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Conflit RDC-Rwanda processus de Luanda : Kinshasa relève trois obstacles

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Conflit RDC-Rwanda processus de Luanda : Kinshasa relève trois obstacles

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Par DMK

Les multiples rencontres organisées séparément sous la médiation angolaise, pour tenter d’amener la République Démocratique du Congo et le Rwanda à un accord susceptible de restaurer la paix dans la partie Est de la RDC n’ont toujours pas abouti à une désescalade entre les deux pays voisins qui continuent à se regarder en chiens de faïence. Un blocage qui a été récemment évoqué à New-York, à l’occasion de la 79ème Assemblée Générale des Nations Unies. La RDC, par la voix de sa ministre des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie, Thérèse Kayikwamba, a présenté, mardi 8 octobre, devant le Conseil de Sécurité, à New York, les trois obstacles qui font que le processus de Luanda n’aboutisse pas.

En effet, au cours de cette séance d’information consacrée à la région des Grands Lacs et la mise en œuvre de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région, la cheffe de la diplomatie congolaise a relevé trois obstacles qui bloquent le processus de Luanda.
Selon elle, le premier obstacle est lié au plan harmonisé pour la neutralisation des FDLR et le désengagement des forces.

 » Ce plan repose sur deux volets : l’un pour la neutralisation des FDLR et l’autre pour le retrait des forces rwandaises. Dès avril 2024, la République Démocratique du Congo a élaboré son plan de neutralisation des FDLR avec précision et incluant une évaluation complète de la menace, des opérations militaires et un suivi rigoureux des résultats. En revanche, la contribution du Rwanda, sur le retrait des forces, se résume à une simple promesse de retrait, sans garanties ni détails concrets, créant un déséquilibre qui compromet l’application cohérente du plan « , a expliqué Thérèse Kayikwamba.

Pour la ministre congolaise, le fait que le Rwanda conditionne son retrait à la neutralisation des FDLR est  » un chantage qui viole les principes fondamentaux du droit international « . A Kinshasa, on soutient qu’il est impératif que les deux volets soient mis en œuvre de manière concomitante, pour que le processus de Luanda ait un sens.  » Seule cette simultanéité peut assurer la crédibilité et l’efficacité d’un plan qui aspire à restaurer la paix dans la région « , a encore déclaré Mme Kayikwamba devant le Conseil de sécurité de l’ONU.

Absence de sincérité et de confiance

Le deuxième obstacle qui freine le processus de Luanda, selon Kinshasa, est lié au fait que  » le Rwanda rejette toute clause de responsabilité dans un éventuel accord de paix, remettant ainsi en cause la sincérité de son engagement envers la paix.

A ce sujet, Thérèse Kayikwamba a rappelé devant le Conseil de sécurité de l’ONU que la RDC accepte pleinement d’être tenue responsables de ses actes. Car, argumente-t-elle, le principe de responsabilité est le socle de toute résolution de conflit. Ce principe, selon la ministre congolaise, impose à chaque partie de respecter scrupuleusement ses engagements, avec rigueur et sincérité.

 » Lorsqu’un accord est violé, le principe commande des conséquences claires et sans équivoque, qu’il s’agisse de sanctions ou de poursuites judiciaires, pour que justice et droit international ne soient pas de simples mots, mais des réalités. Sans responsabilité, il ne peut y avoir ni confiance, ni paix durable « , a martelé Thérèse Kayikwamba.

Nécessité d’un mécanisme de justice régional

La République Démocratique du Congo relève comme troisième obstacle l’absence d’un mécanisme de justice régional, pour répondre aux violations flagrantes du droit international commises depuis la résurgence du M23 en 2022.

 » Le Rwanda refuse catégoriquement l’inclusion de toute disposition visant à intégrer ce mécanisme dans l’accord de paix actuellement en discussion. Ce refus obstiné dévoile, sans ambiguïté, l’intention du Rwanda d’échapper à la lumière de la Justice « , constate Thérèse Kayikwamba.

La cheffe de la diplomatie congolaise a saisi cette occasion pour appeler le Conseil de sécurité à prendre des mesures fermes, en imposant des sanctions ciblées contre les individus rwandais au sommet de la chaîne de commandement, impliqués dans le soutien au M23. Pour sa part, le Rwanda dont le soutien militaire au M 23 est connu même de l’ONU, rejette tout en bloc.  » Le groupe M23 actuel n’est pas venu en RDC depuis le Rwanda. Ils sont venus de l’Ouganda. En quoi le M23 devient alors un problème du Rwanda. La RDC doit mettre en place un véritable leadership pour résoudre ses crises internes « , s’est contenté de déclarer le représentant rwandais au Conseil de Sécurité de l’ONU.
Dans ce contexte de tensions, le Processus de Luanda a peu de chances d’aboutir à un accord de paix. À moins que la communauté internationale pèse de tout son poids, pour élaguer tous les obstacles.