Agression du député Phoba : une mission d’information bientôt à Boma
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Assemblée nationale
Le député Phoba a sollicité, hier mardi 1er avril, » une enquête parlementaire sévère pour que soit tirées au clair les zones d’ombre de ses questionnements concernant l’agression dont il a été victime et pour éviter qu’un autre élu puisse subir le même sort « .
Le député national a formulé cette requête dans une motion d’information présentée au cours d’une séance plénière de l’Assemblée nationale organisée dans la salle des Congrès du Palais du peuple, siège du parlement de la République.
Il a relaté son calvaire en ces termes : » J’ai été victime d’une agression publique dans ma base électorale de Boma, une ville de la province du Bas-Congo, à cause du comportement taciturne des autorités locales et provinciales, alors que j’étais dans l’exercice de mes fonctions en tant que député national, à savoir faire une restitution après la fin d’une session parlementaire, conformément au règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
J’ai été agressé publiquement le 22 février 2014 par un mouvement bien connu et entretenu par les autorités locales et provinciales. J’avais écrit au préalable à ces autorités pour solliciter une sécurité adéquate afin de rendre possible ma restitution.
Fort malheureusement, pendant que j’entrais dans la ville de Boma, aucun agent de l’ordre n’est venu à mon accueil. Il n’y avait que ma très forte base.
Nous avons cheminé avec ma base pour atteindre le lieu où devait se dérouler la restitution. Arrivés à la place du rond point Boma II … qui abrite à un mètre le bureau de la police nationale, nous avons vu bruler des pneus tout au long de la route par des assaillants et ennemis de la démocratie, pour s’illustrer en obstacle contre un député national que je suis.
De là, une bouteille remplie d’essence et de sable m’a été flanqué dans l’œil gauche et a provoqué une forte hémorragie. On m’a rendu invalide à l’instant car mon œil gauche est foutu.
Comment la police, qui a la mission première de sécuriser les personnes, peut rester taciturne ? Ce silence est dû au fait que Madame le maire de la ville de Boma avait intimé l’ordre à la police de ne pas me sécuriser. Pourquoi Madame le maire est-elle contre une restitution parlementaire d’un élu dans la ville ? Chose étonnante, certains assaillants ont été arrêtés après ce crime, mais libérés par le commandant de la police, après avoir reçu l’ordre d’en haut, nous a-t-il déclaré devant des témoins.
Nous aimerions ici comprendre qui a intimé l’ordre au commandant de la police de libérer ces ennemis de la démocratie ? Si rien n’est fait, sachez qu’une injustice pour une personne constitue un danger pour tout le monde. »
Minaku sauve Phoba
Le député Phoba a précisé que le président de l’Assemblée nationale avait instruit son évacuation en urgence en dehors du pays pour suivre des soins appropriés vu la gravité de sa santé. S’agissant de son œil, le député a subi une 1ère intervention d’une durée de 5 heures et son médecin a déclaré que son œil gauche était foutu. Son médecin traitant lui a demandé de repartir à Bruxelles pour subir une 2ème intervention et placer le cornet et le cristallin artificiels.
Pour sa part, le président de l’Assemblée nationale a reconnu que la réaction de la plénière a démontré la compassion avec un collègue. » Mais, a-t-il poursuivi, au-delà de la compassion, il faut rester froid. Il est vrai que le collègue a été agressé.
C’est condamnable. Nous allons, dans un 1er temps, mettre en place une mission d’information, parce que les faits sont graves. Mais en même temps, vous vous souviendrez que le collègue Phoba est de ceux qui ont bénéficié d’une décision de la plénière à la suite d’un réquisitoire du procureur général de la République sur des allégations que nous avions quand même condamnées.
Au-delà de la compassion pour le collègue, au-delà du fait que nous devons l’appuyer pour que son œil recouvre la capacité de voir, parce que c’est encore possible selon le rapport que j’ai eu, nous devons saisir cette situation d’infortune pour que chacun puisse s’intérioriser et se dire s’il se comporte en député.
Si, dans notre comportement, nous oublions que nous sommes honorables, c’est une brèche que nous ouvrons et qui permettra à certains de se méconduire. La plénière et le bureau vont s’assumer, mais le rapport du comité des sages que nous allons commencer à présenter à la plénière à huis-clos vont montrer combien nombreux d’entre nous doivent faire un effort pour se comporter comme véritables députés. »
Un parti impose des taxes
Une autre motion d’information a été a été présentée par Fabien Mutomb. Selon cet autre député national, une situation insolite se passe dans la ville de Lubumbashi. » L’autorité urbaine a initié une démarche d’assainissement qui consiste à écarter de la place publique les commerçants ambulants et les cambistes. » Cette initiative a réjoui plus d’une personne dans la mesure où elle était faite par des agents de la police accréditée à cet effet « , ajoutant cependant que l’opinion a été étonnée de voir s’impliquer dans cette démarche une milice appartenant à un parti politique.
» Cette milice est en train de brutaliser les paisibles citoyens en arrachant leurs biens et, pis encore, en leur imposant des amendes. Mon collègue Kolela a dénoncé le même problème dans la ville de Likasi. Je sollicite une mission parlementaire qui va descendre à Lubumbashi vérifier ces informations « , a conclu Fabien Mutomb.
Enfin, l’assemblée plénière a déclaré recevable le rapport de la commission mixte composée de la commission politique, administrative et juridique (PAJ) et de la commission socioculturelle ayant trait au projet de loi modifiant et complétant la loi n°015-2002 du 16 octobre 2002 portant Code du travail.
Le travail de cette commission s’est soldé par la confirmation de quelques modifications, à savoir la consécration de la rupture du contrat de travail de commun accord entre l’employeur et le travailleur ; la fixation de la semaine du travail à 6 jours ; la possibilité pour la femme d’effectuer un travail de nuit ; la possibilité pour la femme enceinte de suspendre son contrat de travail, sans que cela ne soit considéré comme une cause de résiliation ; l’exclusion du VIH comme motif de licenciement.
Le rapport a été finalement renvoyé à la commission mixte précitée pour enrichissement. Au bout de 10 jours, les conclusions de la commission seront présentées à l’assemblée plénière.
Par Marcel Tshishiku