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Décès de Tshala Muana : les hommages pleuvent

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Décès de Tshala Muana : les hommages pleuvent

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Par Yves Mitondo

« Aux petites heures de ce matin, le bon Dieu a pris la décision de reprendre la Mamu nationale Tshala Muana. Que le bon Dieu soit glorifié pour tous les bons moments qu’elle nous aura fait passer sur cette terre. Adieu Mamu de moi ». C’est par ces mots que Claude Mashala, son compagnon, a annoncé sur son compte Facebook, le décès de la chanteuse Tshala Muana.

Dès la nouvelle connue, les hommages ont commencé à pleuvoir le samedi 10 décombre 2022 sur les réseaux sociaux. Ainsi le chanteur Koffi Olomidé a partagé une photo de lui avec Tshala Muana: « Mon coucou est parti… Un amour vrai… Elizabeth Tshala de Koffi, repose en paix… Je présente mes sincères condoléances à sa famille biologique et à tous les Congolais ».

Sa consœur Mbilia Bel a publié sur Instagram une photo où elle pose en compagnie de celle qui a été surnommé la « Mamu nationale »: « Kende malamu. Yaya na ngai. Pars en paix », a-t-elle écrit. « Je suis terrassé par la nouvelle de ta mort, notre Reine. Une telle mort de trop est inacceptable face aux massacres tragiques causés par nos ennemis.

Ta voix combattante aura contribué aux grands épisodes de l’histoire de notre pays. Que vive Mamu Nationale! Ya Tshala wetu! », a pour sa part écrit Héritier Wata sur Facebook. Fally Ipupa a également rendu hommage à Tshala Muana: « Rest in peace la Reine de mutuashi, Mamu nationale, Mama Tshala Muana », a-t-il écrit.

L’artiste musicien et chanteur Jean Goubald Kalala « pleure une grande dame de la musique congolaise qui était également une sœur et une belle sœur pour lui ».

Des débuts comme danseuse

Celle qui a tiré sa révérence après un malaise, dans un hôpital de Kinshasa, est née Élisabeth Tshala Muana Muidikayi, le 13 mai 1958 à Élisabethville, aujourd’hui Lubumbashi, au Congo belge. Deuxième d’une fratrie de dix enfants, elle est la fille d’Amadeus Muidikayi, militaire, et d’Alphonsine Bambiwa Tumba, mère au foyer. En 1964, elle perd son père, assassiné à Watsha par les maquisards, pendant la guerre du Katanga. Elle est élevée par sa mère, qui décède en 2005.

La jeune femme débuté sa carrière artistique comme danseuse vers 1978 à Kinshasa, chez la chanteuse Abeti Masikini, dans le groupe « Les Redoutables » et dans l’orchestre « Tcheke Tcheke Love », de Mpongo Love, ainsi que pour le groupe Minzoto Wela Wella.
Une sensation en Côte d’ivoire

Mais, c’est le vendredi 7 août 1981, au centre culturel de Treichville, à abidjan, en Côte d’ivoire, que Tshala Muana la chanteuse nait. Lors d’un concert du chanteur ivoirien Jimmy Hiancynthe, elle fait devant le public de ce pays d’Afrique de l’Ouest une éblouissante démonstration de la danse mutuashi, venue du folklore lulua, une ethnie du centre de la République Démocratique du Congo. C’était la première fois qu’on voyait une femme bouger ses hanches de cette manière.

En 1984 sort son premier album intitulé « Mbanda matière » (rivale matière).

Titre prémonitoire, les mauvaises langues expliquant que le séjour ivoirien de la jeune femme a été écourté car de nombreuses Ivoiriennes se sont plaintes que leurs maris respectifs n’avaient plus d’yeux que pour la belle Zaïroise. En 1984, le chanteur ivoirien Francois Lougah l’a demandée en mariage, faisant à l’époque les choux gras de la presse.

La rumeur lui a prêté plusieurs relations, notamment avec des personnalités politiques d’Afrique de l’Ouest et centrale, mais elle n’a jamais été officiellement mariée. La danseuse aux coups de reins provocateurs a sorti 22 autres albums, parmi lesquels en 1987 « La Divine », l’année suivante « Munanga » ou encore en 2018 son dernier « Don de Dieu », avec Mbilia Bel.

Fixée à Paris, Tshala Muana ne regagne la Rd Congo en 1997. Elle s’engage en politique, épaulée par le Président Laurent-Désiré Kabila. Elle fonde l’association Regroupement des femmes congolaises (REFECO).

De 2000 à 2002, elle siège comme députée au sein de l’Assemblée constituante et législative – Parlement de Transition (ACLPT). Elle devient ensuite présidente de la Ligue des femmes du Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie (PPRD), parti politique créé en 2002 par le Président Joseph Kabila Kabange. En 2011, elle est battue aux législatives dans la circonscription de Kananga, la ville de son enfance, défaite qu’elle a, en son temps, contestée.

Entrée en politique

À partir des années 2000, celle que l’on a surnommée « la reine du mutuashi » assure elle-même la production de sa musique et, à partir de 2008, celle de jeunes talents, notamment MJ-30, Jos Diena, Lula Tshanda et Boss Bossombo. Sa dernière collaboration musicale était avec Peter Komondua, avec le titre  » Afrotopia « .

Au cours de sa carrière, un accident de la circulation au Malawi la laisse avec quatre côtes fracturées. En avril 2012, la chanteuse congolaise, victime d’une crise d’hypertension provocant des troubles symptomatiques graves, avait dû être évacuée de toute urgence, et plus précisément à New Delhi, en Inde.

En juin 2020, une autre crise d’hypertension lui vaut un séjour de plusieurs semaines à l’hôpital du Cinquantenaire, Kinshasa. La rumeur de sa mort persistant, elle avait dû la démentir personnellement, pour rassurer ses fans inquiets.