François Hollande remanie pour élargir son assise politique à 15 mois de la présidentielle
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Au comble de l’impopularité, François Hollande a rappelé jeudi les écologistes au gouvernement pour tenter d’élargir sa base politique à quinze mois de la présidentielle, tandis que l’ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault, nommé au Quai d’Orsay, fait un surprenant retour.
Le chef du gouvernement Manuel Valls a vanté une nouvelle équipe basée sur « l’expérience, la solidité » et « le renouvellement » et dotée d' »une assise élargie » avec le retour d’écologistes. Elle s’appuie, a-t-il insisté, « sur ce que nous sommes: la gauche et les écologistes ».
Il a aussi assuré retrouver « avec plaisir » son prédécesseur Jean-Marc Ayrault, nommé au Quai d’Orsay pour succéder à Laurent Fabius, et avec lequel les relations étaient, de notoriété publique, extrêmement tendues.
A l’Elysée, on fait valoir que l’ancien Premier ministre, germanophone, est « un homme expérimenté qui a une grande connaissance des questions européennes et du couple franco-allemand ». « Son expérience en la matière sera capitale », souligne-t-on, alors que l’Europe est secouée par la crise des réfugiés.
Comme attendu, le retour des écologistes s’accompagne d’un équilibre subtil entre le « canal historique » d’Europe Écologie-Les Verts incarné par la patronne du parti Emmanuelle Cosse, nommée ministre du Logement, et ceux qui ont claqué la porte du parti.
Le sénateur Jean-Vincent Placé devient ainsi secrétaire d’Etat chargé de la Réforme de l’Etat et de la Simplification, tandis que Barbara Pompili s’empare du secrétariat d’Etat à la Biodiversité.
Loin d’être resserré, le gouvernement compte désormais, outre le Premier ministre, maintenu sans surprise dans ses fonctions, 38 membres, 18 ministres et 20 secrétaires d’Etat, contre 32 dans l’équipe sortante.
La parité, mise à mal par le départ de Christiane Taubira, est par ailleurs de nouveau « parfaitement » respectée, dixit l’entourage du président, avec autant de femmes que d’hommes dans les fonctions de ministre ou de secrétaire d’Etat.
– ‘Pas la journée du changement’ –
Seule entorse à cette parité : l’absence de femme à la tête des quatre ministères régaliens conduits par Jean-Jacques Urvoas qui a succédé fin janvier à Mme Taubira à la Chancellerie, Bernard Cazeneuve à l’Intérieur, Jean-Marc Ayrault aux Affaires étrangères et Jean-Yves Le Drian qui reste à la Défense.
Le maintien de ce dernier « à ce poste essentiel pour la sécurité des Français » après les attentats de 2015 l’a emporté, selon l’Elysée, sur toute autre considération et notamment le cumul de ces fonctions avec celles de président de la région Bretagne, entorse à la charte de déontologie signée par les membres du gouvernement.
A noter aussi que le Droit des Femmes qui n’était jusqu’à présent qu’un secrétariat d’Etat devient un ministère de plein exercice. Quant à Ségolène Royal, que certains donnaient au Quai d’Orsay, elle reste à l?Écologie mais élargit le périmètre de ses responsabilités aux relations internationales sur le climat qui relevaient jusqu’à présent des Affaires étrangères.
Si la sortie de Sylvia Pinel était préprogrammée –elle entendait rejoindre la Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées où elle a été élue première vice-présidente– l’éviction de Fleur Pellerin du ministère de la Culture et de la Communication est une surprise de taille. Elle s’y verra remplacée par Audrey Azoulay, conseillère pour la Culture et la Communication au cabinet du chef de l’Etat depuis juin 2014.
Du côté des radicaux de gauche, la sortie de Sylvia Pinel est compensée par l’arrivée du patron du parti, Jean-Michel Baylet qui hérite d’un ministère de l’Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales.
Une nouveauté aussi dans ce gouvernement Valls 3, la création d’un secrétariat d’Etat à l’Aide aux victimes confié à Juliette Méadel, avocate et qui figurait jusqu’à présent parmi les porte-parole du PS. Elle sera tout particulièrement chargée de suivre les dossiers des victimes des attentats de 2015.
François Hollande sera dès 20 heures en direct de l’Elysée dans les JT de 20 heures de TF1 et de France 2 pour « s’expliquer » sur ce remaniement qui subit déjà le feu des critiques, à droite comme à gauche.
« Ce gouvernement est la marque de l’incohérence de Hollande: mettre tout et son contraire dans un bocal et agiter… Une victime: la France! » a ainsi tweeté Valérie Debord, porte-parole Les Républicains.
« Il n’y a aucun signal (…) de la moindre inflexion sur les grandes urgences sociales du pays », a réagi le secrétaire national du PCF Pierre Laurent. « Ce n’est pas la journée du changement », a cinglé le socialiste frondeur Christian Paul. AFP