Ituri : persistance de tensions entre Lendu et Hema
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L’attaque de dimanche dernier contre un convoi de la MONUSCO par des miliciens CODECO est l’illustration de ce malaise
Par YHR
Un convoi de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) qui escortait une équipe de la Croix Rouge locale et des hommes d’affaires, a été attaqué le dimanche 19 décembre par des miliciens de la Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO), au village Dhedja, dans le territoire de Djugu, dans la province de l’Ituri.
Cette attaque condamnable serait l’œuvre des miliciens Lendu, étant donnée que le groupe armé CODECO serait majoritairement composé des miliciens Lendu. L’incident témoigne de la persistance de tensions entre cette communauté et les Hema qui sont loin d’oublier les affrontements meurtriers qui les avaient opposés dans un passé récent.
Selon certains témoins, les secouristes s’étaient rendus dans cette zone afin d’inhumer des corps de personnes tuées il y a plus de deux semaines par des miliciens appartenant à ce groupe armé. Des opérateurs économiques voulaient aussi profiter de l’occasion pour se rendre au marché le Boulé, étant donné que cet axe routier dangereux était régulièrement pris pour cible par les éléments de la CODECO.
A en croire Josaphat Dino, un notable de cette partie du pays, joint au téléphone par la Radio Okapi, le convoi de la MONUSCO a dû rebrousser chemin après avoir essuyé des tirs.
Djugu, fief des miliciens Lendu
La Coopérative pour le Développement du Congo (CODECO), a pour historique des miliciens Lendu, une ethnie de l’Ituri. Ces derniers s’affrontent, depuis 1998, avec des membres de l’ethnie Hema, alors que l’Est du pays était occupé par des armées étrangères, dont les forces ougandaises.
Le retrait de ces forces, en 2003, n’avait pas signifié la fin des hostilités entre les deux communautés. Au contraire, les massacres se sont intensifiés, poussant l’ONU à mandater l’Union européenne, à travers l’opération Artémis, dirigée par la France, pour rétablir l’ordre dans ce territoire, en particulier à Bunia, chef-lieu de la province d’Ituri.
Près de quinze ans plus tard, alors que l’on pouvait espérer que les blessures du passé étaient en voie de cicatrisation, de nouvelles vagues d’exactions ont repris, visant initialement la communauté Hema et attribuées à une nébuleuse de combattants Lendu. Qualifiés d’abord d' »assaillants? », ils se revendiqueront ensuite comme les membres de groupes armés affiliés à la CODECO.