Les arrestations à répétition des bateaux de pèche congolais par des marins angolais inquiètent
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Par Dieudonné Muaka Dimbi
Depuis quelques années déjà, des bateaux de pêche appartenant à la société «Bosa», basée à Moanda, une ville côtière congolaise située à 210 Km à l’Ouest de Matadi, chef-lieu de la province du Kongo Central, sont souvent l’objet des arrestations à répétition sur les eaux de l’océan Atlantique de la part des soldats de la marine angolaise, sans un motif valable.
Une situation devenue monnaie courante qui n’a pas laissé indifférent l’organe délibérant du Kongo Central décidé à y mettre fin. Ainsi, il a dépêché, le 17 mai dernier, à Moanda une commission parlementaire conduite personnellement par le président de l’Assemblée provinciale, Jean Claude Mvuemba, dans cette partie de la République Démocratique du Congo.
Arrivé sur le lieu, il a tenu une importante séance de travail, en la salle de réunions du territoire de Moanda, à l’intention respectivement des responsables de la société «Bosa», de l’administrateur intérimaire dudit territoire, ainsi que plusieurs autres services de l’Etat concernés dans cette situation. Le vice-consul d’Angola à Moanda était aussi présence à la rencontre.
Au cours de cette séance de travail, il était question de tirer au clair cette situation. C’est ainsi que la parole a été accordée en premier-lieu au Dg Stéphane de la société «Bosa», qui a expliqué, de manière succincte, les arrestations répétées des bateaux de pêche de son entreprise sur les eaux de l’océan atlantique de la part des soldats de la marine angolaise. Pourtant, a-t-il martelé, tous ses navires, lorsqu’ils effectuent la pêche sur les eaux de l’océan, n’ont jamais franchi les limites qui séparent la RDC et l’Angola.
D’après les statistiques à sa disposition, de 2013 à ce jour, sa société a enregistré au total 41 arrestations de ses bateaux de pêche de la part des soldats de la marine angolaise, a-t-il indiqué. Et d’ajouter, «à chaque libération d’un navire, on a toujours conditionné le paiement des amendes exorbitantes».
«Ce qui est encore écœurant et scandaleux, ces militaires angolais, piqués on ne sait pas par quelle mouche, vont souvent plus loin jusqu’à faire soumettre les membres de l’équipage desdits navires à des traitements inhumains et vexatoires et ce, avant de les faire cachoter chez eux pendant plusieurs mois sans aucune assistance», a-t-il soutenu.
Pendant l’arrestation d’un navire, ces marines angolais se livrent à piller sans pitié tous les produits de pêche. Il s’agit de poisson, du carburant, voire certains matériels servant de pêche aux membres d’équipage du bateau qui se retrouvent souvent sans défense et ne savent à quel saint se vouer.
Face à cette situation qui frise le scandale, le Dg de cette société de pêche, qui n’a plus d’autres alternatives pour le moment, menace tout simplement de faire ses valises. Etant donné qu’en dépit de toutes les tentatives de négociation menées jusque-là, la partie angolaise qui est demeurée à cet effet réticente ne donne aucune garantie de paix devant permettre aux navires de la société «Bosa» de continuer à faire son travail sur les eaux de l’océan en toute quiétude.
Jean-Claude Mvuemba, président de l’organe délibérant du Kongo Central, qui a suivi religieusement tous ces détails et qui tient à tout prix à préserver les intérêts de la RD Congo, d’une part, et de l’Angola, d’une autre part, et surtout à consolider davantage les relations déjà existantes entre les deux pays voisins, a promis l’implication sans faille des institutions politiques de la province du Kongo Central: l’Assemblée provinciale et le Gouvernement provincial, pour que de pareilles situations ne se répètent plus.
Et pour y parvenir, a-t-il conclu, l’Assemblée provinciale se propose dès lors de voter une résolution qui sera d’emblée adressée tant au Chef de l’Etat Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo qu’à l’Ambassade d’Angola en RD Congo en vue de mettre une fois pour toute un terme à cette mauvaise pratique à laquelle se livre les soldats de la marine angolaise.
A noter que la société «Bosa», qui est établie en RD Congo depuis plusieurs années et qui non seulement utilise une centaine de travailleurs, traités conformément au Code du travail congolais, vend ses produits de pêche exclusivement à la population congolaise.