L’offensive contre les FDLR piétine
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Lancée au Nord-Kivu conjointement par la Monusco et les FARDC
Martin Kobler et le sénateur démocrate Russ Feingold désillusionnés
Alors que le mandat de la mission de l’ONU en RDC vient d’être renouvelé pour un an, l’offensive contre la rébellion Hutu rwandaise des FDLR piétine.
Il y a huit mois, le mandat de la Monusco avait pourtant été renforcé pour permettre à l’ONU d’éliminer les nombreux groupes rebelles toujours actifs dans l’Est du pays parmi lesquels les FDLR. Il y a trois semaines, l’offensive contre les FDLR annoncée depuis plusieurs mois n’a duré que quelques heures.
L’Armée congolaise a repris la position de Tongo à une soixantaine de kilomètres au nord de Goma et depuis plus rien. La brigade d’intervention de l’ONU et l’Armée congolaise sont bien déployées dans les zones contrôlées par les FDLR, mais aucune nouvelle attaque contre ces rebelles n’a été menée. Officiellement, la Monusco avance la complexité de la situation.
Les rebelles Hutu sont depuis plus de 20 ans au Congo, ils vivent au milieu de la population civile, dans la forêt, rendant toute attaque particulièrement compliquée.
De nombreuses sources évoquent également de possibles échanges d’informations entre l’Armée congolaise et les FDLR.
Dans le passé, ces rebelles ont, à plusieurs reprises, prêté main-forte à l’Armée congolaise contre d’autres groupes armés. Ce qui pourrait expliquer ce » renvoi d’ascenseur « .
Quoi qu’il en soit, à quelques jours des célébrations du 20ème anniversaire du génocide et alors que le Rwanda réclame depuis plusieurs mois que ce groupe qui menace son pouvoir soit neutralisé, ce semi-échec fait tâche.
Il fait aussi, pour la première fois, planer le doute sur la capacité de la brigade d’intervention à remplir sa mission. Cette force de 3.000 hommes a pourtant désormais un mandat renforcé l’autorisant à attaquer les groupes armés en RDC, même sans l’appui de l’Armée congolaise.
Les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR, en kinyarwanda : Urugaga Ruharanira Demokarasi No Kubohoza U Rwanda) sont un groupe armé formé en République démocratique du Congo en 2000.
Défendant les intérêts des Hutu rwandais réfugiés en RDC et opposé à la présidence de Paul Kagame, il aurait pris la suite de l’Armée de libération du Rwanda et compterait dans ses rangs des responsables du génocide rwandais, ce qu’il nie.
Jusqu’au milieu des années 2000, les autorités congolaises utiliseraient les FDLR comme supplétifs à l’Armée régulière, malgré les nombreuses accusations de violences et de prédations contre les populations civiles. Prétendant représenter les intérêts des Hutu rwandais des camps de réfugiés en RDC créés en 1994, les FDLR seraient constituées d’anciens membres des Forces Armées Rwandaises et des milices Interahamwe, prenant la suite, selon les observateurs de l’Armée de libération du Rwanda, rassemblant des responsables du génocide au Rwanda et active dans la deuxième partie des années 1990.
L’apparition des FDLR a eu lieu sous l’influence de feu le président Laurent-Désiré Kabila, cherchant à créer des groupes paramilitaires contre le Rassemblement congolais pour la démocratie(RCD) dans le cadre de la deuxième guerre du Congo.
Si la branche politique est essentiellement basée en Europe, la branche militaire de l’organisation, les Forces combattantes Abacunguzi (Foca) est active dans le Maniema, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu.
Martin Kobler trahit
Il y a deux semaines, le chef de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUSCO), Martin Kobler, a appelé les rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) à se rendre sans délai.
» Je demande à tous les rebelles des FDLR de se désolidariser immédiatement de leurs leaders poursuivis par la justice, sous peine d’être désarmés de force « , déclarait Martin Kobler dans un communiqué de presse, s’adressant directement aux rebelles.
Il a appelé tous les membres des FDLR à faire reddition sans délai et à rejoindre le processus de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinsertion et réintégration.
Le chef de la MONUSCO a également salué les opérations des Forces Armées de la RDC (FARDC) contre les FDLR et les groupes armés illégaux affiliés et a annoncé le soutien et l’engagement direct de la MONUSCO auprès de l’Armée congolaise.
» Les opérations visent à neutraliser les FDLR et leurs alliés. Elles permettront aussi la restauration de l’autorité de l’Etat, conformément à notre mandat de protection des populations civiles et à nos règles d’engagement « , a conclu Martin Kobler.
Mais aujourd’hui, avec l’arrêt de cette offensive tant vantée par la Monusco, il y a lieu de craindre le pire dans cette partie du pays où les combattants FDLR règnent en maitre.
Même l’administration Obama qui, à travers l’émissaire des USA pour la Région des Grands lacs, le sénateur démocrate Russ Feingold, doit s’indigner du fait d’entendre que l’offensive lancée contre les FDLR n’a toujours pas démarré. Pourtant, il avait soutenu cette offensive lancée par les FARDC grâce à l’appui logistique de la Monusco contre les combattants Hutu rwandais.
Par Godé Kalonji Mukendi