Production de batteries électriques: la RDC veut renforcer son deal avec les USA
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Par LM
Sur invitation de l’administration Biden, le ministre de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya, et son collègue des Finances, Nicolas Kazadi, ont échangé, vendredi 14 avril, avec le sous-secrétaire d’État américain chargé de l’économie, énergie et environnement, José W. Fernandez. En effet, les deux parties ont évalué l’accord de collaboration, signé en décembre dernier à Washington, entre les autorités congolaises et zambiennes sur la mise en place d’une chaîne d’approvisionnement productive de batteries de véhicules électriques.
A ce sujet, des discussions sont en cours sur le lancement de l’étude de préfaisabilité de l’installation de la première usine des précurseurs des batteries électriques dans le Haut-Katanga. Cette entrevue de Washington DC entre les autorités congolaises et américaines, la deuxième sur le même sujet, après celle plus informelle de Cape Town (Afrique du Sud), lors du forum d’Indaba Mining, a permis de relancer le débat sur un projet vital pour la RDC.
Pour certains analystes, la réaffirmation de la » ferme détermination » de l’administration Biden d’accompagner réellement la matérialisation de ce projet inédit est un pas de plus dans la bonne direction. Par contre, d’autres estiment que le projet est déjà lancé avec l’étude de préfaisabilité de l’installation de la première usine de fabrication des précurseurs des batteries électriques dans la capitale cuprifère, et il faut donner plus de place à l’action qu’au discours politique.
Au cours de l’entrevue entre les officiels congolais et américains, il était question d’évaluer le protocole d’accord de collaboration signé à Washington entre la RDC, qui produit 70 % du cobalt mondial, et la Zambie, sixième producteur mondial de cuivre et deuxième de cobalt en Afrique, sur les chaînes de valeur des batteries de véhicules électriques. Dans le cadre de cet accord, les États-Unis d’Amérique ont pris l’engagement de soutenir le projet. L’objectif visé par l’accord était de mettre en place une chaîne d’approvisionnement productive, de la mine à la chaîne de montage, tout en respectant les normes internationales.
Pour l’érection d’une industrie à valeur ajoutée et durable en Afrique, le secteur privé américain reste un partenaire important tant pour les connaissances techniques que le financement et le développement commercial, à chaque étape du processus.
Pays producteur de batteries électriques
Pour mettre sur pied sa première usine de fabrication de batteries électriques, la RDC s’est lancée dans une grande opération de charme pour trouver les partenaires clés. Sur la table des discussions, les autorités congolaises n’ont pas misé que sur les abondantes ressources en cobalt et l’énergie hydroélectrique (un potentiel de plus de 100 000 MW). Le pays s’est plutôt positionné comme un » producteur à faible coût et à faibles émissions de précurseurs de matériaux de cathodes de batteries lithium-ion « .
En outre, la RDC s’est également appuyée sur une étude de Bloomberg qui estime que la construction d’une usine de précurseurs de cathodes de 10 000 tonnes nécessiterait une enveloppe de 39 millions de dollars sur le territoire national, alors que la même construction coûterait trois fois plus chère aux États-Unis d’Amérique. Selon l’étude, la même usine construite en Chine et en Pologne va coûter respectivement 112 millions et 65 millions de dollars américains.
Des enjeux énormes
Selon l’expert, D. Yengebuta, tout part d’une projection. D’ici 2040, la vente de voitures électriques va surpasser celle des véhicules à essence. A ce jour, la grande puissance la plus impliquée est la Chine, dont les entreprises devraient produire plus de la moitié de la production mondiale du lithium. Or, la RDC détient les plus grandes réserves de lithium inexploitées au monde, et la Chine contrôle quasiment le secteur minier congolais. » Les circonstances concourent à présenter le pays, la RDC, comme un acteur phare, mais nous parlons d’un pays pauvre qui joue dans la cour des grands. Quelle serait sa marge de manœuvre d’autant plus qu’elle ne maitrise pas grand-chose de cette nouvelle technologie ? « , fait savoir l’expert. La crainte, poursuit-il, est que le pays ne s’enlise dans une guerre d’hégémonie entre les puissants du monde. » On le voit déjà avec le cuivre et le cobalt.
Les investissements dans ce secteur rapportent plus aux pays étrangers, avec la Chine en tête « .
A la seule différence que la RDC veut devenir un pays producteur de batteries électriques, mais, là aussi, des obstacles persistent, notamment le financement lourd qui doit venir de l’extérieur, le retard dans les recherches du lithium, le système routier dans un état désastreux, le déficit énergétique, etc. En somme, rien n’est encore gagné, conclut l’expert.