Limete/Quartier Kingabwa : Les sinistrés des inondations abandonnés à leur triste sort
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Les fêtes de fin de cette année 2019 sont très douloureuses pour les sans-abris de Kingabwa, un des quartiers de la commune de Limete. Des milliers de foyers durement touchés par la crue du fleuve Congo sont toujours en situation difficile et plusieurs d’entre eux ont passé leur Noël dans des abris de fortune.
Aux quartiers Kingabwa, Ndanu, Grand-Monde, Kingabwa-Pêcheur et Masina, le sort des sinistrés touchés par les inondations survenues depuis le mois d’octobre 2019 est à prendre très au sérieux, estiment des pêcheurs rencontrés au port frontalier de Ngwele. Trois mois après avoir vu leurs quartiers engloutis, ces sinistrés disent avoir un moral très bas. Les cas d’anxiété, de choc post-traumatique, de dépression, de divorce, et même de pensées suicidaires sont nombreux.
Que la catastrophe soit naturelle ou causée par une erreur humaine, les impacts sont les mêmes, a indiqué Thomas, un sans-abri du quartier Ndanu. Selon ce sinistré, les habitants desdits quartiers sont restés marqués profondément et le tissu social s’est sensiblement effrité. Se noyer dans la détresse «Mes enfants sont inquiets et traumatisés», clame une vendeuse de pains qui n’en revient pas. Elle affirme avoir passé des moments très difficiles. «Non seulement tu es prisonnier des affres des crues et des débordements des eaux des pluies, mais tu vois aussi ton voisinage moralement diminué. On a tellement des deuils à faire, ce n’est plus la ville qu’on a choisie», a-t-elle soupiré.
«Avoir été évacué et inondé provoque un sentiment de stress et de perte sur le plan humain, dont les effets peuvent perdurer dans le temps». «C’est majeur», a encore laissé entendre un armateur à Ngwele. Tous les habitants ayant subi de tels chocs auraient présenté six à sept fois plus de cas de dépression et de désespoir de passer leurs réveillons de Noël dans ces conditions d’inconfort. Cette femme se dit non surprise que les enfants soient affectés.
Dans certains cas, vivre un stress aigu à la suite d’une catastrophe peut mener à des idées suicidaires et même au passage à l’acte, avertit-elle.
«Le soutien psychosocial pour ces groupes de personnes, ce n’est pas nécessairement d’ajouter des psychologues», fait remarquer la source. Il faut rebâtir ces communautés qui ont vécu un stress collectif en leur offrant la possibilité de dialoguer avec les élus et s’impliquer dans des projets de secours pour aider ces personnes vulnérables, conclut-elle.
Par Thony Kambila