pris au mot
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Se disant prêt à coopérer avec Kinshasa et la CPI sur les cas des anciens du M23 se trouvant sur son sol
Le gouvernement ougandais se dit prêt à coopérer avec les autorités de la RDC pour transférer certains membres du groupe rebelle du M23 devant la Cour pénale internationale (CPI).
En effet, depuis la mise en déroute du M23 par les FARDC grâce à l’appui de la Monusco en novembre 2013, plusieurs rebelles de ce mouvement qui agissaient dans l’Est de la RDC, plus précisément à Rutshuru, Nyiragongo … sont sur le sol ougandais et la communauté internationale reproche régulièrement à Kampala de ne pas coopérer clairement, pour transférer ceux qui sont sous sanctions Onusiennes tel que Makenga devant les juridictions internationales afin qu’ils répondent de leurs actes.
Interrogé par le Wall Street Journal, le secrétaire d’Etat ougandais Henri Oryem Okello a déclaré : » Nous sommes fatigués d’être accusé de soutenir les rebelles congolais « . Il a insisté sur les bonnes dispositions du gouvernement ougandais, prêt dit-il à coopérer avec les autorités de RDC et la communauté internationale.
Il s’agit d’un éventuel transfert des leaders du M23 vers la Cour pénale internationale, des membres suspectés de viols, d’exécutions sommaires et de recrutement d’enfants soldats, lors de la rébellion qui a agité l’Est de la RDC pendant 20 mois.
Bonne intention de Kampala
A Kinshasa, le gouvernement a accueilli les déclarations ougandaises avec soulagement. » C’est une très bonne chose dans la mesure où l’Ouganda s’était engagé dans l’accord-cadre signé à Addis-Abeba en 2013 de coopérer avec la justice internationale et avec la justice des pays signataires.
On a eu à un moment donné une impression de flottement. Je pense ainsi que tout rentre dans l’ordre à partir du moment où ce sera suivi des faits « , a confirmé le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mendé.
Le ministre des Médias, interrogé par RFI, a refusé de donner les noms des membres de l’ex-mouvement rebelle qui sont visés par une éventuelle procédure de transfert à la CPI.
Mais 10% de milliers de membres du M23 présents sur le territoire ougandais seraient concernés par des poursuites judiciaires, expliquent les autorités congolaises.
La plupart pourraient être traduits devant la justice de leur pays et quelques uns seulement présentés à la CPI. Pour l’instant, c’est le silence radio du coté des ex-rebelles cantonnés dans un camp en Ouganda.
Mais la bande à Bertrand Bisimwa attend la position officielle de la Cour avant de se prononcer. Un représentant du mouvement précise que la grande majorité des membres du M23 réfugiés en Ouganda n’est pas concernée par ces poursuites et attend toujours la mise en œuvre d’une procédure d’amnistie, promise par Kinshasa en décembre 2013.
A qui profite la loi d’amnistie ?
Une loi d’amnistie promulguée par Joseph Kabila concerne des faits de guerre et infractions politiques destinée aux combattants de groupes rebelles, notamment du M23.
Au final, la loi couvre les crimes suivants : faits insurrectionnels, faits de guerre et infractions politiques – entre le 18 février 2006 (date de la nouvelle Constitution) et le 20 décembre 2013 (date de la fin de l’ultimatum du pouvoir pour déposer les armes).
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait adopté, le 1er janvier 2013, de nouvelles sanctions contre le M23.
Cette décision impliquait un gel des avoirs et une interdiction de voyager, pour les membres de ce mouvement soutenu par Kigali et Kampala selon les experts des Nations Unies. Ces sanctions s’appliquaient déjà à de hauts responsables du M23 et des FDLR, elles sont à présent élargies à l’ensemble de l’organisation de deux mouvements rebelles.
Deux anciens dirigeants du M23 sont déjà visés. Il s’agit de Jean-Marie Runiga Lugerero, considéré comme le « chef civil du Mouvement », et Eric Badege, présenté comme « un commandant du M23 soupçonné d’exactions contre des femmes et des enfants », selon l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice.
Aujourd’hui avec la volonté de Kampala de coopérer avec Kinshasa et la CPI, pour le transfert des rebelles du M23 sous sanctions Onusiennes se trouvant sur le sol ougandais, il y a de quoi se réjouir. Mais prudence oblige, on attend Kampala au mot surtout que le pays de Kaguta Yoweri Museveni était accusé par les experts Onusiens de soutenir ce mouvement rebelle qui a déstabilisé la partie Est du pays.
Par Godé Kalonji Mukendi