Des activités en faveur d’un électorat contre les pires situations en RDC: la Ligue des Électeurs forme et mobilise pour des élections apaisées
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L’organisation fondée par Paul Nsapu Mukulu souhaite voir les scrutins se tenir dans les meilleures conditions et dans la paix
Par GKM
Le Conseiller du Chef de l’état en charge des questions juridiques et administratives, Aimé Jules Morola a ouvert la matinée d’échanges électorale organisée par la Ligue des Electeurs et ses Partenaires. Cette session d’échanges se déroule du 16 au 19 août 2022 dans la Grande Salle Polyvalente du Musée National de la RDC, au bénéfice de 50 animateurs et avec la participation d’une vingtaine de partenaires.
La formation tourne autour de thèmes tels que l’organisation des élections, la sécurisation des élections et la lutte contre la corruption dans le processus électoral, animés par des experts et spécialistes en la matière dont le Professeur Jean Louis Essambo, doyen de la faculté de Droit de l’Université de Kinshasa et ancien juge de la Cour Constitutionnelle.
Durant quatre jours, les participants vont suivre les communications sur les Principes et traités internationaux qui soutiennent les élections en RDC, Inclusion du genre, des jeunes et des personnes avec handicap dans le processus électoral en RD Congo, Elections et Droits Humains en RD Congo, Cycle électoral, systèmes électoraux et calculs de répartition des sièges, généralités sur l’ observation électorale, rédaction, présentation et diffusion des rapports d’observation électorale, Observation des opérations de révision du fichier électoral …
Cette activité est une occasion pour la Ligue des Électeurs de battre un rappel des troupes en vue de relancer ses activités d’accompagnement du processus électoral, en adoptant comme mot d’ordre ou leitmotiv la formule : » Les élections pour le pouvoir du peuple ! « , a noté Paul. Nsapu Mukulu, Président du conseil d’administration de la Ligue des Électeurs.
« Contrairement à ce que pensent la plupart de nos compatriotes, les élections en République Démocratique du Congo n’ont pas commencé en 2006 mais remontent à la fin de la colonisation, avec l’organisation des élections municipales du 8 décembre 1957 à Léopoldville (actuelle Kinshasa), Elisabethville (actuelle Lubumbashi) et Jadotville (actuelle Likasi) » ‘, a indiqué Paul Nsapu Mukulu dans sa communication.
Il a précisé qu’au total, trente-deux élections ou consultations ont été organisées jusqu’à ce jour, dont cinq sous l’ère coloniale, quatre pendant la Première République, onze sous la Deuxième République, une pendant la Conférence Nationale Souveraine, le Referendum du 18 au 19 décembre 2005 et onze scrutins depuis l’entrée en vigueur de la Constitution du 18 février 2006.
L’expert a fait savoir qu’à chaque époque, ces élections avaient leurs particularités, dont on peut citer : l’exclusion des femmes pendant la colonisation et la Première République, la candidature unique à l’élection présidentielle pendant la Deuxième République, la limitation de l’électorat aux Conférenciers et Conférencières pendant la CNS, et le suffrage universelle direct mêlé au suffrage indirect à partir de 2005.
Quant à la qualité, il a expliqué que les élections étaient crédibles (sans tricherie ni contestation) sous l’administration coloniale et la Première République. Bien que les élections sous la Deuxième République n’aient essuyé d’aucune contestation, cela ne garantissait pas leur crédibilité, car le pouvoir dictatorial ayant confisqué toute liberté d’expression, personne n’avait le droit d’attaquer les décisions du Parti-Etat.
Cependant, à part le Referendum, il est démontré noir sur blanc que les élections organisées depuis 2006 ont toutes fait l’objet de graves contestations, lesquelles feront suite à des escalades de violences particulièrement meurtrières, a déclaré Paul Nsapu Mukulu.
Au regard de ce constat peu flatteur, Paul Nsapu Mukulu s’interroge sur ce que la population doit faire pendant que l’on chemine vers les élections de 2023.
« Que devons-nous faire pour ne plus retomber dans les erreurs ou imperfections de ces trois derniers cycles électoraux « ? s’interroge Mukulu.
En guise de réponse, il a assuré que la Ligue des Electeurs et ses Partenaires se préoccupent et cherchent à apporter leur contribution en décidant d’accompagner le processus électoral en vue d’obtenir » des élections pour le pouvoir du peuple « .
Cap vers les élections apaisées
En effet, après avoir mené des études à l’ interne et procédé à l’ évaluation du cycle électoral en cours, non sans revisiter les cycles de 2006 et 2011, les experts de la Ligue des Électeurs ont émis des observations selon lesquelles le système démocratique pourtant inauguré avec ferveur en 2006 ne paraît plus aussi attrayant en ce moment où l’on s’achemine vers la quatrième délivrance électorale.
Pour la Ligue des Électeurs, au fur et à mesure qu’on enchaîne les cycles, plutôt que de connaître des bonifications avec l’expérience et les leçons apprises, la qualité des élections ne fait que se déprécier. Ce paradoxe a été à l’origine des contestations et violences ayant émaillé les périodes postélectorales que l’on déplore depuis 2006, entrainant de surcroit la perte de confiance des électeurs/trices, de sorte à justifier la dégringolade du taux de participation (65,36 % en 2006, 58,81 % en 2011, 47,56 % en 2018).
Mais le plus préoccupant est qu’avec des crises politiques et sécuritaires actuelles, à y ajouter le malaise social alimenté par la situation économique fragile, les élections de 2023 peuvent jouer le rôle de l’eau pour éteindre ce feu qui couve ou carrément la flamme qui embrase le pays ; du fait que si elles sont crédibles, les résultats seront acceptés par tous et l’on passera à une autre mandature sans escalade de violence, par contre les mauvaises élections entraineraient des contestations, de violentes manifestations qui, mêlées aux guerres et rebellions qui sévissent par-ci par-là, risqueraient d’avoir des conséquences désastreuses pour le pays, écrit Paul Nsapu Mukulu.
C’est dans ce cadre que son organisation relance les activités de formation et sensibilisation des populations congolaises à travers le pays , dans le souci d’empêcher ce pire scénario de se réaliser.
Accompagner le processus électoral en cours
En organisant cet atelier de formation des formateurs, la Ligue des Electeurs et ses Partenaires ont décidé d’accompagner le processus électoral par la sensibilisation, la mobilisation, le contrôle citoyen et le plaidoyer, pour renverser les tendances. Surtout faire remonter la courbe de participation en faisant revenir les électeurs ; surveiller l’ensemble du processus électoral par des actions de monitoring et d’observation qui préviennent les irrégularités et formulent des recommandations utiles pour maintenir le dialogue avec toutes les parties prenantes (CENI, Gouvernement, Parlement, Cours et Tribunaux, PTF, Société Civile) à travers des cadres de concertations et autres mécanismes, à la recherche des voies et moyens d’assurer des élections transparentes et inclusives.
La Ligue des électeurs veut conscientiser la population afin qu’elle connaisse ses droits et en fasse un usage parcimonieux en votant utile.
Pour mettre en branle cet accompagnement du processus électoral, une série d’activités sont planifiées par la Ligue des Électeurs jusqu’à la période postélectorale à travers le pays, affirme Paul Nsapu. Ce dernier a rendu un grand hommage au Bâtonnier Richard Kazadi, ancien membre du conseil d’administration de son organisation fauché dans un accident de circulation à Kinshasa dont l’inhumation intervient à la fin de cette semaine.