Type de recherche

Programme Désarmement et démobilisation: Human Rigth Watch exprime ses craintes après la nomination de Tommy Tambwe

La Tempête des Tropiques Nation POLITIQUE

Programme Désarmement et démobilisation: Human Rigth Watch exprime ses craintes après la nomination de Tommy Tambwe

Partager


Par GKM

Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, a récemment annoncé le lancement d’un programme Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaires et Stabilisation, destiné à encourager les milliers de combattants de plus de 100 groupes armés à déposer les armes.

Cela fait des décennies que le pays a besoin d’un cadre de démobilisation efficace pour retirer les armes des combattants, poursuivre les responsables de crimes graves et réintégrer le reste d’entre eux dans les communautés est essentiel pour mettre fin aux cycles de violence dans l’est du Congo, note Human Rigth Watch (HRW), organisation de droit américain de défense et de promotion des droits de l’homme.

Mais la nomination par Félix Antoine Tshisekedi de Tommy Tambwe pour coordonner ce nouveau programme soulève de sérieuses inquiétudes. Selon l’ONG, Tambwe a été l’un des chefs de file des principaux groupes rebelles soutenus par le Rwanda, responsables d’innombrables violations des droits humains dans l’est du Congo au cours des 25 dernières années.

En 2002, lorsque le promu était vice-gouverneur du Sud Kivu administré par la rébellion du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), Amnesty International et Reporters Sans Frontières avaient relevé qu’il avait ordonné l’arrestation de journalistes qu’il jugeait critiques à l’égard de son mouvement.

En 2012, des enquêteurs des Nations Unies ont rapporté que Tambwe dirigeait l’Alliance de Libération de l’Est du Congo (ALEC) tout en ayant « trouvé protection au Rwanda ». Le groupe était allié à la rébellion du M23, responsable de crimes de guerre généralisés, notamment des exécutions sommaires, des viols et des recrutements forcés.

Comme Dr Denis Mukwege

Bon nombre de Congolais ont rapidement fait part de leurs inquiétudes après la nomination de Tambwe. C’es le cas du lauréat du prix Nobel de la Paix 2018, le Dr Denis Mukwege, qui a exprimé sa « circonspection » et a réitéré l’appel conjoint, auquel s’était rallié Human Rights Watch, en faveur d’un mécanisme d’assainissement visant « la mise à l’écart des institutions publiques des personnes responsables de violations des droits humains ».

Des dizaines de groupes de la société civile et mouvements citoyens des provinces du Nord et Sud Kivu ont averti que la nomination de Tambwe « porte en elle déjà les germes de l’échec de ce processus ». Une coalition de milices Mai-Mai l’a décrit comme une « tactique déguisée de déstabilisation ». Certains parlementaires ont également appelé Tshisekedi à faire machine arrière.

Les tentatives successives de désarmement, démobilisation et réintégration des combattants dans la société congolaise ont échoué au cours des deux dernières décennies, malgré les millions de dollars injectés par les bailleurs internationaux. Des milliers de combattants qui s’étaient rendus ont finalement regagné la brousse tandis que des auteurs d’abus ont été récompensés par des promotions au lieu d’être tenus pour responsables.

Le vin est tiré

Pour réussir, ce nouveau programme a besoin de la confiance des communautés de l’est du Congo. Un mauvais départ risque d’en faire une nouvelle occasion manquée d’assurer la sécurité de la population de la région, avertit Thomas Fessy, Chercheur Principal sur la RDC chez HRW.

Du côté de la Présidence de la République, un rétropédalage n’est pas envisagé. Le président Félix Tshisekedi maintient Tommy Tambwe. D’après ses proches conseillers cités par un média périphérique, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo n’a pas à ce stade, l’intention de remplacer Tommy Tambwe qu’Il a d’ailleurs reçu le vendredi dernier à Kinshasa pour envisager la mise en œuvre rapide du programme.