Si à Kinshasa, d’importants stocks d’armes de guerre et minutions ont été découverts, quelle sera la situation au Katanga où Numbi dispose de maisons, fermes et entreprises !
Par GKM

Des armes de guerre, minutions et autres dossiers sensibles ont été retrouvés à Kinshasa lors de la perquisition de la résidence du général John Numbi Banza Tambo, officier supérieur déserteur en fuite, cité plusieurs fois dans le dossier du double assassinat de Floribert Chebeya Bazihire et Fidele Bazana Edadi, deux militants des droits humains, membres de la Voix des Sans voix pour les droits de l’Homme (VSV), tués à Kinshasa le 1er juin 2010 dans les installations de la Police Nationale Congolaise à Lingwala.

Une nouvelle fouille effectuée par la Police Technique et Scientifique dans la résidence du général déserteur a mis en lumière les activités suspectes de l’ancien chef de la Police. Dans le petit bâtiment séparant l’annexe de la grande villa où résidait Numbi, plusieurs cartons de documents emballés, prêts à une éventuelle évacuation, ont été découverts par les agents de la Justice Militaire ainsi que de la Police Technique et scientifique.

On a retrouvé, selon un confrère de RFI, des copies de dossiers judiciaires, plus des photos de différentes affaires ayant marqué la RD Congo sous le régime AFDL. Mais aussi les documents sur l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, l’affaire Bundu dia Kongo, l’assassinat de Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, ainsi que d’autres dossiers. Près de la cuisine, un petit local équipé d’un congélateur et d’un lit de morgue. Parmi les armes retrouvées chez John Numbi, il y a des mortiers, plusieurs autres armes lourdes et légères, de nombreuses munitions et explosifs à même d’équiper un bataillon.

Un homme suspect

Au regard de cette découverte qui défraie la chronique dans les salons politiques à Kinshasa, certains observateurs de la scène politique congolaise exigent la perquisition des propriétés des anciens mouvanciers proches de Joseph Kabila. Leur crainte se justifie par la quantité d’armes et de minutions, sans oublier les dossiers sensibles retrouvés à Gombe dans la résidence de Numbi.

Si d’importants stocks d’armes de guerre et minutions ont été découverts à Kinshasa, quelle sera la situation au Katanga où Numbi dispose de maisons, fermes et entreprises… Dans une révélation faite par les policiers en fuite dans le dossier Chebeya-Bazana, le chauffeur qui accompagnait l’ancien Directeur exécutif de la VSV au funeste rendez-vous avec John Numbi, serait enterré dans une ferme d’un haut officier de l’armée proche de Kabila.

Voilà ce qui justifie cette demande visant à faire des fouilles sérieuses dans des propriétés des officiers politico-militaires ayant servi sous le régime de Joseph Kabila. Surtout que d’autres caches d’armes pourraient être disséminées dans d’autres endroits dans la capitale et ailleurs dans le pays. Après cette découverte, l’opinion congolaise attend les résultats de l’enquête de la Police Technique et scientifique en vue de permettre à la justice de faire son travail.

John Numbi a quitté Kinshasa pour s’installer dans sa ferme à Lubumbashi, trois mois après la prise du pouvoir par Félix Antoine Tshisekedi. Cité maintes fois dans le dossier Chebeya – Bazana, l’homme a fui le pays pour s’installer à l’étranger où il est parti juste après l’arrestation, en septembre 2020, du chef du commando supposé avoir exécuté cette opération. L’officier de police est, depuis, déclaré déserteur de l’armée et recherché par la justice.

11 ans après

Le 1er juin 2010, Floribert Chebeya et son chauffeur Fidèle Bazana sont assassinés à Kinshasa, alors qu’ils se rendaient à l’Inspection Générale de la Police pour rencontrer son chef de l’époque, le général John Numbi. Peu de temps après ce double meurtre, les officiers de police qui avaient assisté à ce crime avaient été envoyés au Katanga.

Un an plus tard, en 2011, un procès pour cet assassinat a lieu. Cinq policiers sont condamnés par la justice militaire.
Dix années après, le 3 septembre 2020, le commandant Christian Ngoy Kenga Kenga, soupçonné d’avoir participé à ce double assassinat, a été arrêté à Lubumbashi. Peu de temps après cette interpellation, les policiers Hergile Ilunga et Alain Kayeye décident de s’exiler.

Ces deux individus révèlent avoir vu Chebeya et Bazana le jour de leur assassinat. Selon eux, les deux victimes auraient été étouffées avec des sacs en plastique dans deux Jeeps, dont l’une était conduite par Hergile Ilunga. Les nouveaux éléments qu’ils ont relatés permettent à la justice militaire congolaise de mieux comprendre le rôle qu’aurait joué le commando de la police chargé de commettre ce double assassinat.

Une justice congolaise qui est la seule capable de condamner les commanditaires de ces crimes, comme le souhaitent les familles Bazana et Chebeya.