La répartition inégale des vaccins relevée
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Par N.T.
Deux thèses s’affrontent actuellement pour expliquer la répartition très inégale des vaccins contre la Covid-19 entre les pays dits développés et les pays à revenus faibles et intermédiaires. Il y a des gens et des organisations dont Amnesty International qui accusent les industries pharmaceutiques qui fabriquent les vaccins contre la Covid-19 de refuser de renoncer à leurs droits de propriété intellectuelle.
Il y a d’autres comme la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique qui estiment que les vrais problèmes ne sont pas liés au brevet, mais à l’existence de barrières tarifaires, aux difficultés de distribution, et au manque de matières premières dans certains pays, ainsi qu’au stockage de doses par les pays riches au lieu de les partager avec les pays en développement.
Abordée lundi par la BBC, la chercheure algérienne et directrice du laboratoire d’immunologie de l’hôpital Mount Sinai aux États-Unis n’est pas d’accord avec les demandes actuelles de renoncer aux droits de propriété des vaccins. « Nous devons accepter la réalité actuelle : je suis un universitaire, je ne travaille pas pour le profit. Je crois en l’égalité de traitement pour tous. Cette idée est parfaite. J’ai réalisé que le monde ne fonctionnait pas de cette façon. »
Les accusations d’Amnesty International
Mais l’ONG Amnesty International a publié un rapport le 22 septembre 2021 accusant les cinq principaux développeurs de vaccins de violer les droits humains et a exigé qu’ils suspendent les droits de propriété intellectuelle. Ces sociétés sont Moderna, Pfizer, AstraZeneca, Johnson & Johnson et Novavax. Le rapport n’inclut pas les vaccins développés par des sociétés russes et chinoises en raison du « manque de transparence dans leurs opérations », selon Amnesty International.
Cette ONG indique dans son rapport que les développeurs de vaccins « revendiquent » le respect des droits humains, mais « tous ont échoué – à des degrés divers – à s’acquitter de leurs responsabilités ». Par conséquent, Amnesty a déclaré que les entreprises « ont causé ou contribué à nuire aux droits humains de milliards de personnes » qui n’ont pas reçu le vaccin, et ont également causé des dommages aux droits humains en raison de leurs décisions « de ne pas impliquer d’autres personnes dans la propriété intellectuelle et la technologie », et contribué aux « violations des droits à la vie et à la santé ». Elle demande aussi à ces cinq entreprises de donner la priorité à la fourniture de plus de vaccins dans les régions et les pays moins riches en participant à des initiatives internationales.
Partager la technologie, les compétences et l’expertise sans compromettre les droits de propriété
Par contre, le professeur Maryam Murad partage le point de vue de la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique et pense qu’une solution est possible en partageant la technologie, les compétences et l’expertise dans la fabrication de vaccins – sans compromettre ses droits de propriété.
Elle a déclaré à la BBC : « Les gens doivent savoir que ces efforts n’ont pas été simples. Voulons-nous dire à ces entreprises chaque fois que nous en avons besoin qu’elles doivent renoncer à leurs droits de propriété ? Ce n’est pas la façon dont le monde va actuellement », dit-elle, soulignant qu’elle veut que ces entreprises restent responsables et qu’elles restent redevables. « Les droits de propriété sont une impasse car les entreprises peuvent les abandonner, mais très peu de pays seront en mesure de fabriquer le vaccin – c’est le premier. »
« Et deuxièmement, céder les droits de propriété signifie que nous mettrons tous les efforts sur les épaules des gouvernements et nous savons comment certains de ces gouvernements fonctionnent. »