Soutien au M23 : Démasqué, l’Ouganda nie l’évidence !
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Par Marcel Tshishiku
L’armée ougandaise, par la voix de son porte-parole, le brigadier général Félix Kulayidje, a nié, hier mercredi, tout soutien de son pays aux rebelles du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda et qui sème la mort et la désolation dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Kampala a réagi ainsi au rapport de l’ONU rendu publié lundi 8 juillet. Selon des experts onusiens, les renseignements militaires ougandais ont permis aux troupes du M23 – ainsi qu’aux troupes rwandaises qui les soutiennent – de transiter sur le territoire ougandais. Le rapport affirme également que l’Ouganda a permis à des responsables de ce groupe armé de séjourner à Kampala et à Entebbe. Ces allégations sont catégoriquement rejetées par le porte-parole de l’armée ougandaise.
» Ce rapport n’a absolument aucun fondement scientifique. Il manque de documentation et il est biaisé. Nous n’avons aucune raison de soutenir ces rebelles, alors que nous faisons partie des mécanismes régionaux pour la résolution des conflits dans l’Est de la RDC. Que des gens fassent ce genre d’allégations est une façon de saboter les efforts que nous entreprenons, plutôt que de les soutenir « , a notamment déclaré le brigadier général Félix Kulayidje.
Et de poursuivre : » Si ces experts sont réellement des Nations Unies, ils devraient soutenir les efforts régionaux pour trouver une solution pacifique, plutôt que de nous accuser de prendre parti. Non, notre pays n’est pas utilisé comme base par ces rebelles. En revanche, notre pays accueille des réfugiés pour leur propre sécurité, en accord avec la politique des Nations Unies. Nous avons de très bonnes relations avec le Gouvernement de la RDC. Nous avons d’ailleurs une mission conjointe dans la région de l’Ituri, pour lutter contre les terroristes des ADF. Alors pourquoi, est-ce que l’on soutiendrait un groupe qui se bat contre le gouvernement avec lequel nous travaillons ? ».
L’armée rwandaise impliquée directement dans la guerre
Pour les experts onusiens, l’armée rwandaise est impliquée désormais directement et de façon décisive dans cette guerre d’usure aux innombrables victimes.
» Ne se bornant plus à apporter un simple soutien aux opérations du M23 dans les territoires de Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, la Force de défense rwandaise (RDF), s’implique désormais directement et de façon décisive « , indique le rapport final du Groupe d’experts sur la République Démocratique du Congo.
L’implication directe du Rwanda dans les combats, aux côtés du M23 a permis aux deux groupes de dominer militairement dans le Petit Nord et d’étendre rapidement leur territoire jusqu’aux rives du lac Édouard.
« S’appuyant sur des technologies et du matériel militaires de pointe, le M23 et la RDF ont renforcé leurs opérations conjointes, modifiant ainsi la dynamique du conflit. Ils ont notamment cloué au sol presque tous les moyens aériens militaires des FARDC « , indique le rapport.
Risque d’un conflit régional
L’escalade rapide de la crise du M23 risque, selon les experts de l’ONU, de déclencher un conflit régional plus vaste.
» Le M23, aux côtés de la Force de défense rwandaise (RDF), et les Forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) ainsi que la coalition de groupes armés locaux Wazalendo, les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe faisant l’objet de sanctions, et la Force de défense nationale du Burundi ont continué de s’opposer dans de violents combats. Les FARDC ont reçu un soutien opérationnel et militaire de sociétés militaires privées et des contingents de la Communauté de développement de l’Afrique australe « , écrivent ces experts.
À en croire la même source, les vives tensions entre le Burundi et le Rwanda ont amené ces deux pays à se rapprocher des groupes armés étrangers basés au Sud-Kivu. Le Rwanda a notamment renouvelé son soutien à la Résistance pour un État de droit au Burundi (RED Tabara) et le Burundi a repris sa collaboration avec le Conseil national pour le renouveau et la démocratie-Forces de libération nationale (CNRD-FLN).
Exécution des civils
Le M23 et la RDF continuent des représailles envers les civils qu’ils soupçonnaient de collaborer avec les groupes armés ennemis, en particulier les Hutus, perçus comme proches des FDLR ou des Nyatura, notent les experts onusiens. Les victimes ont été exécutées après avoir été torturées. Le M 23 et la RDF ont détruit leurs villages, pillé leurs biens ou les ont détenus de manière arbitraire.
Pour leur part, les groupes Wazalendo ont appliqué une économie de guerre violente dans leurs zones d’influence (pillages, rackets, enlèvements et assassinats de civils), etc. Ce qui leur a permis de prospérer.
Le rapport des experts indique également que les conditions de sécurité et la situation humanitaire qui règnent dans l’Est de la République Démocratique du Congo, toujours en proie à une violence intense, se détériorent davantage. Les tensions régionales ont exacerbé le conflit et les combats dans les trois provinces orientales.
» Au Nord-Kivu, les Forces démocratiques alliées (ADF), groupe armé faisant l’objet de sanctions, ont intensifié leurs attaques contre les centres urbains de la RDC, et poursuivi leurs opérations en Ouganda. Elles ont causé le plus grand nombre de morts, principalement des civils « , peut-on lire dans le rapport.
Des prisons comme arrière-base !
Les ADF ont établi de solides réseaux dans les prisons, en particulier à Kinshasa, où les détenus qui leur sont affiliés ont recruté et mobilisé des combattants et des collaborateurs.
Les experts font remarquer que le Gouvernement congolais emploie officiellement des groupes armés Wazalendo pour combattre le Mouvement du 23 mars (M23). Ce qui fait que, dans l’Est du pays, des groupes armés se prévalent de cette appellation pour justifier leur existence et leurs activités criminelles.
» Aucune suite n’a été donnée à la consigne du chef d’état-major des FARDC de mettre fin à la collaboration avec les FDLR. Bien que sous pression, celles-ci ont continué de jouer un rôle important dans le conflit.
La participation de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) aux opérations contre le M23 et la RDF a exacerbé les tensions entre le Rwanda et le Burundi. La violence armée prolongée a intensifié la crise humanitaire déjà très grave « , note aussi le rapport.