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Processus de Luanda, RDC-Rwanda : une avancée enregistrée un accord en vue concernant le plan de neutralisation des FDLR, préoccupation majeure de Kigali

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Processus de Luanda, RDC-Rwanda : une avancée enregistrée un accord en vue concernant le plan de neutralisation des FDLR, préoccupation majeure de Kigali

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Par DMK/YHR

Le cinquième round de négociations entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda organisé samedi 12 octobre 2024 en Angola, dans le cadre du Processus de Luanda, s’est soldé par une avancée significative. Celle d’une lueur d’accord entre les deux pays qui pourrait déboucher sur un plan harmonisé de neutralisation des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), principale préoccupation de Kigali dans ce conflit qui fait abondamment couler du sang dans l’Est de la RDC.

Selon des sources diplomatiques, cette cinquième réunion, contrairement aux précédentes, s’est déroulée dans un climat plus détendu, avant de s’achever tard dans la nuit du samedi à dimanche. De quoi donner raison au Chinois Huang Xia, Envoyé spécial de l’ONU dans la région des Grands Lacs qui, une semaine avant, affirmait que  » des progrès avaient été réalisés dans l’identification des éléments constitutifs d’un accord éventuel « .

A en croire la facilitation angolaise, les délégations congolaise et rwandaise sont parvenues, au terme de ce 5ème round de négociation, à un accord sur la mise en œuvre d’un plan harmonisé de neutralisation des FDLR, préoccupation majeure du Rwanda pour justifier la présence de ses militaires aux côtés des rebelles du M 23.
Pour sa part, Kinshasa aurait obtenu, en contrepartie, un engagement pour la levée des mesures de défense adoptées par Kigali, c’est-à-dire le retrait d’environ 4 000 militaires rwandais déployés sur le sol congolais.

Il reste toutefois à fixer un calendrier précis pour la mise en œuvre de cet accord. Pour cela, les ministres des deux pays ont mandaté leurs experts pour élaborer un plan détaillé sur l’exécution de ce Plan harmonisé qui sera soumis à la prochaine réunion ministérielle pour évaluation.

Pendant ce temps, sur le terrain, on apprend de certaines sources que les combats semblent s’être calmés, ces derniers jours, même si la tension reste palpable.

Déjà deux ans de négociations

Débuté en novembre 2022 par l’Angola, le processus de Luanda, principal dispositif de négociation entre la République Démocratique du Congo et le Rwanda, peine à venir à bout de la crise sécuritaire sévissant dans l’Est de la RD Congo.

Des observateurs pointent du doigt les raisons de l’échec de ces pourparlers. C’est le cas du politologue Jean-Claude Mputu qui rappelle que les responsabilités sont partagées.
 » La mauvaise foi de certains acteurs. Selon lui, » le Rwanda ne veut pas la paix puisque la guerre lui profite depuis des années. Et du côté de la communauté internationale, il y a un manque d’engagement et une hypocrisie générale. Tout le monde reconnaît l’agression rwandaise mais personne ne condamne le Rwanda. « 

Pour Jean-Claude Mputu, l’espoir demeure toutefois permis pour une issue heureuse du processus de Luanda, tant que les parties prenantes poursuivent les discussions, que le président Joao Lourenço continue à chercher des solutions et que la communauté internationale reste mobilisée.

La question des FDLR, un subterfuge de Kigali

Quant au professeur Adolphe Agenonga Chober, spécialiste des mouvements armés à l’université de Kisangani, il explique que la pierre d’achoppement au processus de Luanda reste la divergence d’approche pour parvenir à la fin du Mouvement du 23 Mars (M23). Pour lui, la question des Forces de Libération du Rwanda (FDLR), avancée par Kigali, n’est qu’un subterfuge.

 » Comme on peut le constater, le Rwanda a toujours soutenu que la solution à la crise du M23 devrait être plutôt politique, c’est à dire qu’elle passerait par un dialogue direct entre le M23, dont il considère les combattants comme étant des Congolais. De son côté, Kinshasa a toujours rejeté toute idée de négociation avec le M23 qu’il considère comme étant un groupe terroriste avec lequel il ne négociera jamais. »

Augustin Muhesi professeur de sciences politiques au Nord-Kivu, estime quant à lui que le processus de Luanda n’a pas fait bouger les lignes et que son bilan est mitigé.  » Il a permis aux acteurs, notamment aux deux chefs d’État de se rencontrer, de se parler directement. Mais aussi le plus souvent, les délégations des deux pays se sont rencontrées, mais à part les promesses et des communiqués de cessez-le-feu, l’accord tarde à être trouvé. Pendant que les tractations ont continué à Luanda, la situation sécuritaire est restée volatile sur le terrain. « .

Rappel des obstacles

Le mardi 08 octobre, devant le Conseil de sécurité des Nations Unies, la ministre des affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner, a présenté les obstacles majeurs à sa mise en œuvre. La numéro un de la diplomatie congolaise a expliqué pourquoi, d’après elle, les négociations bloquent avec Kigali. Elle est revenue sur la question de la neutralisation des FDLR souvent brandie par le Rwanda, la nécessité d’un mécanisme de justice régional réclamé par le Rwanda et le rejet par ce pays de toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix.

De son côté, le ministre rwandais des Affaires étrangères a réagit sur son compte X (ex twitter) précisant que son homologue congolaise des Affaires étrangères ne donnait par les véritables raisons du blocage. D’après lui, c’est Thérèse Wagner qui aurait bloqué la dernière réunion ministérielle de Luanda.

Chronologie du plan de désengagement des forces en présence dans l’Est de la RDC

Le principal point de blocage qui perdurait jusqu’à ce cinquième round de négociation concerne la chronologie du plan de désengagement des forces en présence dans l’Est de la RDC. D’un côté, Kinshasa doit neutraliser les FDLR. De l’autre, Kigali doit désengager ses troupes du territoire congolais.

Le problème vient du fait que si, pour le Gouvernement rd congolais, ces opérations doivent avoir lieu de façon simultanée, les autorités rwandaises estiment, elles, que la neutralisation des FDLR doit précéder la seconde opération. D’après un observateur, le médiateur angolais tente de convaincre les deux pays de s’engager indépendamment l’un de l’autre, mais aussi et surtout de faire en sorte que la RDC comme le Rwanda cessent de se livrer à une guerre des mots dans les médias.