Situation sécuritaire dans l’est de la RDCMonusco : Washington et l’ONU contre le retrait précipité
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Par GKM
La situation sécuritaire dans la partie Est de la République Démocratique du Congo était au centre d’une réunion du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, le lundi 26 juin 2023 à New-York.
A cette occasion, l’ambassadeur suppléant des USA auprès de l’ONU , Robert A. Wood, s’est montré réfractaire aux appels du gouvernements de la RDC en faveur du retrait de la Monusco.
Certes, a-t-il dit, la Mission ne doit pas rester indéfiniment. Mais il y un processus général en cours, et le gouvernement de la RDC n’aura pas atteint en 2023 les objectifs fixés pour assurer ce retrait qui entraînerait un vide sécuritaire avec des effets dévastateurs pour les populations les plus vulnérables.
« En cas de retrait précipité, nous verrons la CODECO et d’autres groupes armés redoubler d’activités, il y aurait davantage de massacres et la crise humanitaire s’aggraverait encore, du fait notamment des violences sexuelles et autres «, a prévenu Robert A. Wood. D’après l’ambassadeur suppliant des USA à l’ONU, il est important de privilégier le dialogue, de faire preuve de volonté politique et de mettre en œuvre des réformes.
Grand contributeur financier de la Monusco, les USA ont une voix qui porte. Même la Chine et la Russie, partisanes de la souveraineté de la RDC, ont émis des réserves sur le départ de la Monusco dans les conditions actuelles. Pourtant, le plan de retrait de la Monusco endossé par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies prévoit le départ de la Mission onusienne à l’horizon 2024. A six mois de cette échéance, l’ONU assure travailler pour que «cette transition se fasse le plus vite possible».
Lors de sa dernière visite en RDC au début du mois de juin, le Secrétaire Général adjoint des Nations Unies en charge des Opérations du maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, avait indiqué avoir noté une convergence de vues avec les différentes autorités de la RDC concernant le processus de retrait de la Monusco qui doit, selon lui, se faire «de manière responsable».
Les Nations Unies hésitent aussi !
Pendant ce temps, la Sous-secrétaire générale des Nations Unies pour l’Afrique, Martha Pobee a, au cours d’une réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies tenue le lundi 26 juin à New York et consacrée à la situation au Congo-Kinshasa, donné la position de l’ONU sur le retrait de la MONUSCOde la RDC.
Pour Martha Pobee, il faut « garder le cap pour une transition ordonnée, graduelle et responsable ». Et d’ajouter :« Le départ de la MONUSCO est prévu et des premières mesures sont prises dans plusieurs domaines. Cependant, le retrait de la MONUSCO ne doit pas compromettre la protection des civils. Nous devons éviter de créer des vides sécuritaires », a dit Martha Pobee.
La Sous-secrétaire générale adjointe des Nations Unies en charge de l’Afrique fait savoir qu’une transition ordonnée et responsable dépend de la capacité des forces de sécurité nationales à se déployer et à intervenir efficacement partout où la situation sécuritaire l’exige.
Persistance des poches d’insécurité
Faisant échos des poches d’instabilité dans l’ouest et le sud de la RDC, Martha Pobee a indiqué qu’en dehors des défis sécuritaires et humanitaires dans l’est de la RDC, des poches d’instabilité ont refait surface dans l’ouest et le sud du pays.
« La violence a persisté dans les provinces du Mai-Ndombe, du Kwilu et du Kwango, et s’est propagée à Maluku dans la province de Kinshasa », a indiqué Mme Pobee.
La haute fonctionnaire onusienne fait part des tensions et des violences qui ont été signalées à Kindu, Tshopo et Katanga.
Face à cette situation, elle dit avoir exhorté les autorités à demander des comptes aux auteurs de ces violences et à prendre des mesures pour renforcer la cohésion sociale, afin de préserver les acquis de la stabilité dans ces zones.
S’agissant des droits de l’homme, Martha Pobee estime que la situation reste préoccupante. Elle se dit particulièrement alarmée par « la restriction de l’espace civique et l’augmentation des discours de haine ». La haute fonctionnaire onusienne se dit également préoccupée par les informations faisant état d’une augmentation de la violence à l’encontre des femmes dirigeantes et militantes politiques. C’est pourquoi Martha Pobee a exhorté les autorités, la société civile et les acteurs politiques « à œuvrer pour promouvoir un espace civique pacifique, tolérant et inclusif, en particulier à l’approche des élections de décembre 2023″.
Le Secrétaire Général de l’Onu, Antonio Guteres, présentera dans un mois son rapport sur la reconfiguration de la Monusco.
Lors de la réunion du Conseil de Sécurité sur la situation en RDC tenue lundi dernier à New-York, la Chine et la Russie se sont montrés très réservées sur le départ de la Monusco.
Appui au processus électoral
En rapport avec le processus électoral en cours en RDC, la MONUSCO dit avoir fourni un appui logistique à la Commission électorale nationale indépendante et une formation aux policiers chargés de la sécurité pendant les élections.
L’ONU a aussi, plus largement, fourni une assistance technique pour le processus électoral par le biais du programme d’appui électoral du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Mme Martha Pobee a encouragé les États membres à soutenir ce programme. Elle a aussi jugé nécessaire de renforcer les efforts de prévention de la violence électorale.