Médecin chef de zone de santé, Patricia Phemba alerte le Gouvernement
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Par Tantia Sakata
Depuis 2021, la Docteure Patricia Phemba Khonde assume le poste de médecin chef de zone de santé à Monga, petit village se trouvant dans le territoire de Bondo, à 350 Km de Buta, chef-lieu de la province du Bas-Uele, en République Démocratique du Congo. Dans l’exercice de ses fonctions, elle fait face à de nombreuses difficultés, ce qui l’a poussée à lancer un cri d’alarme au gouvernement congolais, en raison des conditions précaires d’une zone de santé rurale.
Sur le plan sanitaire, Dr Patricia Phemba a signalé que sa zone de santé souffre d’une carence en infirmiers. « Nous sommes contraints d’utiliser les garçons de salle, des personnes (garçons et filles) qui n’ont pas suivi le cursus infirmier. Nous les recrutons au sein de la communauté et les formons juste en pratique pour effectuer des piqûres et calculer les doses de médicaments, afin d’assister le peu d’infirmiers présents», a-t-elle déclaré.
Avec environ une trentaine d’infirmiers, le nombre reste insuffisant pour couvrir les dix aires de santé sous sa direction. Cette zone de santé abrite également un hôpital général, plus de 100.000 habitants répartis sur 79 villages. Il y a environ 40.000 réfugiés centrafricains. Elle a notamment exprimé son inquiétude concernant l’occupation par peuple pasteur Mbororos de la forêt, qui pourrait être un foyer de certaines maladies en polluant l’eau.
Concernant l’approvisionnement en matériel, Dr Patricia Phemba a souligné la difficulté d’accès aux médicaments. « Ici, les médicaments sont une denrée rare. Ils viennent de très loin, et sans routes, il nous arrive de rester plus de cinq mois à l’hôpital sans médicaments. Quand un hôpital est à court de médicaments, quel sera le sort des malades ? », a-t-elle déploré.
Dans cette zone de santé confrontée à des maladies endémiques, elle a évoqué le problème de prise en charge des patients, notamment par le manque d’ambulance pour le transfert des malades. « Nous n’avons que des motos vétustes, et les malades sont parfois transportés à vélo. Même une femme enceinte avec un problème de dystocie pour l’accouchement doit parcourir 50 Km dans ces conditions », a-t-elle ajouté.
En lançant cet appel, la Dr Patricia Phemba a demandé au gouvernement de la République de fournir régulièrement des produits pharmaceutiques et de doter la zone de santé de Monga en ambulances et motos. Bien que l’édification des centres d’urgence ait été assurée par une organisation internationale, elle a insisté sur la nécessité de construire des centres de santé modernes.
Cependant, elle a également mentionné l’existence de maternités moins équipées et d’autres postes de santé permettant de faire le relais avec l’hôpital général situé à 50 Km.
Malgré ces défis, le médecin chef de zone de santé de Monga a exprimé son engagement envers sa profession, décidant d’être au chevet des malades à soulager leurs souffrances, car selon elle, c’est Dieu seul qui guérit. « En tant que médecin chef de zone, je suis à la fois dans l’administration et dans les hôpitaux pour surveiller notre communauté. Nous sommes l’œil du gouvernement dans le domaine de la santé », a-t-elle affirmé.
La Dr Phemba a également précisé le rôle de sa zone de santé qui consiste notamment à surveiller les maladies à potentiel épidémique afin de prévenir la propagation des épidémies. Signalons que le Dr Patricia Phemba a terminé ses études en 2012 à la faculté de médecine de l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Par la suite, elle a été retenue dans un projet à l’école de santé publique de Kinshasa, avant d’être transférée au Bas-Uele, à l’hôpital général de Monga, où elle a exercé comme médecin traitant pendant 10 ans avant de devenir médecin chef de zone.