Situation humanitaire au Nord-Kivu : constat toujours amer
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Le Directeur général du bureau de l’aide humanitaire de la Commission européenne et le Coordonateur humanitaire des Nations Unies en RDC ont bouclé une mission humanitaire au Nord-Kivu
Le Directeur général du bureau de l’aide humanitaire de la Commission européenne, Claus Sorensen, a assuré qu’il continuera à venir en aide aux déplacés internes de la RDC.
« Malgré les crises en Syrie, au Sud-Soudan et en République centrafricaine, Afghanistan… nous n’allons pas les oublier la RDC « , a-t-il souligné au cours de la conférence de presse conjointe qu’il a animée le vendredi 4 avril avec le coordonateur humanitaire, Moustapha Soumaré.
Arrivée en République Démocratique du Congo le 31 mars dernier avec une forte délégation de bailleurs de fonds de l’action humanitaire, Claus Sorensen, Directeur général du Bureau de l’aide humanitaire de la Commission européenne, s’est rendue dans la province du Nord-Kivu afin de s’enquérir de la situation humanitaire. Le diplomate européen a en outre affirmé qu’il espérait voir le gouvernement congolais venir davantage en aide à cette population.
« C’est une population qui a énormément souffert et, pour moi, c’était important de venir en RDC pour manifester la solidarité avec ces populations qui ont été chassées d’un endroit à l’autre pendant des années et des années », a-t-il affirmé.
Pour Sorensen, le gouvernement congolais doit consentir des efforts afin d’éliminer les causes de l’instabilité dont souffrent des milliers de Congolais de la partie Est du pays. Il s’est par ailleurs engagé à faire un « plaidoyer vis-à-vis des autorités européennes pour mobiliser les fonds » afin de venir en aide à ces populations.
Le nombre de déplacés internes n’a pas cessé d’augmenter ces dernières années en RDC. Jusque fin juin 2013, l’Agence des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha) avait recensé 967 000 personnes déplacées dans le Nord-Kivu, dont 90% avaient abandonné leurs milieux d’origine suite aux exactions des groupes armés ou par crainte de voir les affrontements se propager.
Cette visite a permis à la délégation conduite par Claus Sorensen d’être témoin des conditions de vie des déplacés internes et des efforts des acteurs humanitaires nationaux et internationaux pour répondre aux besoins de ces personnes. Cette mission a également permis de nombreux échanges avec les autorités congolaises à Kinshasa et à Goma, ainsi qu’avec les Nations Unies et d’autres partenaires humanitaires.
En effet, le dernier trimestre de l’année 2013 a vu un changement dans le contexte politique et sécuritaire de la Province du Nord-Kivu. En effet le 5 novembre 2013, le M23 déclarait la fin de la rébellion après sa défaite face à l’armée gouvernementale.
Pour Claus Sorensen, la disparition M23 dans le contexte sécuritaire a créé une certaine accalmie dans certaines parties de la province notamment dans le territoire de Rutshuru et Nyiragongo, avec le redéploiement de l’autorité de l’état.
Néanmoins la situation sécuritaire reste toujours volatile et précaire dans de nombreuses parties de la Province, avec de graves conséquences en termes de protection et de besoins essentiels de la population civile du fait des conflits entre les nombreux groupes armés et des opérations militaires menées contre ces derniers.
Cette situation selon Ocha, est la cause de déplacements de population massifs dans plusieurs territoires, particulièrement Masisi, Beni et Walikale.
Pour l’agence onusienne, les besoins humanitaires demeurent importants dans la province, avec des vulnérabilités importantes au niveau de la santé, la nutrition et la sécurité alimentaire, entre autres.
La Province du Nord-Kivu demeure également une zone de risques non négligeables de catastrophes naturelles (glissements de terrain, inondations) liées aux conditions climatiques ainsi qu’à des risques naturels, notamment dans les zones peuplées de Goma et Nyiragongo qui se situent près de deux volcans actifs et d’un lac à risque d’explosion de gaz. Près de 1 091 567 personnes déplacées internes (depuis janvier 2009) existent au Nord-Kivu au 25 février 2014, soit plus du tiers des personnes déplacées internes en République démocratique du Congo, selon Ocha.
La situation n’est pas aussi meilleure dans d’autres provinces du pays. Dans le Katanga par exemple, l’ONG Centre pour la justice et la réconciliation avait répertorié plus de 500 000 déplacés internes en juin dernier.
Ocha, quant à elle, avait parlé de 316 000 déplacés internes 4 mois plutôt, contre 55 000 en janvier 2012.
Par Godé Kalonji Mukendi