Dans une action de plaidoyer et de lobbying auprès des 27: l’UE exhortée à suspendre son aide militaire au Rwanda
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Dans un document conjoint, 7 Organisations de la société civile européenne exhortent également l’UE et ses Etats membres à prendre une position claire et ferme face à l’escalade du conflit dans l’Est de la RDC et condamner toutes violations de la souveraineté territoriale qui menacent la stabilité de la région
Par GKM
La situation sécuritaire dans la partie Est du pays préoccupe certaines organisations de la société civile européenne qui mènent des actions de plaidoyer et de lobbying pour exhorter les 27 à suspendre son aide militaire au Rwanda en raison de son soutien au M23 dans le Nord -Kivu.
Dans un document conjoint, 7 Organisations de la société civile européenne, dont FIDH (Fédération internationale pour les Droits humains) exhortent également l’UE et ses Etats membres à prendre une position claire et ferme face à l’escalade du conflit dans l’Est de la RDC et condamner toutes violations de la souveraineté territoriale qui menacent la stabilité de la région.
Parmi les Recommandations formulées à l’endroit des ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l’UE, ces organisations invitent ces derniers à prendre une position claire et ferme face à l’escalade du conflit dans l’Est de la RDC et condamner toutes violations de la souveraineté territoriale qui menacent la stabilité de la région.
Pour elles, l’UE et ses Etats membres doivent condamner publiquement et fermement toute collusion ou coopération avec les groupes armés actifs dans l’est de la RDC, et en particulier le soutien du Rwanda au M23. Elles rappellent que la pression et la suspension de l’aide au Rwanda par plusieurs puissances étrangères en 2012 avait contribué à la désescalade du conflit.
FIDH et autres organismes signataires estiment que suspendre immédiatement l’aide militaire à l’armée rwandaise apportée dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix serait importante. Mais l’UE devrait aussi conditionner son soutien à un engagement préalable de retrait du soutien de l’armée rwandaise au M23, martèlent-elles. Tout en priant les 27 à imposer de nouvelles sanctions à l’encontre des auteurs de violations des droits humains dans l’est de la RDC et à leurs soutiens à l’étranger.
« L’UE devrait étendre les sanctions ciblées pour inclure les personnes reconnues responsables de graves exactions, ainsi que les hauts fonctionnaires de toute la région complices des exactions des groupes armés», notent elles avant d’inviter l’UE à nommer un Envoyé Spécial dans la région des Grands Lacs pour faciliter les processus de dialogue entre les parties prenantes et témoigner de la volonté de l’UE de s’engager activement pour la paix dans la région.
«La mise en place d’un envoyé spécial pour la région pourrait aider à renforcer la concertation entre les différentes chancelleries et délégations de l’UE dans la région, contribuant ainsi à une politique plus cohérente de l’UE», pensent aussi ces organisations.
Accroître l’aide européenne à la RDC
Ces dernières demandent à l’UE d’accroitre son financement de l’aide au développement et de l’aide humanitaire en faveur de la RDC. Dans un contexte fragile de crises prolongées comme celui de la RDC, l’engagement de l’UE envers la programmation Nexus dans l’est de la RDC demeure de la plus haute importance, rappellent-elles.
Inquiétude face à la dégradation de l’environnement sécuritaire au Nord-Kivu
Ces 7 organisations et plateformes de la société civile européenne ont exprimé aux ministres des Affaires étrangères de l’UE leur profonde inquiétude face à l’escalade de la violence et la dégradation de la situation humanitaire dans l’est du pays.
«Nous condamnons fermement les exactions contre les civils dans les provinces du Nord et Sud Kivu et de l’Ituri, et demandons à l’UE et ses Etats membres d’agir de manière ferme, unie et cohérente afin de soutenir le processus de paix amorcé dans la région des Grands Lacs.
La crise ukrainienne ne devrait pas détourner l’attention de l’UE des autres conflits dans le monde. L’UE se doit de respecter les valeurs des droits humains qu’elle promeut et de mettre les intérêts des populations affectées par les conflits dans la région des Grands Lacs au-delà de tout intérêt européen sur le continent», écrivent ces organisations signataires.
Elles se disent vivement préoccupées par l’adoption récente par le Conseil de l’Union Européenne d’une mesure d’assistance d’un montant de 20 million d’euros pour soutenir le déploiement de l’armée rwandaise pour combattre une insurrection islamiste au Mozambique, dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix (FEP).
Le soutien à l’armée rwandaise pour les opérations conduites au Mozambique ne peut être dissocié du contexte qui prévaut actuellement à l’Est de la RDC et du soutien de cette même armée aux rebelles du Mouvement du 23 mars (M23). La décision de l’UE d’octroyer cette enveloppe à l’armée rwandaise a profondément choqué l’opinion publique congolaise et certains partenaires congolais de la société civile, alimentant ainsi des doutes quant à la sincérité de l’engagement de l’UE pour la paix dans la région des Grands Lacs, regrettent-elles.
En particulier, des analyses faisant état de la défense d’intérêts de l’entreprise française Total Energies à Cabo Delgado au Mozambique comme facteur important dans la prise de cette décision sont inquiétants, déplorent les signataires qui pensent que cette mesure risque de compromettre les efforts déjà fournis pour la stabilité, la sécurité et le développement de la région, et entache sérieusement l’image de l’UE et les organisations européennes œuvrant pour la justice et la paix en RDC.
Désapprobation
L’appui financier de l’UE à l’armée rwandaise a suscité beaucoup de réactions. En témoigne celle du Dr Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la Paix et du Prix européen Sakharov pour son combat pour la défense des droits des femmes et pour la paix qui s’est lui-même dit «scandalisé» par cette mesure. Il est dès lors crucial pour l’UE de changer de cap, tancent FIDH et autres signataires.
La résurgence au Nord-Kivu du groupe armé M23 depuis novembre 2021 accroit la tension dans la sous région, en particulier entre le Rwanda et la RDC. Selon le Groupe d’experts de l’ONU, Human Rights Watch et la diplomatie américaine, le M23 est soutenu par le Rwanda.