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Accusé de sorcellerie : un couple brûlé vif à Lubero

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Accusé de sorcellerie : un couple brûlé vif à Lubero

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Par YHR

La population en colère a brulé vif un couple accusé de sorcellerie, le vendredi 26 aout, au village Luotu, dans le territoire de Lubero, dans la province du Nord-Kivu. D’après des sources sur place, le mari a d’abord été décapité, avant que son corps ne soit brûlé.
D’après le site radiookapi.net, l’administrateur du territoire de Lubero a expliqué que la Police nationale congolaise (PNC) n’a rien pu faire, faute d’effectifs. Elle a été débordée par le nombre de manifestants. Le colonel Alain Kiwewa, tout en condamnant cet acte, dit avoir initié la demande auprès de l’autorité compétente pour le renforcement de la présence policière dans la région.

Pas un cas isolé

Il s’agit des énièmes personnes tuées après avoir été accusées de sorcellerie en République Démocratique du Congo. En 2021, les autorités locales avaient compté huit personnes mortes brûlées ou lynchées dans trois territoires (Kalehe, Walungu et Fizi) par une « justice populaire ». Ces meurtres faisaient suite aux « révélations » de « voyantes » et autres « prêcheurs ». Ainsi, le 16 août 2021 à Cifunzi, village d’environ 2.000 habitants dans la province du Sud-Kivu, la vieille Nyabadeux, mère de sept enfants, a été aspergée d’essence, puis brûlée vive.

La même année, Nelly Adidja, membre de l’Association des femmes des médias (AFEM) du Sud-Kivu, a affirmé avoir enregistré 324 accusations de sorcellerie sur la période allant de juin à septembre 2023. Le territoire de Kalehe compte à lui seul 114 cas, dont cinq femmes brûlées vives et quatre autres emmenées vers une destination inconnue par des milices d’autodéfense.

Défaillance de l’Etat à assurer ses missions régaliennes

Le professeur Bosco Muchukiwa, sociologue et directeur général de l’Institut supérieur de développement rural (ISDR) de Bukavu, a expliqué ce phénomène par la défaillance de l’État à assurer ses missions régaliennes, la police et la justice ne faisant pas leur travail. Ce problème, d’après lui, est accentué par les « Bajakazi », des voyantes et pseudo-prêcheuses présentes dans presque tous les villages de cette partie du territoire national. Il y a aussi quelques hommes, mais ce sont en majorité des femmes. Elles prétendent détecter les sorciers et sorcières.