Métrologie : une proposition de loi en attente d’adoption au Parlement depuis 2014
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Par LM
A défaut d’une législation adaptée aux enjeux actuels de développement, la République démocratique du Congo continue de se référer à un vieux décret royal de 1910 et d’autres textes dépassés pour organiser les activités de métrologie légale. Alors que le monde célébrait, le 20 mai dernier, la Journée mondiale de la Métrologie, la tradition tend plutôt à disparaitre en République démocratique du Congo.
Neuf ans durant, quelques activistes dans le domaine de la métrologie ont continué à exercer une pression sur l’Assemblée nationale, où la proposition de loi est en attente d’adoption. Adoptée au Sénat, la loi relative à la métrologie et à la normalisation fait l’objet d’une Commission paritaire Sénat-Assemblée nationale depuis 2014. On peut s’interroger légitimement de l’opportunité d’une telle législation pour le pays.
En fait, tout commence en 1875, avec la signature de la Convention du Mètre. » Ce traité a permis de poser les jalons d’un système mondial de mesures cohérent, essentiel pour les innovations scientifiques, la production industrielle, le commerce international, ainsi que la protection de l’environnement et l’amélioration de la qualité de vie « , explique le président de l’Association pour la promotion de la métrologie et la normalisation en RDC (Apromen), Bertin Ntumba, interrogé par la rédaction.
Le 20 mai, le monde commémore la Journée mondiale de la métrologie. Pour cette édition, le thème choisi était : » Mesurer pour soutenir le système alimentaire mondial « . La thématique correspond effectivement aux défis d’aujourd’hui tant dans le secteur alimentaire pour le continent africain en général et la RDC en particulier. En effet, l’explosion démographique est un vrai problème dans un contexte mondial marqué douloureusement par le changement climatique.
Par ailleurs, il faut assurer une distribution de nourriture équitable dans un monde dont la population pourrait atteindre 8 milliards d’habitants fin 2022. En plus d’être considérée comme une discipline particulière des sciences physiques, la métrologie se trouve être tout simplement la base de rationalité et même le socle de nos activités diversifiées, notamment l’industrie, la recherche, le commerce, la santé publique, la protection de l’environnement et la formation technique.
Mais qu’en est-il de la métrologie en RDC ? Il s’agit d’un domaine placé sous la responsabilité du ministère de l’Industrie. Nous avons déjà une législation lacunaire, et une proposition de loi en instance de vote au parlement depuis 2014. En outre, la RDC enregistre également une pratique très faible. Il est décevant de constater par exemple l’usage dans le commerce courant des outils non conventionnels comme le Sakombi, le Mopiko et l’Ekolo.
Les experts épinglent également une pratique généralisée de la facturation forfaitaire des denrées de base que sont l’eau et l’électricité. Toutes ces faiblesses expliquent la faible intégration nationale, régionale et internationale du pays. A cela, il y a également une réelle difficulté à exporter des matières premières à haute valeur ajoutée, ainsi que la difficulté à diversifier et à rendre plus compétitifs les produits et services locaux.
En dehors de quelques associations, principalement l’APROMEN, qui sensibilisent encore la société sur cette question d’intérêt majeur, les autorités congolaises semblent ne pas prendre la mesure des enjeux et défis liés à la métrologie dans le développement de la RDC. Aucun pays ne peut se développer sans mettre en valeur son commerce national et sans s’intégrer dans des vastes espaces de développement. » Il convient de promouvoir une pratique plus cohérente de la métrologie en tant qu’outil de promotion de la qualité, de la sécurité, de l’équité, de la justice économique et du bien-être pour tous « , conclut Bertin Ntumba.